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La guerre en Ukraine est-elle «la plus grande erreur de Poutine»?

epa09979700 Russian President Vladimir Putin attends a meeting of the Supreme Eurasian Economic Council, the highest body of the Eurasian Economic Union (EAEU or EEU), via a videoconference at the Kre ...
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Analyse

L'invasion de l'Ukraine est-elle «la plus grande erreur de Poutine»?

Le président russe a de mauvaises cartes en main: le moral de son armée est dans les chaussettes, les Américains fournissent des armes de pointe et l'Europe ne plie pas.
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05.06.2022, 08:01
Philipp Löpfe
Philipp Löpfe
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Les premiers mois de la guerre en Ukraine ont été un désastre pour les soldats de Poutine. Ils ont été chassés de Kiev, le navire amiral Moskva a été coulé et même la conquête de la ville côtière de Marioupol est devenue un symbole de la résistance ukrainienne.

Le Kremlin devait agir, et il l'a fait. Poutine mise désormais sur un nouveau général et une nouvelle stratégie. Aleksander Dvornikov a été nommé seul commandant en chef. Cet officier grassement payé doit veiller à ce que les différentes unités de l'armée russe combattent enfin de manière coordonnée.

Dvornikov doit également mettre en œuvre une nouvelle stratégie. Au lieu de prendre les grandes villes comme Kiev et Kharkiv avec une guerre éclair, le Donbass doit être conquis au prix d'une guerre épuisante.

Lente avancée

Le succès est pour l'instant limité. Les soldats russes ont certes occupé la ville de Severodonetsk et dominent désormais la province de Louhansk. Mais en contrepartie, ils ont de nouveau été chassés de la mégapole de Kharkiv. Bien qu'ils soient largement supérieurs en nombre, les Russes ne progressent guère dans le Donbass. Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin explique à ce sujet:

«Nous pouvons observer qu'ils se déplacent lentement et avec peu de succès sur le champ de bataille»
Lloyd Austin, ministre américain de la défense

La raison du manque de succès des troupes russes réside dans le fait qu'elles sont organisées de manière strictement hiérarchique. Contrairement aux armées occidentales, les chefs de section n'ont pas le droit de prendre leurs propres décisions. Les officiers supérieurs sont donc envoyés au front et sont souvent victimes d'attaques ukrainiennes.

Les défauts organisationnels ne peuvent pas être corrigés à court terme. Frederick Kagan, expert militaire auprès de l'American Enterprise Institute, explique ainsi au New York Times:

«Il s'agit de défauts fondamentaux dans l'armée russe. Elles ne peuvent pas être corrigées en quelques semaines, même si on essayait»
Frederick Kagan, expert militaire auprès de l'American Enterprise Institut

Philip Breedlove, l'ancien commandant en chef de l'OTAN en Europe, souligne également que les soldats chassés des environs de Kiev ont été renvoyés au combat bien trop tôt. «Même notre armée serait dépassée si elle devait retourner au combat en l'espace de deux semaines après une défaite aussi grave», dit-il.

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«Même notre armée serait dépassée», déclare l'ancien commandant en chef de l'OTAN, Philip Breedlove.image: EPA/ANSA

Soutien américain

Le fait que les Etats-Unis fournissent désormais aux Ukrainiens des obusiers ultramodernes n'améliorera pas vraiment la situation des troupes russes. Tout comme l'implication personnelle de Vladimir Poutine dans l'action militaire. L'ancienne haute fonctionnaire du Pentagone Evelyn Farkas a déclaré au New York Times: «Quand les présidents commencent à diriger des opérations militaires, c'est la recette du désastre».

Sur le plan politique également, le vent a tourné contre Poutine. Joe Biden a désormais clairement défini les objectifs américains en Ukraine, faisant taire tous ceux qui l'ont accusé de tergiverser. Dans une tribune publiée dans le New York Times, le président américain affirme sans ambiguïté :

«Nous voulons une Ukraine démocratique, indépendante, souveraine et prospère, qui dispose des moyens de s'opposer à toute agression future»
Joe Biden

Concrètement, cela signifie que les Etats-Unis continueront de livrer des armes de pointe à l'Ukraine. Le Congrès a récemment approuvé un crédit de 40 milliards de dollars à cet effet. Le président Biden déclare à ce sujet: «Soutenir l'Ukraine dans son heure de détresse n'est pas seulement une question de morale. Une Europe pacifique et stable est également dans notre propre intérêt national».

Réveil européen

Cette prise de conscience s'est également imposée en Europe. L'espoir de Poutine de voir les membres de l'UE se déchirer s'est effondré. Même le Premier ministre hongrois Viktor Orban n'a pas pu empêcher un boycott du pétrole. Poutine est ainsi touché là où ça fait très mal, dans son porte-monnaie. L'année dernière, la Russie a exporté du pétrole pour une valeur de 180 milliards de dollars. Une grande partie de ces recettes disparaîtra à l'avenir.

President Joe Biden meets with New Zealand Prime Minister Jacinda Ardern in the Oval Office of the White House, Tuesday, May 31, 2022, in Washington. (AP Photo/Evan Vucci)
Joe Biden,Jacinda Ardern
Le président américain Joe Biden a parlé sans ambiguïtéimage: keystone

Ces derniers jours, l'unité de l'Europe face à la Russie a été mise en doute à plusieurs reprises. Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron ont notamment été accusés de vouloir faire trop de concessions à Vladimir Poutine.

On ignorait la rapidité avec laquelle l'Europe avait changé au cours des derniers mois de guerre. L'Allemagne veut moderniser son armée à hauteur de 100 milliards d'euros. La Finlande et la Suède veulent rejoindre l'OTAN. La Pologne s'est distanciée du premier ministre hongrois Viktor Orban et l'UE a imposé à la Russie les sanctions les plus dures de son histoire.

Thomas Friedman, chroniqueur du New York Times, s'est renseigné auprès de différentes sommités de la politique européenne lors du WEF à Davos. Ce qu'il a entendu l'amène à conclure:

«L'invasion de l'Ukraine par Poutine pourrait s'avérer être la plus grande erreur depuis l'invasion de la Russie par Hitler en 1941»
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Un bâtiment en flammes après un bombardement russe, Kiev.
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Interview de Jérémie, un français volontaire dans l'armée ukrainienne
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