Il y aura une «vague rouge», voire un «tsunami rouge», se réjouissaient les républicains à l'approche des élections de mi-mandat. Une inflation record et une hausse de la criminalité soutenaient ces attentes. Elles se sont réalisées, mais uniquement en Floride. Dans le Sunshine State, le gouverneur Ron DeSantis a remporté la course à sa réélection haut la main, le sénateur Marco Rubio a pu défendre son siège tout aussi facilement et les républicains ont gagné deux sièges supplémentaires au Congrès.
Tout le monde ne s'est pas réjoui de ce succès du Grand Old Party (GOP). «Il ne fait aucun doute que le triomphe en Floride va attirer l'attention des électeurs en dehors du Sunshine State», commente avec complaisance le Wall Street Journal. «On peut aussi parier que Donald J. Trump a suivi l'événement, malheureusement.»
L'ex-président a quelques raisons d'être mécontent. La victoire électorale de DeSantis contraste fortement avec les résultats des candidats au Sénat que Trump a soutenus. Certes, JD Vance a réussi à se faire élire dans l'Ohio. Mais dans le New Hampshire, son candidat Donald Bolduc a échoué. En Arizona, Blake Masters également, et en Géorgie, son protégé Herschel Walker devra probablement tenter de passer au second tour.
L'élection en Pennsylvanie est déjà décidée et Trump a reçu une gifle retentissante. Le candidat qu'il a imposé, le Dr Mehmet Oz, a perdu face à John Fetterman. Et ce bien que le Dr Oz ait bénéficié du soutien inconditionnel de Fox News et de fonds importants et que Fetterman ait dû se présenter avec un gros handicap suite à une attaque cérébrale en mai. L'échec de Doug Mastriano, également soutenu par Trump, est encore plus net. Celui-ci voulait devenir gouverneur.
Grâce à la victoire de Fetterman, il est probable que les démocrates puissent défendre leur très mince majorité au Sénat et que les républicains aient manqué leur deuxième objectif le plus important. Ce n'est pas encore certain qu'ils atteindront leur principal objectif, à savoir la majorité à la Chambre des représentants.
La défaite amère du GOP en Pennsylvanie est à mettre sur le compte de Trump. Il a aidé le Dr. Oz à remporter une victoire très courte lors des élections primaires face à un candidat qui aurait probablement pu défendre le siège républicain. Oz était certes une star de la télévision, mais il était impopulaire en Pennsylvanie, notamment parce qu'il n'habitait pas vraiment dans cet Etat. Avant même la défaite qui s'annonçait, Mitch McConnell, figure des républicains non-trumpistes, avait déploré:
Trump et McConnell sont en conflit ouvert depuis un certain temps déjà. Au vu du résultat décevant des midterms pour le GOP, cette dispute devrait encore s'intensifier. Trump y laissera des plumes. Même dans les rangs des républicains, l'ennui s'installe. Les appels de l'ex-président sont toujours les mêmes: il insulte les démocrates et se plaint du Big Lie.
Un sondage de la chaîne de télévision NBC a révélé que 62% des républicains s'identifient au parti, mais seulement 30% à Trump. Il y a un an, ils étaient 50% à s'identifier au parti et 43% à Trump.
Grâce à son triomphe en Floride, le GOP a désormais une alternative à Trump en la personne de DeSantis. Le gouverneur de Floride est déjà qualifié de «Trump avec un cerveau». Le Wall Street Journal, qui appartient au groupe de médias Murdoch, se prononce depuis longtemps en faveur de DeSantis. D'importants mécènes comme le milliardaire de Hegdefund Ken Griffin ne veulent faire des dons que si DeSantis figure sur le bulletin de vote dans deux ans.
Bien entendu, Trump a déjà réagi à la menace émanant de ses propres rangs. Le week-end dernier, il a organisé un meeting de campagne, sans DeSantis. Au grand dam des républicains, il s'est même moqué de ce dernier en le qualifiant de «Ron DeSanctimonous». Il veut ainsi laisser entendre que le gouverneur de Floride se considère depuis peu comme un combattant choisi par Dieu.
Trump ne se contente pas de railler DeSantis, il le menace ouvertement. S'il se présente comme candidat à la Maison-Blanche, «il se blessera très gravement», affirme l'ex-président. Il ajoute:
Les signes au sein du GOP sont à la tempête, une lutte fratricide ouverte entre Trump et DeSantis se dessine. Pour l'instant, Trump a encore les meilleurs chiffres. Un récent sondage de RealClearPolitics a montré qu'environ 50% des républicains souhaitent toujours que Trump soit candidat à la présidence. DeSantis est crédité de 21%.
Mais DeSantis a le temps de son côté. Il n'a que 44 ans, Trump en a déjà 76. Et il sait aussi qu'une avance dans les sondages peut très vite s'évaporer.
(traduction par sas)