Samedi, le président de la Confédération, Alain Berset, a pu constater par lui-même ce que cela signifie lorsqu'un pays est en guerre. Pendant sa visite à Kiev, la conférence de presse commune avec le président Volodymyr Zelensky a dû être soudain écourtée en raison d'une alerte au missile. Alain Berset s'est réfugié dans les sous-sols du palais présidentiel et a dû y rester 20 minutes.
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Il s’est finalement avéré que c’était une fausse alerte. Le président suisse et sa délégation n'ont été en danger à aucun moment. Mais quelques heures plus tôt, la menace contre la capitale ukrainienne était aiguë. La Russie a largué 75 drones kamikazes iraniens Shahed sur Kiev tôt dans la matinée. Il s'agit de la plus grande attaque de drones depuis le début de la guerre.
Les défenses aériennes ukrainiennes ont réussi à abattre la plupart des drones. Il y a néanmoins eu des dégâts et cinq blessés parmi la population civile. Et surtout, cela s'est passé le jour du souvenir de l'Holodomor, la grande famine de 1932-1933 orchestrée par Staline qui a fait près de quatre millions de victimes ukrainiennes.
Quelle était l'intention d'Alain Berset lors de sa visite à Kiev? Il s'agissait surtout de promettre à son homologue ukrainien un soutien «à long terme». Malgré toutes les crises qui frappent actuellement la planète, l'Ukraine ne sera pas oubliée, tel était en substance le message du président de la Confédération.
Actuellement, l’attention mondiale se concentre ailleurs, notamment en Israël. Les Etats-Unis, en tant que principal allié de l'Ukraine, sont directement impliqués dans les négociations visant à libérer les otages du Hamas et disposent de plusieurs porte-avions et navires de guerre au sol. Le conflit budgétaire en cours à Washington met également en danger l’aide militaire à Kiev. Même si ses interlocuteurs américains lui assurent qu’il n’est pas question de se détourner de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky est inquiet.
D'autant plus que la plus grande puissance économique européenne, l'Allemagne, perd 60 milliards de son budget national suite à l'arrêt de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe. Et au niveau de l’UE, un profond blocus est en train d’émerger sur tout ce qui concerne l’Ukraine. En effet, le Premier ministre hongrois Viktor Orban est déterminé à imposer un changement de stratégie.
Il en a informé Bruxelles dans une lettre la semaine dernière et a indiqué qu'il souhaitait user de son droit de veto lors du sommet européen de la mi-décembre. Plus de 50 milliards d’euros d’aide urgente à Kiev risquent de se retrouver bloqués. Cela concerne aussi le dernier paquet de sanctions contre la Russie et le début des négociations d’adhésion à l’UE. Une perspective particulièrement importante pour le moral des Ukrainiens. Si cette percée n’est pas réalisée, l’année pourrait se terminer de manière dramatique pour l’Ukraine.
Les soldats qui sont au front en paient le prix fort. La situation là-bas est difficile, principalement à cause des conditions météorologiques. De violentes tempêtes ont fait rage dans le sud de l'Ukraine et sur la côte de la mer Noire ce week-end. Les températures ont fortement chuté dans toutes les régions du pays. Là où la terre n’est pas encore gelée ou recouverte de neige, elle s’est souvent transformée en un paysage boueux à peine praticable.
Pendant ce temps, l’armée russe intensifie la pression sur différents secteurs du front. Pendant que les troupes ukrainiennes attendent les obus d'artillerie promis par l'UE, Moscou aurait déjà reçu 1 million d'obus du gouvernement nord-coréen. Ces derniers mois, la Russie a également stocké des missiles de croisière, qui sont désormais utilisés spécifiquement contre les infrastructures ukrainiennes.
Comme lors de la bataille de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine, les généraux de Poutine comptent sur le grand nombre de soldats qu'ils envoient par vagues contre les positions ukrainiennes. C'est la ville d’Avdiivka, également à l’est, qui est le théâtre principal de ces affrontements. Selon les services de renseignement britanniques, près de 1000 soldats russes sont tués ou blessés chaque jour près d'Avdiivka au cours des dernières semaines.
Des chiffres qui n'avaient jusqu'ici jamais été atteints depuis le début du conflit. Malgré les lourdes pertes, les Russes progressent. La ville est désormais encerclée sur trois côtés, rapporte l'agence de presse Reuters.