International
Analyse

Ce que révèle la guerre Inde-Pakistan sur les armes chinoises

An Indian army soldier stands guard near the Line of Control (LoC) in India's Kashmir region on May 19, 2025. (Photo by TAUSEEF MUSTAFA / AFP)
Un soldat indien surveille.Image: AFP
Analyse

Ce que révèle la guerre Inde-Pakistan sur les armes chinoises

Des armes chinoises ont été testées en combat réel pour la première fois depuis des décennies, suscitant surprises et prudence chez les experts.
20.05.2025, 15:0520.05.2025, 15:05
Rebecca Bailey / AFP
Plus de «International»

Des armes chinoises ont été testées en combat réel pour la première fois depuis des décennies durant le récent affrontement Inde-Pakistan, où elles ont surpris par leurs apparentes performances, mais si celles-ci demandent à être confirmées, selon des analystes.

Du 6 au 10 mai, le Pakistan et l'Inde se sont retrouvés au bord d'une nouvelle guerre lors de leur plus grave confrontation militaire depuis 1999. Islamabad a affirmé que ses avions de chasse, construits par la Chine, avaient abattu plusieurs appareils indiens — dont trois Rafale de fabrication française. Un fait d'armes perçu comme une preuve des progrès de l'industrie militaire chinoise par des experts. D'autres appellent toutefois à la prudence en l'absence de données vérifiables et vu la durée limitée de l'affrontement indo-pakistanais.

Une observation inédite des armes chinoises

C'était «une rare occasion pour la communauté internationale d'évaluer le matériel militaire chinois sur le terrain, face à du matériel occidental», déclare Lyle Morris, analyste du cercle de réflexion américain Asia Society Policy Institute.

Notons que la Chine consacre chaque année plusieurs centaines de milliards d'euros à sa défense. Mais ses dépenses militaires restent loin derrière celles des Etats-Unis, qui exportent bien plus d'armes qu'elle. Des drones chinois sont engagés dans des opérations antiterroristes, des armes chinoises ont été déployées par l'Arabie saoudite au Yémen, tout comme par des pays africains, affirme Siemon Wezeman, chercheur à l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri):

«Mais c'est la première fois depuis les années 1980 qu'un Etat utilise un grand nombre d'armes chinoises de divers types contre un autre Etat»

L'expert fait là référence à la guerre Iran-Irak, lors de laquelle elles avaient été employées par les deux belligérants.

Une première en combat réel

Le Pakistan représente environ 63% des exportations d'armes chinoises, selon le Sipri. Lors des récents affrontements, Islamabad a mobilisé des avions J-10C et des JF-17 Thunder, équipés de missiles air-air. C'est la première fois que le J-10C est utilisé en combat réel, selon Yun Sun, du groupe de réflexion américain Stimson Center.

(180416) -- BEIJING, April 16, 2018 -- File photo shows a J-10C fighter jet in a training. China s new multi-role fighter jet J-10C began combat duty Monday, the People s Liberation Army (PLA) air for ...
Un J-10C Chinois.Image: imago stock&people

Les défenses aériennes du Pakistan ont également utilisé du matériel chinois, notamment le système de missiles sol-air longue portée HQ-9P, ainsi que des radars et des drones, porteurs d'armes ou pour des missions de reconnaissance. Bilal Khan, fondateur du cabinet Quwa Defence News&Analysis, basé à Toronto, analyse:

«C'était le premier affrontement prolongé où l'essentiel des forces pakistanaises ont utilisé des armes chinoises et en ont globalement fait leur premier choix»

L'Inde n'a pas confirmé la perte de ses avions. Une source sécuritaire indienne a toutefois assuré à l'AFP que trois appareils indiens s'étaient écrasés, sans en donner la raison.

Le français Dassaut ne commente pas

Le fabricant des Rafale, l'entreprise française Dassault, n'a pas souhaité commenter. Le Rafale est considéré comme l'un des avions les plus sophistiqués d'Europe, alors que le J-10C «n'est même pas le plus avancé de la Chine», affirme James Char, professeur à l'Université de technologie de Nanyang (Singapour).

Si les affirmations du Pakistan s'avèrent exactes, «cela ne serait pas surprenant (...) car le Rafale est un chasseur multirôle, tandis que le J-10C a été conçu pour le combat aérien et dispose d'un radar plus puissant», ajoute James Char.

Un super coup de pub

Les systèmes chinois de défense aérienne «ne semblent toutefois pas avoir été aussi efficaces que l'aviation pakistanaise l'espérait», note Bilal Khan, de Quwa, car l'Inde affirme avoir neutralisé l'un d'eux. Dans les jours suivant l'annonce de la chute des avions indiens, le cours de l'action Chengdu Aircraft Company, le fabricant chinois du chasseur J-10C, a bondi de plus de 40%. Yun Sun, du Stimson Center prédit:

«Il y aura très probablement une hausse des commandes passées aux industriels chinois»

Toutefois «il faudra du temps» pour que la Chine «devienne un grand exportateur d'armes», estime Jennifer Kavanagh, du groupe de réflexion américain Defense Priorities, notamment, car les fabricants chinois «ne peuvent pas produire à grande échelle certains composants clés, comme les moteurs d'avions».

La Chine garde le top du top pour elle

Même si davantage d'informations vérifiées venaient à émerger, elles ne donneraient peut-être pas davantage d'indications sur les capacités de l'armée chinoise, notent les experts. La Chine réserve en effet ses meilleurs armements à sa propre armée. Ils sont bien plus avancées que ceux destinés à l'export.

Brian Hart, du centre de réflexion américain CSIS, appelle par ailleurs à ne pas «surinterpréter» les annonces faites durant le récent conflit Inde-Pakistan. Il reste difficile de connaître le niveau de performance des armements chinois dans d'autres contextes, «face à des adversaires plus performants comme les Etats-Unis», souligne-t-il.

«Le nombre d'éléments disponibles est très limité, et nous ignorons en grande partie le niveau de formation et de compétence des personnels impliqués. Difficile, donc, de tirer des conclusions définitives.»

(jah)

Voici le plus grand rassemblement humain du monde
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
Ce que Poutine veut dissimuler sur sa flotte fantôme
L'Union européenne prépare un paquet de sanctions contre les navires fantômes russes. Une marée noire survenue le 15 décembre suscite déjà les inquiétudes.

Une partie des plages de la station balnéaire d'Anapa, sur la côte russe de la mer Noire, est fermée depuis peu. Les autorités russes évoquent, de façon un peu nébuleuse, des problèmes liés aux «normes sanitaires et d'hygiène». Mais les véritables raisons de cette mesure sont les conséquences d'une marée noire, dont le gouvernement russe dissimule largement les effets sur les personnes et l'environnement.

L’article