Depuis l'attentat perpétré dans le Cachemire indien le 22 avril dernier, l'Inde et le Pakistan se livrent à des affrontements qui inquiètent la communauté internationale. Et pour cause: les deux pays sont, aux côtés de la France, de la Russie ou des Etats-Unis, des puissances nucléaires. L'utilisation de ces armes aurait des conséquences dévastatrices. Une question se pose toutefois: pourquoi ont-ils développé à leur tour cet arsenal?
Pour le comprendre, remontons le fil de l'histoire. Nous sommes en juillet 1945. Les Etats-Unis réalisent avec succès leur premier essai nucléaire dans le cadre du projet Manhattan, prélude aux bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki. Dans la foulée, les Soviétiques procèdent à leur tour à un test en 1949. Les Américains tenteront, par la suite, d'interdire ces armes. En vain.
Quelques années plus tard, en réponse à sa rivalité avec la Chine, et en particulier suite à la guerre sino-indienne de 1962, l'Inde décide à son tour de se lancer dans la course à l'armement nucléaire, retrace Le Point. Un certain temps va néanmoins s'écouler avant que le pays ne puisse réaliser son premier test, en 1974, qualifié d'«explosion nucléaire pacifique» par la première ministre Indira Gandhi. Nom de l'opération? Smiling Bouddha («le Bouddha qui sourit»), car effectuée le jour de la naissance du maître spirituel. L'Inde clamera alors être le premier pays du Sud à posséder l'arme atomique.
Une vingtaine d'années s'écouleront avant que de nouveaux essais nucléaires n'aient lieu, le 11 et le 13 mai 1998.
En réponse à ces tests, le Pakistan effectue à son tour cinq premiers essais nucléaires, le 28 mai 1998 dans les montagnes de Chagai. Ils seront suivis par six autres, le 30 mai, dans le désert de Kharan. Un timing qui n'est pas un hasard: le pays est entré dans la course au nucléaire en 1956 en raison de sa rivalité avec son voisin indien.
Ce n'est pourtant qu'en 1972 que le programme militaire pakistanais débutera officiellement. Une déclaration du premier ministre de l'époque, Zulfikar Ali Bhutto, reflète l'ampleur de l'ambition:
Depuis, le Pakistan a développé une «triade nucléaire capable d'agir sur terre, dans les airs et depuis la mer, avec une version adaptée pour les sous-marins». Pour vous donner une idée:
Aujourd'hui, selon les estimations de la Fédération des scientifiques américains (FSA), le Pakistan disposerait de 170 ogives nucléaires et aurait dépensé environ un milliard de dollars pour son développement nucléaire en 2023. De son côté, l'Inde continue de développer son arsenal, dont des missiles équipés de têtes multiples pouvant frapper plusieurs cibles avec une seule fusée. Le nombre de ses ogives s'élèverait à 180.
Si New Delhi applique la politique du no use first, soit le fait de ne déployer l'arsenal nucléaire qu'en riposte, Islamabad en revanche s'autorise à l'utiliser en cas de menace existentielle. Une décision qui s'avérerait catastrophique:
Plusieurs centaines de millions de morts seraient également à déplorer.