La Californie déclare la guerre aux pistolets en kit
San Diego, San Francisco et à présent Los Angeles: la Californie et ses grandes villes ont déclaré la guerre aux pistolets en kit et autres armes «fantômes» vendues sur internet sans aucun contrôle. Leur utilisation a explosé ces derniers mois.
2500 de ces armes pourraient être saisies cette année
A l'unanimité, mardi, le conseil municipal de Los Angeles a adopté une ordonnance visant à interdire la possession ou la vente de ces armes sur le territoire de la ville. Le chef adjoint de la police, Kris Pitcher, estime que jusqu'à 2500 de ces armes pourraient être saisies cette année.
Pendant longtemps réservées à une poignée de passionnés, ces armes en kit se commandent sur internet aussi facilement que des meubles Ikea, fustigent leurs détracteurs. Elles se retrouvent, désormais, souvent entre les mains de délinquants et autres individus qui ne pourraient pas se les procurer dans une armurerie classique, où les vérifications d'identité sont de rigueur dans de nombreux Etats américains, dont la Californie.
Des «pistolets 80%»
Elles sont aussi appelées «pistolets 80%», car elles sont vendues déjà montées à hauteur de 80%. Il suffit alors de se procurer les pièces restantes, souvent auprès du même marchand, de percer quelques trous et de les assembler pour avoir une arme totalement fonctionnelle, mais dépourvue de numéro de série.
- D'après une étude de l'organisation Everytown for Gun Safety, qui lutte contre les violences par armes à feu, un kit permettant d'assembler un fusil de type AR-15 - l'un des plus populaires aux Etats-Unis et souvent utilisé lors des fusillades de masse - peut coûter moins de 400 dollars.
- L'argumentaire d'un des vendeurs en ligne assure: «le temps de montage n'est pas très long. En une heure ou deux, vous devriez pouvoir l'étrenner au stand de tir». Ces kits sont souvent accompagnés de tutoriels sur YouTube, qui ont pour certains enregistrés des centaines de milliers de vues.
Trois fabricants assignés en justice
San Francisco vient, de son côté, d'assigner en justice trois fabricants d'armes fantômes pour tenter d'endiguer leur prolifération:
- D'après des statistiques de l'ATF (l'agence fédérale qui régule les armes à feu), la Californie représente à elle seule 65% des armes fantômes saisies l'an dernier aux Etats-Unis.
- «La Californie fait figure d'épicentre de cette épidémie», confirme Adam Skaggs, directeur juridique du Giffords Law Center. L'ONG porte le nom de Gabby Giffords, une ancienne élue grièvement blessée par balles en 2011.
«Il n'y aucune vérification»
C'est la raison pour laquelle le Giffords Center s'est associé à la procédure engagée par San Francisco contre les trois fabricants qui, selon elle, enfreignent certaines lois fédérales et californiennes, notamment sur la sécurité des consommateurs par exemple.
Conformément à la volonté du président Joe Biden de mieux encadrer les armes à feu, l'ATF a d'ailleurs récemment annoncé son intention de modifier ses règles, pour contraindre les fabricants à doter leurs kits d'un numéro de série et à vérifier les antécédents de leurs acheteurs. (ats/jch)
