Facebook a transmis des messages de chat privés entre une jeune fille de 17 ans du Nebraska et sa mère aux autorités de poursuite pénale. Ceci afin d'aider l'enquête sur un avortement qui était illégal selon la loi de cet Etat du Midwest des Etats-Unis.
Le média en ligne Motherboard a rendu l'affaire publique dans la nuit de mardi à mercredi.
En juin, les autorités ont déposé un mandat de perquisition auprès de Meta, la société mère de Facebook. Les enquêteurs ont exigé la remise de toutes les données privées, y compris les messages instantanés, que l'entreprise détenait sur les défendeurs.
Selon le rapport de Motherboard, Facebook et d'autres plates-formes technologiques ont précédemment refusé de dire si elles fourniraient des données d'utilisateurs aux enquêteurs dans le cadre de cas d'avortement. Cette affaire montre qu'au moins Facebook le fera et l'a déjà fait.
Sur Twitter, le militant pour la protection des données Evan Greer a demandé que Facebook et toutes les autres grandes plateformes en ligne introduisent par défaut un chiffrement de bout en bout des messages privés. Cela rendrait impossible la divulgation de telles données.
L'accusation s'appuie sur des preuves issues de messages privés de l'adolescente dévoilés directement par Facebook sur décision de justice, indique le rapport. Ceux-ci montrent que la mère et la fille auraient acheté en ligne des médicaments pour déclencher un avortement et enterrer le fœtus avorté.
L'adolescente était à 28 semaines de grossesse, ce qui tombe sous le coup de l'interdiction d'avortement du Nebraska après 20 semaines de grossesse, constate Motherboard. Les personnes intéressées par les tristes détails de cette affaire peuvent les lire dans le rapport original (voir sources).
Selon le rapport de révélation, les lois sur l'avortement du Nebraska n'ont jusqu'à présent pas été modifiées, ou plutôt renforcées, après que la Cour suprême des États-Unis a rendu une décision de principe en juin dernier, renversant la loi sur l'avortement.
Selon les documents judiciaires obtenus par Motherboard, l'avortement en question a eu lieu avant la décision très controversée aux Etats-Unis concernant «Roe vs Wade».
Entre-temps, un autre Etat du Midwest a adopté une interdiction presque totale de l'avortement. L'Indiana serait le premier Etat dans lequel le Parlement a adopté une nouvelle loi avec des règles plus strictes après l'arrêt de principe de la Cour suprême sur l'avortement.
Aux États-Unis, de nombreuses personnes s'étaient déjà inquiétées de la possibilité pour les forces de l'ordre d'accéder aux données des smartphones dans les affaires d'avortement.
Toutes les entreprises américaines qui exploitent les plateformes de médias sociaux et les services de chat bien connus peuvent être contraintes par décision de justice de transmettre les données de chat de leurs utilisateurs à l'État. Cela pourrait être empêché (relativement facilement) par des moyens techniques si un chiffrement de bout en bout était introduit.
Le cyberactiviste Evan Greer a tweeté:
L'introduction du chiffrement de bout en bout pour les discussions Instagram aurait été prévue par le groupe Meta puis reportée à une date ultérieure.
Twitter a retardé pendant des années l'introduction du chiffrement de bout en bout pour les messages directs. L'entreprise doit enfin le faire, exige l'activiste pour la cause des personnes queer sur Internet.
Certes, la messagerie interne d'Apple (anciennement appelée «iMessage», désormais «Messages») propose par défaut un chiffrement de bout en bout. Mais il ne protège que l'historique des conversations entre les utilisateurs d'appareils Apple. Les forces de l'ordre peuvent en outre consulter les données cryptées qui ont été sauvegardées via iCloud.
La demande d'Evan Greer:
«Prise en charge RCS» fait référence au fait qu'Apple devrait intégrer la norme dite de communication riche (RCS) dans son application «Messages» afin de garantir une communication sécurisée avec les utilisateurs d'Android.
RCS est crypté de bout en bout après les améliorations apportées par Google, comme le rapportait heise.de en juin. Apple montre toutefois «peu ou pas d'ambitions à améliorer la partie SMS de son application de messagerie». Google ne laisse d'ailleurs pas passer l'occasion de s'en prendre à Apple pour le manque de support RCS dans iMessage.
L'application «Messages» de Google devrait obtenir le chiffrement de bout en bout pour les conversations de groupe avant la fin de l'année 2022, du moins dans la version bêta ouverte. Le chiffrement de bout en bout pour les conversations individuelles a été lancé à la mi-2021.
Le dernier mot devrait revenir à Evan Greer:
Traduit de l'allemand par Nicolas Varin