Libéré, délivré! Ashin Wirathu, un moine birman extrémiste, vient de sortir de prison où il était enfermé depuis dix mois. Les poursuites contre lui ont été levées par le régime militaire birman. Il était poursuivi pour «sédition», après avoir prononcé de nombreux discours haineux à l'encontre de l'ancienne chef de l'Etat, Aung San Suu Kyi.
Ashin Wirathu se qualifie lui-même de «Ben Laden de Birmanie» ou de ««nouvel Hitler birman». Et en effet, il ne plaisante pas. Obsédé par l’«islamisation» fantasmée de son pays (où les disciples du prophète n’excèdent pas 4% de la population), ce moine extrémiste est une figure de proue d'un mouvement bouddhiste ultranationaliste qui prône la «résistance» contre la «menace» islamique en Birmanie. Il voue une haine toute particulière à la minorité musulmane des Rohingyas, victime de massacres en 2016 et 2017 perpétrés par l’armée.
En 2017, il avait été interdit de prêche durant un an en raison de «ses discours de haine contre des religions».
L'un des passes-temps favoris de ce moine loin d'être pacifiste? Insulter l'ancienne conseillère spéciale de l'Etat (l'équivalent du poste de premier ministre), Aung San Suu Kyi, ce qui lui a valu son incarcération.
Dans une vidéo diffusée en 2019, le religieux avait lancé:
Un mois plus tard, les autorités judiciaires de Birmanie avaient lancé un mandat d’arrêt contre Wirathu, accusé de «sédition» et d’«incitation» à la «détestation» de la première ministre. En fuite durant des mois, il s’était finalement rendu de lui-même à la police en novembre 2020.
Aujourd’hui, la «Dame de Rangoon» est encore assignée à résidence par les généraux, tandis que son détracteur peut à nouveau profiter de la liberté.
Wirathu est connu pour côtoyer de près la junte militaire, dont il partage le projet politique. Sa sortie de prison a été confirmée le 6 septembre par un autre moine militant, qui a immédiatement salué sa libération.
Le chef religieux aurait reçu l'interdiction de s’exprimer dans les médias pour le moment.
Le média birman Myanmar Now rappelle que, depuis le 1er février dernier, l’armée a libéré de nombreux détenus, dont un autre extrémiste bouddhiste.
Depuis le coup d'Etat du 1er février 2021 et la prise du pouvoir par les généraux, plusieurs proches du régime ainsi que des prisonniers de droit commun ont également été libérés.
Le fait que les charges de «sédition» qui pesaient sur lui aient été levées par le gouvernement régional de Rangoun, ne constitue pas tellement surprise: Les militaires et le parti qui les représente ont toujours entretenu des relations étroites avec la mouvance radicale bouddhiste.