«Cette 76ème journée des forces armées restera gravée comme un jour de terreur et de déshonneur». Des mots forts employés par l'ambassade de l'Union européenne qui dénonce la répression des manifestations pro-démocratie en Birmanie ayant fait samedi plus de 90 morts. Il s'agit de la journée la plus sanglante depuis le coup d'Etat du 1er février.
La Birmanie porte à près de 420 le nombre de personnes tuées dans la répression depuis le putsch, selon l'Association pour l'assistance aux prisonniers politiques.
Les militants pro-démocratie avaient appelé à une nouvelle série de manifestations samedi, jour où l'armée organise tous les ans un gigantesque défilé militaire devant le chef de l'armée Min Aung Hlaing, désormais chef de la junte au pouvoir.
La violence a éclaté dans toute la région de Mandalay (centre). Dans une démonstration de force sans précédent, la police a ouvert le feu sur des manifestants qui réclamaient la libération de leurs amis, selon des témoignages. Au final, les secouristes sur le terrain rapportent que pas moins de dix personnes ont péri sous leurs balles dans cinq villes différentes.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a condamné «dans les termes les plus forts» cette «tuerie». Laquelle a entraîné sur la scène internationale une série de condamnations et de sanctions touchant les avoirs de nombreux militaires puissants, dont leur chef, mais la pression diplomatique a eu jusqu'ici peu d'impact.
Les Etats-Unis, des pays de l'Union européenne, le Japon, l'Australie et la Grande-Bretagne se sont insurgés face à ce que tous qualifient de «meurtres» commis par l'armée dans le pays. Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, l'ambassade des USA a condamné le fait que «les forces armées tuent des civils non armés, y compris des enfants, les personnes qu'elle a justement juré de protéger».
“A professional military follows international standards for conduct and is responsible for protecting – not harming – the people it serves,” the Chiefs of Defense of 🇦🇺 🇨🇦 🇩🇪 🇬🇷 🇮🇹 🇯🇵 🇩🇰 🇳🇱 🇳🇿 🇰🇷 🇬🇧 and the 🇺🇸 underscored, addressing the Burmese military. https://t.co/Bhha1DPYjf pic.twitter.com/ZjqUmXc2S9
— U.S. Asia Pacific Media Hub (@eAsiaMediaHub) March 28, 2021
Pour la traditionnelle Journée des forces armées, des milliers de soldats, des chars, des missiles et des hélicoptères se sont succédé sur une immense esplanade de Naypyidaw, devant un parterre de généraux des délégations russe et chinoise.
Le général Min Aung Hlaing a de nouveau défendu le coup d'Etat, accusant d'irrégularité les élections de novembre, remportées par le parti d'Aung San Suu Kyi, et a promis un «transfert de responsabilité de l'Etat» après des élections. «Les actes de terrorisme qui peuvent nuire à la tranquillité et à la sécurité de l'Etat sont inacceptables», a-t-il déclaré dans un discours. (ats/mndl)