Quelques semaines après la visite controversée de Nancy Pelosi à Taïwan, Washington a annoncé de nouvelles ventes d'armes. Pékin demande à ce que la transaction soit révoquée.
Vers une escalade des tensions? En mai, Biden avait déclaré que les Etats-Unis défendraient directement Taïwan en cas d'attaque. Des membres du Congrès avaient tempéré ces propos, préférant adopter une certaine «ambiguïté stratégique».Image: sda
Les Etats-Unis ont annoncé vendredi une nouvelle série de ventes d'armement à Taïwan, pour 1,1 milliard de dollars au total alors que les tensions sont au plus haut avec la Chine. Pékin leur a immédiatement demandé de renoncer, menaçant de prendre des «contre-mesures».
Cette nouvelle vente d'armes intervient un mois après une visite à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, qui avait provoqué la fureur de Pékin. La Chine avait alors lancé les plus importantes manœuvres militaires de son histoire autour de l'île.
Le gouvernement américain a approuvé la vente à Taipei pour 355 millions de dollars de 60 missiles Harpoon capables de couler des bateaux de guerre, 100 missiles de courte portée Sidewinder (85,6 millions), capables d'intercepter des missiles ou des drones, et d'un contrat de maintenance du système de radars de Taïwan évalué à 665 millions.
Communiqué du département d'Etat américain
Pour rappel...
La Chine estime que Taïwan, peuplée d'environ 23 millions d'habitants, est l'une de ses provinces qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949). En sept décennies, l'armée communiste n'a jamais pu conquérir l'île, laquelle est restée sous le contrôle de la République de Chine - le régime qui gouvernait jadis la Chine continentale et ne gouverne aujourd'hui plus que Taïwan.
Pékin «fermement opposée»
Ces transactions «servent les intérêts économiques et de sécurité nationale des Etats-Unis en soutenant les efforts (de Taïwan) de moderniser ses forces armées», a souligné la diplomatie américaine via un porte-parole.
Il s'agit de la plus grosse vente d'armes américaines pour Taïwan depuis l'arrivée à la présidence de Joe Biden, en janvier 2021
Cette annonce intervient un jour après que les forces taïwanaises ont abattu un drone commercial non identifié, dans le cadre d'une série soudaine d'incursions qui ont semé la confusion sur l'île après la précédente démonstration de force de Pékin, qui a déclaré avoir tiré des missiles balistiques au-dessus de la capitale Taipei. Pékin a aussitôt exigé que Washington renonce à ces transactions, s'y déclarant «fermement opposée», par la voix du porte-parole de l'ambassade de Chine à Washington, Liu Pengyu.
La Chine appelle les Etats-Unis à «révoquer immédiatement» les ventes d'armes à Taïwan, «de crainte qu'elles n'affectent davantage les relations avec les Etats-Unis, ainsi que la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan», a ajouté le porte-parole dans un communiqué.
«La Chine prendra résolument des contre-mesures légitimes et nécessaires au vu de la situation»
Liu Pengyu, porte-parole de l'ambassade de Chine à Washington
Biden et son entourage peu alignés
Côté Taipei, «cette vente d'armes n'aidera pas seulement nos soldats à lutter contre la coercition dans la zone grise, elle renforcera également les capacités d'alerte précoce de l'île contre les missiles balistiques à longue portée», a déclaré Chang Tun-han, le porte-parole de la présidence taïwanaise, dans un communiqué de remerciements.
Avant la visite controversée à Taïwan de Pelosi, numéro trois des Etats-Unis et plus haute responsable américaine à se rendre sur l'île depuis des décennies, l'entourage de Joe Biden avait discrètement fait valoir à la Chine qu'elle ne représentait pas la politique de l'administration, le Congrès étant un pouvoir distinct du gouvernement.
Le feu vert à la vente d'armes, en revanche, provient clairement de l'administration Biden, même si elle est dans le droit-fil de la politique appliquée depuis 1979, lorsque Washington a reconnu Pékin tout en acceptant de maintenir la capacité d'autodéfense de Taïwan.
Lors d'un voyage à Tokyo en mai, Biden a semblé rompre avec des décennies de politique américaine en déclarant que les Etats-Unis défendraient directement Taïwan en cas d'attaque, mais ses collaborateurs sont ensuite revenus sur ses propos pour maintenir le concept volontairement flou de l'«ambiguïté stratégique».
La visite de Nancy Pelosi à Taïwan en quelques clics👇
(jod/sda)
En chine on test même les poissons contre le Covid
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