Avant même de se rendre sur place, Alexandre Loukachenko n'a pas hésité à faire des éloges à son hôte. «Aucun problème dans le monde» ne peut désormais être résolu «sans la Chine», a déclaré le dirigeant biélorusse à l'agence de presse Xinhua. Il a qualifié le chef d'Etat chinois Xi Jinping de «vieil ami», ajoutant qu'il était une «personne très intelligente, sage, créative et moderne.»
Le président Xi a rencontré le président biélorusse Loukachenko lors de sa visite d'État en Chine.
— Ambassade de Chine en France (@AmbassadeChine) March 1, 2023
Les deux dirigeants ont signé une déclaration conjointe sur la poursuite du développement du partenariat stratégique global tout temps Chine-Biélorussie dans une nouvelle ère. pic.twitter.com/bC0L1xoAFf
Les deux hommes se sont rencontrés mercredi matin. Pour l'Europe, la visite d'un allié de Poutine a un goût amer, surtout suite à la présentation du plan de paix chinois, en lien direct avec la guerre en Ukraine. Loukachenko, acteur clé du conflit, a mis son territoire à la disposition des forces armées russes comme zone de déploiement pour l'invasion.
Une rencontre qui devrait pousser les Etats-Unis à réitérer leur avertissement. En effet, ils soupçonnent Pékin de se servir de la Biélorussie comme d'un intermédiaire pour réarmer la Russie.
Toutefois, Loukachenko ne s'est pas rendu à Pékin en tant qu'homme de main de Poutine, comme l'a parfois mentionné la presse internationale. Les relations entre Minsk et Moscou sont bien plus compliquées qu'il n'y paraît. Avec la crainte de voir la Russie s'emparer de son petit voisin occidental, Loukachenko devrait voir dans la relation triangulaire avec la Chine une sorte de puissance d'équilibre pour réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie. En d'autres termes, cette visite à Pékin devrait être au cœur de toutes les attentions du côté du Kremlin.
La guerre en Ukraine devrait faire l'objet d'un débat approfondi entre les deux hommes. Xi Jinping pourrait bien demander à son invité biélorusse de partager ses impressions sur le déroulement actuel de la guerre. De l'autre côté de la table, Loukachenko espère que sa visite d'Etat sera surtout l'occasion d'une coopération économique et d'investissements de la part de la Chine. Depuis les sanctions de l'UE contre la Biélorussie, l'Empire du Milieu a massivement gagné en importance. L'année dernière, le commerce entre les deux pays a augmenté de 33%.
Loukachenko se montre loyal envers les Chinois sur toutes les questions politiques essentielles. La Chine quant à elle apprécie particulièrement le soutien concernant «Taiwan, le Xinjiang, Hong Kong et les droits de l'homme».
Alexandre Loukachenko n'est pas une exception. Pékin a déjà déroulé de nombreuses fois le tapis rouge à différents dictateurs. Le président iranien Ebrahim Raisi, le premier ministre cambodgien Hun Sen et le président turkmène Serdar Berdimuhamedow ont bénéficié du même traitement de faveur.
La Chine envoie ainsi un message fort à l'Occident: la République populaire étend son influence dans les régions du monde que l'Europe et les Etats-Unis traitent souvent en parent pauvre. Mais la longue liste d'amis dictatoriaux de la Chine révèle surtout que Xi Jinping n'est pas disposé à parler avec tout le monde. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky en a fait les frais à plusieurs reprises. Ses demandes d'entretien avec le chef d'Etat chinois ont jusqu'à présent toujours été balayées.