Sandrine Rousseau a un crédo qui la suit depuis qu'elle truste le devant de la scène: s'infiltrer dans tous les sujets polémiques et surtout ne jamais reconnaître la moindre erreur. Une astuce (politique et médiatique) qui fait le gros de son succès, notamment sur les chaînes d'information en continu.
Lundi matin, l'élue écologiste était sur BFTMTV pour expliquer l'un de ses tweets. Une boucle qu'elle maîtrise d'ailleurs à la perfection car, aujourd'hui, susciter l'indignation en ligne permet souvent de recevoir automatiquement son ticket pour les plateaux télés, quelques heures plus tard.
Réagissant aux (réels) records de chaleur un peu partout dans le monde ces derniers jours, l'élue Europe Ecologie Les Verts (EELV) s'est fendue d'une clinquante approximation qui a asséché la réserve de patience de la communauté scientifique. Jusqu'à offrir à ce fameux tweet, une «note de contexte» que les amateurs de complots et de fake news connaissent bien.
Sandrine Rousseau a fait sienne une information de l’observatoire européen Copernicus, qui évoquait une température de «60 degrés au sol» dans certaines régions d'Espagne. Mais, celle-ci «peut être de 15-20 °C supérieur à l’air, suivant le type de sol et sa couleur. Il ne s’agit en aucun cas d’une température de l’air», a très vite réagi le climatologue Serge Zaka.
Le lendemain, Valérie Masson-Delmotte, célèbre experte du climat pour le compte du Giec, s'est également sentie le besoin de rectifier la fronde, armée d'une longue et didactique explication, dans l'espoir que Sandrine Rousseau (mais pas que) «puisse s'y retrouver entre ses différentes variables, et que la communication vers le public soit plus claire et s'appuie sur la variable pertinente».
Ce qui agace généralement «ceux qui savent», c'est qu'une élue censée notamment hisser les études des scientifiques au cœur de l'Assemblée nationale et dans les médias fasse le jeu des climatosceptiques.
Un petit «Désolée, je ferai mieux la prochaine fois»? Rien de tout cela dans la bouche de Sandrine Rousseau, sur BFMTV lundi matin. Pour l'auteure du tweet inflammable, il s'agissait manifestement d'un coup médiatique fomenté à l'avance, d'une astuce volontaire pour sonner l'alarme sur la crise climatique.
Histoire d'enfoncer le clou, l'élue écologiste affirme avoir «fait exprès de supprimer» un premier tweet, dans lequel elle avait ajouté la fameuse «source». En l'occurrence, une carte de l'Espagne, diffusée par l’observatoire européen Copernicus, qui annonçait justement «les températures au sol». Un tweet introuvable, malgré que nous soyons dans l'époque frénétique des captures d'écran.
Trop peu polémique pour faire le buzz?
Lundi matin, la journaliste de BFMTV, manifestement soucieuse de rappeler que, malgré tout, il n'a pas fait «60 degrés en Espagne», se heurte à l'apparente mauvaise foi de Sandrine Rousseau: «Oui, ce n'est pas 60 degrés dans l'air, mais c'est 60 degrés pour les plantes et les enfants qui sont au ras du sol.»
Selon l'élue de gauche, qui affirme ne pas partager «la même analyse» que les scientifiques du climat, en précisant que...
Sous-entendu qu'avant son tweet de jeudi et son énième direct sur BFMTV lundi, les climatologues n'auraient, eux, pas suffisamment alarmé l'opinion publique.
Une ligne de défense qui, au final, semble égratigner une nouvelle fois la crédibilité des spécialistes, alors qu'il suffisait sans doute de dire la vérité. Une vérité qui est suffisamment grave, puisque l'Italie pourrait bien frôler les 48 degrés cette semaine et que la fameuse Vallée de la mort californienne devrait battre son propre record de 54,4°C dans peu de temps.