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Lettre à Epstein: Trump s’est trompé de mensonge

Donald Trump, en 2003, l’année où il aurait envoyé une lettre d’anniversaire à Jeffrey Epstein.
Donald Trump, en 2003, l’année où il aurait envoyé une lettre d’anniversaire à Jeffrey Epstein.image: getty, montage: watson
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Trump s’est trompé de mensonge

En 2003, Donald Trump, famous & successful quinquagénaire, aurait adressé une lettre d’anniversaire qui suinte l’entre-soi new-yorkais, à un Jeffrey Epstein encore tout puissant. Plausible, même sans y voir le moindre crime entre les lignes. En réfutant l’existence de cette missive, le président ne nous laisse pas d’autres choix que de prendre l’affaire au sérieux.
09.09.2025, 12:0906.10.2025, 11:35
dita muller

Ils étaient nombreux à crier au coup monté. Donald Trump, bien sûr, mais toute la chorale MAGA avait alors entonné la classique ritournelle de la chasse aux sorcières. Celui qui doit secrètement regretter sa prise de parole, au lendemain de la diffusion du petit mot d’anniversaire que le président aurait envoyé à Jeffrey Epstein en 2003, c’est sans doute JD Vance.

Particulièrement bavard au moment de la simple évocation de cette missive par le Wall Street Journal, en juillet dernier, le vice-président avait alors volé au secours du patron, avec la détermination d’une mère qui se jette sous les roues du camion pour sauver son enfant. Autrement dit, sans réfléchir.

Souvenez-vous, JD avait ouvert les vannes, attaquant le journal détenu par Rupert Murdoch frontalement, avec une assurance à l’épreuve des balles: «Pardonnez mon langage, mais cette histoire est une pure et simple connerie. Le WSJ devrait avoir honte de l'avoir publiée».

«Où est cette lettre? Seriez-vous surpris d'apprendre qu'ils ne nous l'ont jamais montrée avant de la publier? Quelqu'un croit-il vraiment que cela ressemble à Donald Trump?»
JD Vance, le 18 juillet, sur X

Presque deux mois plus tard, après que Donald Trump a poursuivi le média pour diffamation, réclamant au passage dix milliards de dollars, cette fameuse «pure et simple connerie» a finalement été dévoilée par les démocrates de la Commission de surveillance du Congrès. Une lettre étrange, agrémentée d’un croquis de corps féminin, gorgée de non-dits et digne d’une époque où les puissants hommes d’affaires new-yorkais se gargarisaient la glotte au champagne et à la santé de leur impunité.

Quoi de plus probable en effet qu’en 2003, Trump le magnat de l’immobilier puisse avoir adressé une petite carte de vœu à un autre mâle puissant de la Grosse Pomme. Ces quelques mots prouvent-ils pour autant que Donald Trump a trempé de tout son être dans les passe-temps sordides d’Epstein? Pas le moins du monde.

Nier l’existence de cette lettre a aujourd’hui pour incidence de plaquer Trump au pied du mur, dans un dossier Epstein qui est de plus en plus embarrassant pour le 47e président des Etats-Unis. Lundi soir, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, s’est d’ailleurs empressée de ne pas changer de stratégie, à un petit détail près:

«Comme je l’ai toujours dit, il est clair que le président n’a pas dessiné cette carte, et il ne l’a pas signée»

A-t-elle volontairement omis de préciser qu’il ne l’a pas non plus écrite?

La Maison-Blanche n’a aujourd’hui d’autres choix que de s’enfoncer dans la dénégation totale. Une stratégie qui a de grandes chances de très vite s’essouffler. Autrement dit, le clan MAGA, qui a d’ailleurs provisoirement enterré la hache de guerre le temps de sortir papy Trump du pétrin, n’a déjà plus la moindre munition à disposition. Et il y a fort à parier que les révélations ne s’arrêteront pas en si bon chemin.

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Or, une alternative, tout aussi trumpiste, s’offrait au milliardaire de Mar-a-Lago: mentir, autrement. Plutôt que d’ignorer cette lettre d’anniversaire, Trump aurait très bien pu assumer l’avoir écrite, tout en minimisant sa signification.

Car rien, dans cette drôle de poésie élitiste, ne le relie formellement à l’affaire Epstein. «Nous avons certaines choses en commun»? «Chaque jour soit un autre merveilleux secret»? Après avoir réécrit l’assaut du Capitole, on aurait bien vu Trump nous affirmer qu’il parlait en réalité de leur passion dévorante pour le macramé et le jus de goyave.

Si mensonge il y a, Trump n’a pas pioché le bon. L’agressivité et l’anxiété qui transpirent de la réaction du président et de son entourage ne font qu’amplifier une sale impression de gravité. Sans aller jusqu’à brandir l’adage «faute avouée à moitié pardonnée», il est sans doute passé à côté d’une belle opportunité de dégonfler la portée d’un geste qui, vingt-deux ans plus tard et par sa faute, nous oblige à prendre tout cela très au sérieux.

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