Les images de chars Leopard 2 et Bradley détruits par les forces russes ont fait le tour des réseaux sociaux, autant dire, du monde. Comme ce sont là les premiers clichés de la contre-offensive ukrainienne qui nous parviennent, le message envoyé est à l’avantage de la Russie. A l’origine de leur diffusion, cette dernière, par la voix de Poutine, en conclut que l’opération de reconquête est un échec.
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Surtout, l’implicite étant toujours plus fort que l’explicite, le complotisme se retrouvant dans ce qui est prétendument caché ou minimisé, cela laisse supposer que le nec plus ultra du matériel terrestre occidental mis à la disposition des Ukrainiens pour bouter l’agresseur Russe hors de leur territoire, est vulnérable. Ce ne sont pas trois malheureux villages repris aux envahisseurs dans la région de Donetsk qui réussiront à dissiper l’image de blindés allemands et américains calcinés.
Ainsi la contre-offensive ukrainienne durera-t-elle plus d’un jour. La Russie mise sur la lassitude d’Occidentaux qu’elle s’imagine pressés d’en finir avec un conflit qui dérange leur petit confort matérialiste. Plus la fin paraîtra incertaine, pouvant échapper à l’Ukraine, plus ceux-ci pousseront à un règlement accordant, de fait, la victoire à Moscou, veut-elle croire. Aussi les Russes ont-ils intérêt à inonder les réseaux des déboires ukrainiens en faisant croire que les dirigeants occidentaux taisent à leurs opinions la réalité du terrain.
La guerre sur le terrain, justement, se double d’une guerre de propagande des deux côtés. Il importe donc que l’Ukraine fasse connaître ses succès et minimise ses pertes. La Russie en fera autant de son côté. Mais il est une chose sur laquelle les spécialistes militaires s'accordent: ceux qui passent à l'attaque, les Ukrainiens, risquent davantage leur vie que ceux qui se défendent, a fortiori lorsque l'offensive est attendue.
On ne peut préjuger du résultat de la contre-offensive ukrainienne, mais on sait qu’on ne peut se contenter d’impressions au jour le jour. Le court-termisme relève de l’imposture. C’est manquer de considération pour les soldats ukrainiens qui vont mourir dans une opération vitale pour leur souveraineté.
L’Europe, elle, dans l’affaire, joue sa capacité à dire «non» à la dictature. Si elle plie, si la Russie devait s’imposer de manière évidente ou donner le sentiment d’une victoire malgré tout, l’Europe démocratique en serait affaiblie au profit de l’autoritarisme, en son sein même.
La contre-offensive ukrainienne réussira-t-elle? Suffira-t-elle à repousser les Russes dans leurs frontières? Faudra-t-il engager ultérieurement une aviation qui, pour l’heure, manque à l’Ukraine? Comme le dit un proverbe paysan, c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses. L’image n’est pas très élégante, la guerre non plus.