Et soudain, Vladimir Poutine devient proactif. Dès la fin d'un entretien téléphonique d'un peu plus de deux heures avec Donald Trump - «les négociations numéro 1», dont a parlé la télévision russe toute la journée, le dirigeant du Kremlin s'est précipité vers les micros des journalistes. Un comportement plutôt inhabituel pour le septuagénaire.
Pour le reste, rien ne change depuis plus de trois ans. Poutine demeure immobile. Un cessez-le-feu avec l'Ukraine ne sera possible à ses yeux «qu'après la conclusion d'accords appropriés». Il rejette ainsi à sa manière le silence des armes, sans pour autant lâcher un «niet» clair.
Il veut montrer à son peuple qu'il reste ferme et ne cède pas à la pression américaine. Quand bien même il essaie de flatter Donald Trump en évoquant «des compromis qui devraient convenir aux deux parties» ou en affirmant que «nous sommes sur la bonne voie».
Ce qui fera dire au président des Etats-Unis que «la conversation a été très bonne» et que Moscou et Kiev mèneront «immédiatement» des discussions. Avant de pouvoir passer aux choses sérieuses.
Mais les trois minutes de Poutine devant la presse, avant même la déclaration de la Maison Blanche, relèvent en fait de généralités sur les «possibilités si». Ce «si» est décisif, même s'il flotte dans l'air depuis des années. «La position de la Russie est claire», rappelle son président dans une école de musique de Sotchi, d'où il passe le coup de fil, comme s'il s'agissait d'un énième rendez-vous dans son agenda:
On connaît désormais la formulation russe pour l'assujettissement de sa voisine. C'est pour cela que Poutine a lancé son «opération spéciale». Moscou atteindra ses objectifs quoiqu'il en coûte, déclare-t-on au Kremlin le jour du fameux appel. Avec ou sans Trump. Qui n'y voit que des éloges. Pendant ce temps, on lui «pend des nouilles aux oreilles», comme disent les Russes pour signifier qu'ils induisent quelqu'un en erreur.
Traduit de l'allemand par Valentine Zenker