International
Commentaire

Législatives 2022: Mélenchon gifle Macron

Cinq ans plus tard, le grand vainqueur, en termes de percée électorale, en termes symboliques et médiatiques, est la Nupes, emmenée par Jean-Luc Mélenchon.
Cinq ans plus tard, le grand vainqueur, en termes de percée électorale, en termes symboliques et médiatiques, est la Nupes, emmenée par Jean-Luc Mélenchon.image: shutterstock
Commentaire

Elections législatives: Mélenchon gifle Macron, Zemmour boit la tasse

Même si Emmanuel Macron devrait garder la majorité dimanche prochain à l'Assemblée nationale, le score en voix réalisé dimanche par la coalition de gauche emmenée par Jean-Luc Mélenchon est un camouflet pour le président. Grand enseignement de ce premier tour des législatives: la poussée des extrêmes.
12.06.2022, 23:2213.06.2022, 11:03
Plus de «International»

Au terme du premier tour des élections législatives françaises, qui s’est tenu ce dimanche, il est à peu près acquis que la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), la coalition de gauche regroupant la France insoumise, les écologistes, les communistes et les socialistes, ne sera pas en mesure de gouverner la France durant les cinq prochaines années. Que ce rôle, dimanche prochain, au soir du second tour, échoira à l’actuelle majorité présidentielle. Avec cette inconnue – de taille: Emmanuel Macron obtiendra-t-il la majorité absolue de 289 sièges sur les 577 que compte l’Assemblée nationale?

La «victoire» de la Nupes

Rien n’est moins sûr. Les premières projections, basées sur les résultats du premier tour, accordaient hier soir entre 275 et 310 sièges à Ensemble, l’étiquette sous laquelle se présentent les partis de la majorité: Renaissance (ex-LREM, la formation d’Emmanuel Macron), le Modem (François Bayrou) et Horizon (Edouard Philippe). Songeons qu’en 2017, lors des précédentes législatives, La République en marche (LREM) avait remporté à elle seule la majorité, avec 314 sièges, pouvant en théorie se passer du concours de son allié le Modem pour gouverner.

Cinq ans plus tard, le grand vainqueur, en termes de percée électorale, en termes symboliques et médiatiques, est la Nupes, emmenée par Jean-Luc Mélenchon. En voix, elle bat ou fait jeu égal avec Ensemble, autour de 26%. C’est l’enseignement majeur de ce scrutin: la gauche opère un retour en force en voix, et dimanche prochain probablement aussi en sièges, puisqu'elle pourrait en récolter entre 180 et 210.

Pari réussi pour Jean-Luc Mélenchon. Il s’impose comme l’homme fort à gauche. Une gauche aux accents radicaux, dont certains des membres ou soutiens ont péché par complaisance avec l’islamisme et l’antisémitisme, dont le programme économique, jugé hyperinterventionniste et ultra-dépensier par ses opposants, fait penser à celui de l’«union de la gauche» (socialistes et communistes), laquelle s’était doublement imposée en 1981, à l’Elysée avec François Mitterrand, ainsi qu'à l’Assemblée nationale.

Vers une Assemblée plus «gilets jaunes»

Toutes les données statistiques de ce premier tour n’étant pas encore réunies, il est difficile de dire avec exactitude quels types d’électeurs ont voté pour la Nupes. Mais il est probable que la future Chambre basse représentera mieux que l’ancienne la France des «gilets jaunes», du nom de ce mouvement social, d’allure insurrectionnelle, apparu fin 2018 au gré d’une augmentation de la taxe sur les carburants, et qui tint la France en haleine pendant plus d’un an.

La voix des précaires, nonobstant l’abstention record de ce dimanche (estimée à 52,5% à 20 heures), devrait être davantage portée dans la prochaine Assemblée.

Si, en définitive, seul compte le résultat en sièges, le pourcentage en voix d’Ensemble, la coalition présidentielle, est une gifle pour Emmanuel Macron: 26%, dans les mêmes eaux que celui de la Nupes. Or, il atteignait 32% au premier tour des législatives de 2017, creusant un écart de dix points avec les poursuivants, à l'époque la droite. Là où les candidats de sa majorité seront opposés à ceux de la Nupes au second tour, le chef de l'Etat devra pouvoir compter sur le soutien de la coalition de la droite et du centre, Les Républicains (LR) et L'Union des démocrates et indépendants (UDI), qui pourraient obtenir de leur côté 40 à 60 sièges dans six jours, bien moins que leurs 136 actuels.

Quel jeu va jouer la droite?

LR et UDI peuvent bien sûr contrarier les plans du président, en faisant en sorte qu’il n’ait pas de majorité absolue, et le forcer ainsi à constituer une alliance de gouvernement avec eux. Mais ces derniers ont-ils intérêt à gouverner avec Macron ou plutôt à le laisser agir seul, avec des majorités de circonstance, souvent instables, de façon à réapparaître, la prochaine fois, qui sait, comme la seule alternative à une gauche renaissante et perçue comme menaçante par la France «bourgeoise»? Les prochains jours le diront.

Le camp laïco-universaliste humilié

C’était une bataille dans la bataille: qu’allait être le résultat de l’ex-ministre macronien de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, en lice dans le Loiret, un de ces départements de la France périphérique, terre de «gilets jaunes»? Surtout, lui qui incarne cette gauche laïque et universaliste, chaque jour humiliée par la gauche mélenchoniste, Manuel Valls en sait quelque chose, allait-il pouvoir se maintenir au second tour? Eh bien non, même pas. Il est arrivé troisième. C’est le candidat d’extrême-droite Rassemblement national (RN, l’un des partis, avec les Insoumis, qui parle à la France des «gilets jaunes»), arrivé en tête devant celui de la Nupes avec plus de dix points d’écart, qui fait à présent figure de favori.

Zemmour, la tasse à Saint-Tropez

Ce premier tour des législatives 2022, et peut-être cela sera-t-il confirmé au second, restera comme celui de la poussée des extrêmes. A gauche, mais aussi à droite, puisque le RN de Marine Le Pen, avec près de 19% des voix, fait environ six points de mieux qu’en 2017, ce qui pourrait lui valoir entre 10 et 25 sièges (il en faut 15 pour former un groupe).

A Saint-Tropez (une circonscription dont on parle si peu d’habitude), Eric Zemmour, candidat Reconquête, arrivé troisième derrière ses concurrents Ensemble et RN, est éliminé. Cette défaite les pieds dans l’eau, si loin des préoccupations sociales des Français, marque peut-être la fin politique de celui qui aura vécu ses campagnes, la présidentielle puis la législative, comme un roman d’aventures.

En France, une femme reste coincée dans un ascenseur inondé et ça fait peur
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
«200'000 personnes» rejoignent la Pride interdite à Budapest
Malgré son interdiction, la manifestation pro-LGBT+ a attiré la foule dans la capitale hongroise samedi.

«Nous estimons entre 180 000 et 200 000 le nombre de personnes présentes. Il est difficile d'évaluer le nombre exact car il n'y a jamais eu autant de monde à la Pride de Budapest», a déclaré à l'AFP la présidente de l'événement, Viktoria Radvanyi.

L’article