Vingt mille diplomates sont actuellement en pleine négociation. L'objet de la discussion: la décision finale concernant la COP26, le sommet sur le climat tenu, cette année, à Glasgow. Parmi eux, Andreas Fischlin, climatologue à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), qui s'est rendu sur les lieux dans le cadre de cette journée décisive. Malgré sa participation à de nombreux autres sommets sur le climat en tant que représentant de la Suisse, il avoue avoir été surpris par un récent événement survenu mercredi soir.
Les Etats-Unis et la Chine sont les deux plus gros émetteurs de CO₂ au monde. Alors que les gouvernements de Joe Biden et de Xi Jinping sont en profond désaccord, jeudi soir, les deux pays ont décidé de publier une déclaration commune: ils veulent renforcer leur coopération dans la lutte contre le réchauffement climatique et profiter de ce sommet – décrit depuis son lancement comme celui de la dernière chance – pour aller de l'avant. «Il a été convenu avec les Etats-Unis de prendre des mesures de protection du climat plus ambitieuses avant la fin de cette décennie», a déclaré le chef de la délégation chinoise. Un groupe de travail conjoint sera donc créé à cet effet.
Cette annonce ne serait-elle encore que du «bla bla bla», comme l'icône du climat Greta Thunberg l'avait déjà affirmé au début du sommet? Andreas Fischlin n'est pas de cet avis. Pour lui, cet accord est un message fort, et surtout un signe que les choses vont de l'avant malgré les obstacles. «Car sans les Etats-Unis et la Chine, il ne peut y avoir de progrès dans la protection du climat», rappelle-t-il.
Les Etats-Unis et la Chine se sont accordés sur plusieurs points. Cette nouvelle alliance climatique sera la pierre angulaire de l'accord de Paris qui en a résulté.
Si l'on revient sur l'histoire, ce sont les Etats-Unis qui ont le plus contribué au dérèglement climatique avec toutes leurs émissions de CO₂. Leur responsabilité historique est donc indubitable. La Chine, de son côté, a cumulé deux fois moins de gaz carbonique que le gouvernement Biden et un tiers des pays industrialisés dans leur ensemble, explique Andreas Fischlin.
Le compte à rebours est lancé. Officiellement, le sommet sur le climat à Glasgow dure jusqu'à vendredi. Mais les négociations vont généralement au-delà. «La décision ne sera probablement pas prise avant samedi soir», assure l'expert suisse. Bien qu'il reste convaincu qu'une conclusion positive sera prise, il estime néanmoins que les attentes du public, à l'égard de cette COP26 – semblables à celles de Copenhague en
2009 – restent trop élevées.
«Dans tous les cas, le résultat ne rendra pas justice à l'urgence de la crise climatique», signale le chercheur de l'ETH. Les processus de la politique internationale sont, par principe, toujours extrêmement lents. «Greta Thunberg doit donc apprendre à être patiente. Même si, d'un point de vue scientifique, la situation est effectivement très critique.»
#COP26, day 1: Konsultationen und Gespräche bis in die Nacht: Mit dem COP-Präsidenten @AlokSharma_RDG und vielen anderen. Jedes Land hat eine andere Ausgangslage, jedem bereitet die Klimaerwärmung andere Probleme. Aber: Der #Klimawandel verschont kein Land. pic.twitter.com/2wjLKg6BWE
— Simonetta Sommaruga (@s_sommaruga) November 9, 2021
Jeudi, la Suisse a signé les premiers accords sur l'octroi de crédits pour les réductions de CO₂. Comme l'a déclaré la ministre suisse de l'Environnement Simonetta Sommaruga aux médias en marge de la conférence mondiale sur le climat à Glasgow, il s'agit d'une «étape importante» dans la mise en œuvre de l'accord de Paris sur le climat. La solution désormais trouvée pour la mise en œuvre de son article 6 controversé pourrait «servir de modèle à d'autres pays également», a ajouté le ministre suisse de l'Environnement. En effet, elle empêcherait la double augmentation des réductions des émissions de gaz à effet de serre, l'un des points de friction de l'accord.
Dans un entretien avec watson, l'expert climatique de l'EPFZ salue explicitement l'engagement colossal de Simonetta ommaruga. Selon lui, elle a cherché – et trouvé – des solutions praticables lors de discussions intensives. «La Suisse n'a pas "d'agenda caché". Elle est donc considérée par les autres gouvernements comme digne de confiance. Et cela va aider dans les négociations.» Sans oublier qu'en tant que cinquième plus grand pays financier mondial, la Suisse dispose d'un levier important pour renforcer la protection du climat dans le monde.