Après six mois de crise politique, le dirigeant de centre-gauche a recueilli mardi 49,42% des voix contre 41,15% pour son adversaire Kim Moon-soo du Parti du pouvoir au peuple (PPP, droite) – l'ancienne formation du président destitué Yoon Suk Yeol – qui a concédé sa défaite dans la nuit, selon les résultats définitifs publiés par la Commission.
La première journée de Lee Jae-myung en tant que président et chef des armées a débuté par un briefing téléphonique avec le commandement militaire, confirmant officiellement le transfert du contrôle opérationnel du pays.
Durant cet entretien, il a exhorté l'armée sud-coréenne à maintenir son «état de préparation» en cas de provocations de Pyongyang, mais a affirmé dans son premier discours de président être prêt à discuter.
Il a également assuré que le pays «dissuaderait les provocations nucléaires et militaires nord-coréennes tout en ouvrant des voies de communication et en poursuivant le dialogue et la coopération pour construire la paix dans la péninsule coréenne».
Le nouveau président a tenu une modeste cérémonie d'investiture à l'Assemblée nationale, là même où Yoon Suk Yeol avait déployé des troupes armées la nuit de début décembre où il avait tenté de suspendre le régime civil. Seules quelques centaines d'invités étaient présents.
Le nouveau président devrait ensuite rapidement nommer les membres-clés de son administration, dont son chef de cabinet, le Premier ministre et le directeur des services de renseignement.
Sur le plan diplomatique, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio n'a pas tardé à féliciter M. Lee et a exprimé son espoir de collaborer avec le nouveau président qui avait auparavant cherché à se distancer des Etats-Unis. Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a dit vouloir «dynamiser» la relation entre Séoul et Tokyo tandis que le Premier ministre indien Narendra Modi a dit vouloir «renforcer» les liens entre son pays et la Corée du Sud.
Les marchés financiers ont réagi favorablement à l'élection: la Bourse de Séoul et le won ont progressé, même si Lee Jae-Myung a pris ses fonctions quelques heures seulement avant l'entrée en vigueur des droits de douane américains de 50% sur les exportations d'acier et d'aluminium, des secteurs dans lesquels est présente la Corée du Sud.
La quatrième économie d'Asie, fortement axée sur les exportations, est secouée par les droits de douane imposés par le président américain Donald Trump.
Ces tensions commerciales, ainsi que les tensions avec le voisin du Nord, font partie des défis que va devoir affronter cet ancien ouvrier de 60 ans.
Ses propos sur la Corée du Nord marquent une «rupture significative» avec ceux de son prédécesseur Yoon Suk Yeol, plus belliciste, car il n'a pas immédiatement posé de conditions préalables au dialogue avec Pyongyang, a relevé Hong Min, analyste principal à l'Institut coréen pour l'unification nationale.
Selon lui, cela témoigne de «sa volonté de résoudre les désaccords par le dialogue. Même s'il reste à voir quelle sera la réaction de Pyongyang, il est remarquable que Lee ait clairement montré une approche différente à l'égard de la Corée du Nord», a-t-il ajouté.
Durant son mandat, le nouveau président devra enfin s'employer d'urgence à relever le taux de natalité, actuellement le plus bas du monde, pour désamorcer la bombe démographique qui menace de diviser la population du pays par deux d'ici à 2100. (mbr/ats)