La nouvelle surtaxe est entrée en vigueur mercredi, à 00h01 heure locale (06h01 heure suisse).
Selon Donald Trump, «ces nouveaux droits de douane seront plus efficaces pour lutter contre l'excès de production bon marché provenant des pays étrangers qui vient miner la compétitivité des industries de l'acier et de l'aluminium des Etats-Unis».
«Même si les droits de douane imposés jusqu'ici ont apporté un soutien essentiel aux prix sur le marché américain, ils n'ont pas permis à ces industries de développer et de maintenir un taux d'utilisation des capacités de production qui soit suffisant pour leur pérennité et au regard des besoins de la défense nationale», a justifié également le texte du décret.
Dans la soirée mardi, le gouvernement canadien a estimé dans un communiqué que ces droits de douane étaient «illégaux et injustifiés». Même son de cloche du côté du ministre mexicain de l'Economie, Marcelo Ebrard, qui a également indiqué qu'il allait demander vendredi à ce «que le Mexique soit exclu» de ces surtaxes - une mesure qu'il juge «injuste, insoutenable et incommode». Il estime que ces droits de douane sont «absurdes» parce que les Etats-Unis ont un excédent avec le Mexique, envoyant plus d'acier qu'ils n'en importent.
L'acier et l'aluminium ont été le premier secteur concerné par les droits de douane voulus par Donald Trump, avec l'entrée en vigueur d'une surtaxe de 25% le 12 mars, dans la volonté affichée d'inciter aux investissements dans le pays. Et ces droits de douane sectoriels, appliqués également à l'automobile avant de s'étendre prochainement aux produits pharmaceutiques et aux semiconducteurs, sont les seuls à ne pas avoir été bloqués par une récente décision de justice, qui a visé les droits de douane appliqués sans distinction.
Une nouvelle poussée de fièvre tarifaire qui intervient alors que le représentant de la Maison Blanche au Commerce (USTR), Jamieson Greer, doit rencontrer le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, en marge d'une réunion de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui doit s'achever mercredi. Des discussions crispées, alors que Donald Trump a menacé l'UE de 50% de surtaxe, accusant le bloc de ne pas négocier de bonne foi. Et qui interviennent dans un contexte de fortes tensions, alors que la fin de la pause de 90 jours, annoncée dans la foulée des droits de douane dits «réciproques» est prévue pour le 9 juillet.
Mais l'Europe s'est d'ores et déjà dite prête à répliquer en cas de hausse des droits de douane la ciblant spécifiquement. En marge de la réunion à l'OCDE, Jamieson Greer a de son côté annoncé qu'il allait rencontrer ses homologues vietnamien et malaisien.
Une réunion des représentants au Commerce du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) a aussi lieu mercredi à 7H00 (heure locale) à la représentation canadienne de l'OCDE, à moins de deux semaines d'un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du 15 au 17 juin dans les Rocheuses canadiennes.
«Il faut garder son sang-froid et démontrer toujours que la mise en place de ces droits de douane n'est dans l'intérêt de personne, à commencer par l'économie américaine», a dit le ministre français délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, également en marge de la réunion à l'OCDE.
L'institution prévoit désormais un fort ralentissement de la croissance américaine cette année en raison des assauts douaniers de Trump, attendue à 1,6% contre 2,4% avant l'arrivée du milliardaire à la Maison-Blanche. Et l'incertitude pourrait continuer à peser sur l'économie mondiale, alors que le président américain a accusé la semaine dernière Pékin de ne pas respecter les termes de l'accord de désescalade signé mi-mai à Genève (Suisse) et menaçant de relancer la guerre commerciale.
En cause, selon Washington, l'approbation au ralenti des exportations de métaux rares vers les Etats-Unis. Mais les négociations «progressent bien» a assuré lundi le secrétaire adjoint au Trésor, Michael Faulkender.
La Maison-Blanche a assuré mardi que Donald Trump espérait échanger avec son homologue chinois Xi Jinping, «probablement cette semaine». Avant le passage de la surtaxe à 50%, le Canada, premier fournisseur des Etats-Unis en acier et aluminium, a estimé que ces droits de douane étaient «illégaux et injustifiés». Le ministre de l'Economie mexicain, Marcelo Ebrard, a pour sa part indiqué que son pays demanderait vendredi à en être exempté, dénonçant des mesures «absurdes». Le Mexique envoie 80% de ses exportations aux Etats-Unis.(mbr avec ats)