La Corée du Nord a un problème: le taux de natalité de la dictature est trop bas. Cette situation est commune dans les pays industrialisés, par exemple aux Etats-Unis, en Europe occidentale, dont la Suisse, ou dans les pays les plus riches d'Asie. Et cette tendance démographique ne menace pas seulement le marché du travail, mais aussi le budget de l'Etat: les pays doivent dépenser plus pour les pensions de vieillesse et reçoivent moins de recettes fiscales sur les revenus.
Le taux de natalité de la Corée du Nord est actuellement de 1,6 enfants par femme, selon les estimations de la Corée du Sud, ce qui est inhabituellement bas pour un pays pauvre – environ la moitié de celui des pays qui ont un profil économique similaire.
🔴 INFO - #CoreeDuNord : Le dictateur nord-coréen Kim Jong-un pleure en disant aux femmes d'avoir plus d'enfants. #NorthKorea #KimJongUn pic.twitter.com/2oyiNwrIys
— FranceNews24 (@FranceNews24) December 5, 2023
Ce week-end, lors d'un discours aux mères nord-coréennes, le dictateur Kim Jong-un, lui-même père de trois enfants, a reconnu pour la première fois que son pays était marqué par un faible taux de natalité. Dans le même temps, il a demandé aux femmes nord-coréennes de faire davantage pour y remédier. L'homme de 39 ans a essuyé ses larmes lorsqu'il a qualifié les femmes de «révolutionnaires». Elles se trouveraient en première ligne contre un «comportement anti-socialiste» et aideraient la nation à atteindre la prospérité.
Les femmes devraient en outre être de «bonnes ménagères», qui favorisent l'harmonie à la maison. Elles devraient devenir des «mères attentives, des épouses reconnaissantes et des belles-filles au grand cœur», a lancé Kim aux femmes nord-coréennes.
La politique de ses prédécesseurs (et ancêtres) est en partie à l'origine du taux de natalité si bas. Après la guerre de Corée, au début des années 1950, le pays encourageait encore ses citoyens à fonder des familles nombreuses. Mais dans les années 1980, l'économie nord-coréenne a eu du mal à suivre le rythme de la croissance démographique. La conséquence a été similaire à l'approche de la Chine: le gouvernement a mis en place des programmes de contrôle des naissances. La famine de la décennie suivante a encore aggravé la baisse de la population. Depuis la fin des années 1970, le taux de natalité n'a cessé de baisser, passant de 2,8 à 1,6 enfant par femme.
A cela s'ajoute toutefois un autre phénomène, explique au Wall Street Journal un professeur de société et de culture nord-coréennes à l'université de Séoul, en Corée du Sud. Au cours des dernières décennies, de plus en plus de Nord-Coréens se sont tournés vers la contrebande de marchandises ou d'autres activités de marché noir pour survivre, explique Lee Woo-young. Et ce faisant, les femmes seraient souvent devenues les principaux soutiens de famille de leur foyer, car de nombreux jeunes hommes sont enrôlés dans l'armée pendant des décennies.
De ce fait, de plus en plus de femmes auraient commencé à donner la priorité au travail rémunéré plutôt qu'aux enfants – d'autant plus qu'elles doivent en même temps assumer la responsabilité du ménage. (lak)
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci