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Le président Yoon présente ses excuses sans calmer la crise politique

Le président Yoon présente ses excuses sans calmer la crise politique

Après l’instauration éphémère de la loi martiale, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a exprimé des regrets samedi, tout en refusant de démissionner.
07.12.2024, 10:44
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Le président sud coréen Yoon Suk Yeol (D) accompagné de sa femme Kim Keon Hee le 16 mars 2023 à Tokyo. (Photo by YOSHIKAZU TSUNO/Gamma-Rapho via Getty Images)
Le président sud coréen Yoon Suk Yeol accompagné de sa femme Kim Keon Hee.Image: Gamma-Rapho

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a présenté samedi ses «excuses sincères» pour avoir brièvement imposé la loi martiale. Mais il n'a pas démissionné, à quelques heures d'un vote sur sa destitution au Parlement et alors que des milliers de manifestants ont commencé à se rassembler dans Séoul.

Dans une adresse télévisée à la nation d'à peine deux minutes, Yoon a annoncé qu'il confierait à sa formation, le Parti du pouvoir au peuple (PPP).

«Des mesures visant à stabiliser la situation politique, y compris concernant mon mandat»

Yoon Suk Yeol avait sidéré la Corée du Sud mardi soir en annonçant l'imposition de la loi martiale, une mesure sans précédent depuis 1980, et en envoyant l'armée au Parlement dans le but de le museler.

Dans des conditions rocambolesques, 190 députés avaient tout de même réussi à tenir une séance d'urgence dans la nuit, pendant que leurs assistants bloquaient les portes de l'hémicycle avec des meubles pour empêcher les soldats armés d'entrer. A l'unanimité, ces députés avaient voté contre la loi martiale, forçant l'impopulaire président conservateur à l'abroger au bout d'à peine six heures.

«Je ne fuirai pas»

«Je ne fuirai pas mes responsabilités légales et politiques concernant la déclaration de la loi martiale», a affirmé Yoon samedi. Il a expliqué son coup de force par son «désespoir en tant que président», alors que le Parlement largement dominé par l'opposition torpillait pratiquement toutes ses initiatives.

«J'ai causé de l'anxiété et des désagréments au public. Je présente mes excuses sincères»

Sa courte allocution n'a en rien calmé l'animosité générale à son encontre.

Le chef du PPP, Han Dong-hoon, a aussitôt affirmé qu'«une démission anticipée du président est inévitable», l'exercice normal de ses fonctions étant selon lui «impossible dans ces circonstances».

L'Assemblée nationale doit se prononcer à 17h00 locale sur la motion de destitution. Une majorité qualifiée de 200 députés sur 300 est nécessaire pour démettre le président.

Le PPP de Yoon dispose de 108 députés et l'opposition de 192. Celle-ci a donc besoin de rallier à sa cause au moins huit députés du camp présidentiel pour l'emporter.

A l'issue d'une réunion dans la nuit de vendredi à samedi, une majorité de députés du parti ont réaffirmé la ligne officielle selon laquelle ils feront échec à la destitution, alors que Han avait demandé la «suspension rapide» de Yoon.

«Il semble que le parti au pouvoir ait décidé de s'opposer à la destitution lors du vote à condition que le président lui cède le contrôle.»
Chae Jin-won

«Le problème principal est que, tout en reconnaissant que le président a commis des actes répréhensibles et qu'il est un criminel, ils ne veulent tout simplement pas donner le pouvoir à Lee Jae-myung», le chef du Parti démocrate, principale force d'opposition, a ajouté Chae.

«Démission immédiate»

«Actuellement, le plus gros risque en Corée du Sud est l'existence même du président. Les seules solutions sont une démission immédiate (...) ou un départ anticipé par destitution.»
Lee Jae-myung

La déclaration du président est «très décevante» et «ne fait qu'exacerber le sentiment de trahison et de colère parmi les citoyens», a-t-il ajouté devant la presse.

Dans l'après-midi, les manifestants anti-Yoon convergeaient vers le Parlement. Les organisateurs ont dit prévoir 200'000 participants et la police.

«Des dizaines de milliers»
«La population ne lui pardonnera pas»
Lee Wan-pyo

Lee Wan-pyo, est un retraité de 63 ans qui a regardé l'allocution du président dans la principale gare de Séoul. La Corée du Sud «doit empêcher de tels événements de se reproduire», appelle Jeon Yeon-ho, 19 ans.

Un rassemblement pro-Yoon a également commencé samedi après-midi sur la place centrale de Gwanghwamun. Des manifestants y brandissaient des affiches «Arrêtez Lee Jae-myung», d'autres agitaient des drapeaux américains.

Campement à l'Assemblée

Craignant un nouveau coup de force nocturne du président, qui n'était pas apparu en public depuis mercredi, les députés de l'opposition ont campé toute la nuit à l'intérieur de l'Assemblée nationale.

Des autobus et d'autres véhicules ont été garés sur les esplanades autour du bâtiment pour empêcher les éventuels hélicoptères des forces spéciales d'atterrir.

Dans son allocution samedi matin, Yoon a cependant assuré qu'«il n'y aura jamais de deuxième loi martiale».

Si la destitution est votée, Yoon sera suspendu de ses fonctions jusqu'à ce que la Cour constitutionnelle valide ou non la décision des députés. Dans l'affirmative, une élection présidentielle anticipée devra avoir lieu sous 60 jours.

Outre la procédure de destitution, Yoon Suk Yeol est visé par une enquête de police pour «rébellion», un crime théoriquement passible de la peine de mort (qui n'a plus été appliquée dans le pays depuis 1997). (dal/ats)

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