L'imposition de la loi martiale, une première depuis plus de 40 ans dans le pays, impliquait la suspension de la vie politique ainsi que la fermeture du Parlement et la mise sous contrôle des médias. Le principal parti d’opposition, le Parti démocrate, a déposé mercredi sa motion pour engager procédure de destitution contre le président, qualifiant son action de «rébellion». Les députés décideront ultérieurement la date du vote, qui pourrait intervenir dès vendredi, selon les six partis d'opposition lors d'une conférence de presse commune.
La formation prévoit également de porter plainte contre plusieurs membres du gouvernement et de hauts responsables militaires et policiers impliqués dans l’instauration de la loi martiale. Ces accusations interviennent alors que plusieurs collaborateurs de Yoon Suk-yeol, y compris son chef de cabinet, ont démissionné en masse.
La confédération coréenne des syndicats, plus importante intersyndicale du pays avec ses quelque 1,2 million de membres, a appelé à une «grève générale illimitée» jusqu'à la démission de Yoon Suk-yeol, estimant qu'il avait «signé sa propre fin au pouvoir». A la mi-journée, le dirigeant n'était toujours pas réapparu en public.
De son côté, le chef du parti au pouvoir, Han Dong-hoon, a appelé le président à «rendre des comptes» pour cet épisode qu’il a qualifié de «tragique», insistant sur la nécessité d’une explication publique immédiate.
La crise politique a secoué les marchés financiers sud-coréens. L’indice Kospi a chuté de 2% à l’ouverture mercredi, avant de limiter ses pertes. Les investisseurs ont toutefois accueilli favorablement la levée rapide de la loi martiale et les promesses d’intervention économique. Samsung Electronics, poids lourd de l’économie, a vu son titre reculer de près de 3% avant un léger rebond.
La monnaie nationale, le won, s’est effondrée de plus de 2,5% face au dollar, atteignant son plus bas niveau en deux ans. Bien qu’il ait regagné un peu de terrain dans les premiers échanges, les analystes craignent une volatilité persistante. La Banque de Corée a réagi rapidement en convoquant une réunion extraordinaire pour évaluer les mesures de stabilisation à adopter face à ces turbulences.
La crise a également suscité des réactions inquiètes à l’étranger. Les Etats-Unis, allié-clé de Séoul, ont exprimé leur soulagement après la levée de la loi martiale. La Maison-Blanche a toutefois rappelé l’importance pour la Corée du Sud de respecter l’Etat de droit. L’ambassade américaine à Séoul a suspendu ses activités de routine par mesure de précaution.
Washington entretient des liens stratégiques avec Séoul dans le cadre de ses rivalités accrues avec la Chine et des tensions persistantes avec la Corée du Nord. En avril dernier, le président Yoon avait été reçu en grande pompe à Washington par Joe Biden, soulignant la solidité de cette alliance.
Cette crise s’inscrit dans un contexte de défiance croissante envers le président Yoon Suk-yeol, dont les relations tendues avec l’opposition et les syndicats aggravent les tensions internes. La plus importante intersyndicale du pays a appelé à une «grève générale illimitée», estimant que cette mesure éphémère avait «signé la fin politique» du chef de l’Etat.
Alors que la Corée du Sud tente de retrouver un semblant de stabilité, la légitimité de la présidence Yoon est plus que jamais sur la sellette. Les semaines à venir seront cruciales pour l’avenir du pays, pris entre des revendications internes pressantes et des attentes internationales exigeantes. (mbr avec ats)