«Atteindre l'immunité collective n'est pas possible, et penser y parvenir est un mythe». Voici en substance ce qu'a affirmé mardi le professeur Andrew Pollard, président du Comité britannique sur la vaccination et l'immunisation (JCVI), devant les députés anglais.
La raison? Le variant Delta. Ou plus précisément, l'efficacité limitée des vaccins face à cette mutation du virus, capable d'infecter également les personnes immunisées.
«Cela signifie que toute personne non vaccinée va contracter le Covid à un moment ou à un autre», explique, cité dans le Guardian, le professeur. «Nous n'avons rien qui puisse arrêter complètement cette transmission.»
Les propos d'Andrew Pollard trouvent un écho dans les résultats d'une étude menée par l'Imperial College de Londres, qui observe que, malgré des niveaux de vaccination élevés, l'efficacité du vaccin reste «imparfaite». Concrètement, les auteurs de la recherche affirment que:
En d'autres termes, l'étude montre que les vaccins réduisent le risque d'infection, sans toutefois l'écarter totalement. Ils restent très efficaces pour prévenir les formes graves de la maladie et les décès, rappelle le Guardian.
Chef des soins intensifs du Centre hospitalier universitaire vaudois (Chuv), Jean-Daniel Chiche est du même avis: «Une étude, publiée jeudi sur le New England Journal of Medicine, montre que les vaccins que nous avons en Suisse assurent 88% de protection contre le variant Delta, après deux doses», explique-t-il à watson. Et de rappeler:
Pour cette raison, Jean-Daniel Chiche affirme: «Nous devons tout faire pour diminuer la circulation virale, et cela passe par la vaccination, surtout auprès des jeunes et des actifs».
Malgré l'efficacité des vaccins, la prudence doit rester de mise. Il est donc important de maintenir les gestes barrières, poursuit le chef des soins intensifs du Chuv: «conserver les distances, ne pas serrer les mains, se les désinfecter et continuer de porter le masque. Ces mesures sont aussi valables pour les vaccinés».
Dans une interview publiée par le Tages-Anzeiger, le médecin cantonal bâlois Thomas Steffen estime également qu’il faudrait limiter les contacts physiques, notamment avec des inconnus.
Face à la flambée des cas et à la propagation du variant Delta, plusieurs pays ont décidé d'administrer une troisième dose de vaccin chez certains groupes de la population. C'est notamment le cas en Israël, en Allemagne et au Royaume-Uni.
Pour Andrew Pollard, ce choix ne se justifie pas. Le président du JCVI estime que la troisième dose ne devient nécessaire qu'en cas d'augmentation des hospitalisations et des décès parmi les vaccinés: «ce n'est pas ce que nous constatons pour l'instant», assure-t-il.
Il n'y a pas encore de problèmes liés aux formes graves de la maladie, poursuit le scientifique: «il n'y a donc aucune raison de paniquer pour le moment».