Pauline Vetter: L’apparition d’un variant résulte de l’évolution naturelle d’un virus avec le temps, qui accumule des mutations à chaque fois qu’il se multiplie. Le variant Delta est un des quatre variants que l’on considère comme préoccupants, car ils sont associés notamment à des augmentations locales du nombre de cas de Covid-19.
Il est plus transmissible que les autres variants qui circulaient avant. Des données épidémiologiques nous venant d’Angleterre indiquent qu’il serait environ 50 à 60% plus contagieux que le variant Alpha (anciennement appelé variant anglais). Delta a l’avantage sur les autres variants, il peut donc les remplacer progressivement et peut devenir, un jour, majoritaire.
Un plus grand risque d’hospitalisation et une sévérité plus importante de la maladie ont été suggérés avec tous les variants, même si cela n’a pas toujours été confirmé. Mais pour Delta, quelques données anglaises nous donnent l’impression qu’il pourrait y avoir un risque augmenté d’hospitalisation dans les populations non-vaccinées infectées.
Il est déjà en train de le devenir en Suisse. On observe cette tendance depuis plusieurs semaines. Même sans augmentation nette du nombre de cas, la proportion attribuée à Delta grimpe.
Tous les vaccins ne sont pas égaux contre tous les variants. Nous avons de bonnes données à l’heure actuelle qui soutiennent que les vaccins ARN messagers, utilisés en Suisse, font partie de ceux qui offrent une des meilleures protections contre tous les variants. De plus, ils gardent une très bonne efficacité contre Delta.
En Angleterre, on observe une discrète diminution de la protection contre l’infection, mais celle-ci se situe encore à 79%. Les vaccins ARN messagers protègent encore mieux contre une maladie symptomatique, à 88%, alors qu’ils sont efficaces à 96% contre une maladie sévère (et donc l’hospitalisation). Attention, il faut avoir une vaccination complète pour être protégé au mieux, soit avoir reçu deux doses, soit une seule dose après avoir été déjà infecté.
Des personnes vaccinées peuvent en effet être infectées car la vaccination ne protègent pas à 100% contre cela. De plus, certaines catégories de population ont un système immunitaire moins bon et vont moins bien répondre à la vaccination. Je pense aux personnes âgées ou à celles qui doivent prendre des traitements immunosuppresseurs, notamment.
On voit aussi que, même si on est porteur du virus après le vaccin, ce sera pour une durée plus courte et la charge virale sera plus basse que chez les non-vaccinés, donc les occasions de transmissions peuvent être réduites.
On peut s’attendre au moins à petite augmentation des cas, d’autant que les personnes vont voyager et que les mesures ont été levées. En parallèle, la proportion de Delta augmente. Il est possible que ce variant circule dans les populations les moins vaccinées.
Le rebond des infections est possible; par contre nous n’aimerions pas voir de rebond des hospitalisations. Pour éviter cela, la vaccination est la clé pour protéger de la maladie grave, et donc de l’hospitalisation. Il faut aussi rappeler que les masques, les distances et le lavage des mains restent efficaces contre tous les variants.
En Angleterre, les données indiquent que ce variant circule majoritairement chez les 20-40 ans. Ce sont les groupes d’âges qui n’ont pas été vaccinés de façon majoritaire (enfants exclus).
Cette population est aussi celle qui sort davantage avec la levée des mesures, et donc qui a le plus d’opportunités de transmettre le virus. Concernant les enfants, je ne vais pas parler à la place des pédiatres.
C’est un «variant du variant» Delta, qui a accumulé des mutations. On le surveille. Si on veut éviter que tous ces variants continuent à muter, nous devons éviter de laisser le virus se propager. Je le dis donc encore une fois: la vaccination, c’est la clé.