Le rapport demandé par le président américain Joe Biden à ses services de renseignements sur l'origine du coronavirus ne permet pas de trancher sur cette question, rapportent de nombreux médias américains. Le sujet sensible est source de frictions entre Washington et Pékin.
Le 46e président des Etats-Unis avait appelé, à la fin mai, le renseignement américain, jusqu'ici incapable de statuer sur la thèse d'une origine animale ou celle d'une fuite au laboratoire chinois de Wuhan, à «redoubler d'efforts» pour expliquer l'origine du Covid-19 et à fournir un rapport sous 90 jours.
Longtemps balayée d'un revers de main par la plupart des experts, la théorie d'un accident de laboratoire à Wuhan, en Chine, est revenue, ces derniers mois, dans le débat américain. Les appels en faveur d'investigations plus approfondies se sont multipliés au sein de la communauté scientifique.
Joe Biden a reçu, mardi, ce rapport classé top secret, mais le document n'est pas concluant, car, en dépit de leurs recherches et analyses, les responsables des services de renseignements n'ont pas pu s'accorder sur une explication définitive, écrit mardi le Washington Post qui cite deux responsables américains anonymes, proches du dossier.
L'examen a impliqué des dizaines d'analystes et de responsables du renseignement de plusieurs agences, a déclaré Avril Haines, la directrice du renseignement national américain, à Yahoo. Elle a explqué avoir déployé des «cellules rouges», soit des groupes chargés de vérifier les hypothèses des analystes et de s'assurer que les renseignements sont examinés sous tous les angles.
Cela s'explique en partie par le fait que la Chine n'a pas fourni assez d'informations, affirme le Wall Street Journal, s'appuyant, lui aussi, sur deux hauts responsables américains. En effet, la Chine, qui combat farouchement l'hypothèse du laboratoire, a accusé Washington de diffuser des théories «complotistes».
Un fonctionnaire, dont les propos sont rapportés dans le Washington Post, pointe que la communauté du renseignement n'est «pas nécessairement la mieux équipée pour résoudre ce problème», qui est fondamentalement une question de science. Bien que les services d'espionnage soient «en mesure de collecter des informations sur toute une série d'acteurs étrangers», ils ne sont pas nécessairement équipés pour se frotter à l'ensemble des données sur la santé mondiale. Le président des Etats-Unis avait, en juillet, estimé:
De nombreux scientifiques se sont montrés sceptiques quant à la possibilité de régler ce problème en 90 jours, relate le Washington Post. Des chercheurs ont déclaré que ce genre d'enquête pourrait nécessiter des années de recherche.
D'après les responsables cités par le Washington Post, les services de renseignements vont tenter, dans les jours à venir, de déclassifier des parties du rapport en vue d'une potentielle diffusion publique.
Le porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, a déclaré, lundi, que le public serait informé des résultats du rapport: «Je ne sais pas quelle forme cela prendra à l'heure actuelle», a-t-elle déclaré. (jah/ats)