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Covid: la thèse de la fuite d'un labo chinois rejaillit

Researchers work with a sample of H1N1 flu virus at a lab in Wuhan, central China's Hubei province, Wednesday, June 17, 2009. Dozens of American high school students quarantined in a central Chin ...
«Des indices s'additionnent aussi bien que des zones d'ombre.»Image: AP CHINATOPIX

Covid: la thèse de la fuite d'un labo chinois rejaillit

L'hypothèse d'une fuite accidentelle de labo comme origine de la pandémie de Covid-19 est à nouveau crédible. Mais la Chine reste silencieuse à ce sujet.
04.05.2021, 10:4113.08.2021, 09:55
Jonas Follonier
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A ce jour, les données en possession des scientifiques ne suffisent toujours pas à déterminer l'origine du SARS-CoV-2. La thèse de l'animal sauvage (pangolin ou autre), longtemps présentée comme la plus probable, a été abandonnée, faute de preuve tangible. Or, comme l'a rapporté Le Figaro ce mardi 4 mai, la possibilité d'une fuite de laboratoire, très vite écartée, redevient crédible aux yeux des chercheurs.

«En coulisses, cela fait des mois que la controverse scientifique gagne du terrain», avance le quotidien français. Le directeur de l'OMS lui-même a demandé fin mars à ce que la piste soit étudiée, suite à la remise d'un rapport jugé insatisfaisant de la première mission d’enquête de l’organisation en Chine. Et pour cause, des indices s'additionnent aussi bien que des zones d'ombre.

Tout part d'une mine de cuivre désaffectée du Yunnan. En 2012, six ouvriers y avaient attrapé une pneumonie atypique et trois d'entre eux sont morts. Une année après, le plus proche cousin du SARS-CoV-2 (mais qui n'est pas le SARS-CoV-2), à savoir le RaTG13, a été détecté au WIV (Wuhan Institute of Virology), à 1500 km de là, sur un prélèvement d'excréments de chauves-souris issus de la mine en question. Wuhan, lieu du labo, est le cluster où est apparue l'épidémie de Covid-19 en novembre 2019.

Trois zones d'ombre troublantes entourant ce RaTG13:

  1. Le génome ne peut pas être reconstitué dans son intégralité à partir des données brutes fournies par les équipes chinoises.
  2. Le lien n'a pas été fait rapidement par la Chine entre ce virus et le SARS-CoV-2, un fait jugé inacceptable pour le virologue Bruno Canard (CNRS), spécialiste des coronavirus.
  3. Il est impossible de vérifier que le virus n'a jamais été mis en culture et qu’aucune expérimentation n'a été réalisée, ce qu'affirme le Dr Shi Zheng Li du WIV, car l'échantillon a été totalement détruit après le séquençage. Un fait jugé «très étrange» par Virginie Courtier, responsable d’une équipe à l’Institut Jacques-Monod à Paris et co-signataire de lettres envoyées à l'OMS par le «groupe de Paris», composé de scientifiques internationaux et qui appelle à une enquête sérieuse et indépendante. Elle explique au Figaro:
«Il en reste toujours un peu en principe, nous n’avons jamais besoin de tout utiliser…»
Virginie Courtier, directrice de recherche au CNRS

S'ajoutent à cela quatre faits recensés par nos confrères:

  1. Les autorités chinoises n'avaient pas alerté l'OMS en 2012 au sujet de la contamination atypique dans la mine.
  2. Huit autres formes de coronavirus de la famille du SARS-CoV-2 ont été identifiées sur le site en question, mais leurs génomes n'ont pas été dévoilés au complet.
  3. Le site paraît verrouillé par les autorités: des journalistes de la BBC voulant se rendre sur place ont été à chaque fois bloqués par des camions «opportunément en panne».
  4. La Chine ne parvient officiellement pas à remonter avant le 8 décembre dans son enquête sur l’origine des premiers cas de Covid. Elle «a créé une sorte de forteresse, un mur artificiel qui agace beaucoup l’OMS», déclare au Figaro Gilles Demaneuf, autre cosignataire de ces lettres ouvertes et membre du collectif de recherche indépendant Drastic, qui enquête depuis plus d’un an sur les origines de la pandémie à partir de données en accès libre.

En savoir plus sur ce qui s'est précisément passé en laboratoire avec le RaTG13 permettrait d'infirmer ou de confirmer l'hypothétique «gain de fonction» qui aurait pu être réalisé par les Chinois (on sait que le WIV en a fait). En clair, une «modification du génome pour étudier la manière dont cela affecte les capacités du virus à infecter des cellules d’espèces différentes. Des recherches jugées suffisamment dangereuses pour que les Etats-Unis imposent un moratoire national sur ces pratiques en 2014, avant de le lever en 2017.»

Ce qui motive cette hypothèse? «La présence au niveau du spécule du virus d'une séquence qui le rend parfaitement adapté à l'infection humaine», comme l'a souligné d'emblée le virologue Etienne Decroly lors de la publication du génome de SARS-CoV-2, qui précise au Figaro que «cela peut aussi être le fruit d’une recombinaison naturelle entre plusieurs virus apparentés au sein d’un même hôte intermédiaire».

Pour le savoir, il faudrait pouvoir compter sur la collaboration de la Chine. Mais la dernière zone d'ombre relevée par le journal concernant cet aspect du problème est sans doute la plus troublante:

«Comme les bases de données du WIV ont été retirées d’internet par les autorités chinoises, il est difficile de savoir sur quoi travaillaient exactement les chercheurs. Ironie de l’histoire, ces sites étaient en partie créés pour disposer de banques génomiques de référence en cas de pandémie! Selon Shi Zheng Li, les données ont été retirées après le début de la pandémie en raison de cyberattaques. Les chercheurs du groupe Drastic assurent que la base de données sur les coronavirus de chauve-souris n’est plus disponible… depuis septembre 2019, soit trois mois avant le démarrage officiel de l’épidémie.»
Tristan Vey, «Covid-19: la piste d’une fuite de laboratoire ressurgit»Le Figaro

Affaire à suivre.

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