Alors que les soldats de Trump sont occupés à éventrer l’administration américaine avec une violence inouïe, le monde regarde le nouveau président gesticuler en ayant beaucoup de peine à le suivre. C'est bien connu, quand on en fait trop, l'attention diminue et le risque de commettre des erreurs grimpe en flèche. Et ça n'a pas manqué.
Une immense bourde de la Maison-Blanche, commise le 20 janvier, jour d'investiture, a eu comme conséquences de nommer à la tête du FBI le mauvais directeur par intérim. Ce Monsieur s'appelle Brian Driscoll et, aujourd'hui, il refuse de quitter le bureau du patron et fait de la résistance à Donald Trump. C'est le New York Times qui a dévoilé cette absurdité, cette semaine, et l'histoire est rigoureusement fantastique.
Et, tenez-vous bien: malgré le fait que la bourde a été immédiatement repérée, rien n'a été fait pour y remédier. Vendredi 7 février, on pouvait encore voir apparaître le nom du mauvais élu, sur le site officiel de la Maison-Blanche.
Autrement dit, quand c'est écrit, c'est vrai. Car l'erreur initiale provient bien de la mise à jour du site. Au lieu de nommer Robert C. Kissane, c'est le nom de Brian Driscoll qui a été inscrit par des employés. Une bourde suffisante pour qu'il soit «transféré dans la suite du directeur au septième étage du siège du FBI à Washington», nous dit le New York Times. Suffisant, aussi, pour qu'il refuse non seulement de quitter le bureau, mais d'obéir aux hauts responsables du ministère de la Justice, qui le poussent à divulguer les noms des agents ayant enquêté sur les assaillants du Capitole.
Vous l'aurez compris, alors que Trump voulait un gars à sa botte pour faire le ménage au sein de l'agence, il a hérité d'un résistant qui joue les héros.
Brian Driscoll, surnommé «Drizz» par ses milliers de collègues qui le soutiennent, a, lui aussi, enquêté sur le 6 janvier 2021. En protégeant les employés du FBI des assauts de l'administration trumpiste, il se protège lui aussi d'un risque élevé de licenciement. De quoi faire applaudir les réseaux sociaux:
Comme le précise le journal américain, «M. Driscoll n'était responsable du bureau de Newark que depuis une semaine», avant d'être catapulté au sommet du FBI. Et depuis quelques jours, des rumeurs couraient sur son licenciement, jusqu'à ce qu'un communiqué vienne confirmer «qu'il était toujours en charge».
Qu'on se rassure, Driscoll n'était pas le stagiaire à la machine à café, avant d'hériter accidentellement de la direction de l'agence. Homme de terrain aguerri (notamment en Syrie), il a fini par superviser les affaires de terrorisme en Europe de l'Ouest et en Afrique.
Et ses collègues l'adorent, forcément.
Comment cette histoire va-t-elle se terminer? Mystère. Pour l'heure, le futur éventuel (et vrai) patron du FBI est embourbé dans la longue procédure pour sa nomination. Alors que Kash Patel prévoit de transformer l'agence en arme de poing au service de Donald Trump, les démocrates du Sénat font objection. Jeudi, le vote de la commission judiciaire a donc été retardé.
D'ici là, on est d'accord que l'histoire de Brian Driscoll ferait une super comédie sur Netflix, mmh?