Donald Trump qui ne compte pas uniquement sur lui-même, c'est suffisamment rare pour être noté. Mardi soir, dans une intervention vidéo publiée sur son propre réseau social, le (toujours) favori de la primaire républicaine a exhorté les députés de tout bord à l'aider dans sa croisade contre un système qui en voudrait à sa peau.
Lui qui aime tant se positionner en victime, toujours seul contre tous, ne cracherait donc pas sur une bouée de sauvetage que le Congrès serait théoriquement en mesure de lui lancer. Sans doute sent-il que ses coudées sont de moins en moins franches et que l'étau judiciaire se resserre, notamment au sujet de l'enquête fédérale sur son implication dans les émeutes du 6 janvier 2021.
Alors qu'il pourrait se retrouver inculpé pour «insurrection», «obstruction à une procédure officielle», «complot en vue de frauder le pays» ou encore «complot en vue de faire une fausse déclaration», des crimes pour lesquelles la Constitution prive tout citoyen de la possibilité d'être élu président des Etats-Unis, Donald Trump n'a pas changé de disque.
Suggérant qu'il est aujourd'hui «puni» par l'establishment pour avoir «remporté» l'élection de 2020, il considère que la seule manière de le priver de bureau Ovale serait de le jeter derrière les barreaux: «Regardez les sondages, personne n'est en mesure de me battre, ils ont tous peur. Et tricher est leur seule option. Regardez-les tricher!»
Un cri qui a, pour l'heure, été entendu par ses alliés les plus turbulents. Parmi eux, la célèbre Marjorie Taylor Green, groupie historique de Trump, qui a empoigné le micro pour «exiger» (une énième fois) la destitution de Joe Biden et «annuler les deux destitutions injustifiées» contre le puissant républicain.
Marjorie Taylor Green et ses amis de la droite dure ne sont plus les seuls à vouloir déboulonner Joe Biden. Sur Fox News lundi, Kevin McCarthy a franchi un pas surprenant, qui ressemble à un geste désespéré dans l'espoir de détourner l'attention des déboires judiciaires du candidat républicain. Le speaker de la Chambre a suggéré, et c'est inédit de sa part, le lancement d'une enquête au sujet du président américain en vue de sa destitution. S'il veut aller «jusqu'au bout», il n'a en revanche toujours pas donné le top départ.
Deux motifs, sans la moindre preuve et tous liés à son fils Hunter Biden, sont brandis par les républicains. Le locataire de la Maison-Blanche aurait non seulement «participé au trafic d'influence personnel de son fils», mais aussi poussé le ministère de la Justice à offrir un accord à son fils, s'il plaidait coupable d'évasion fiscale et de détention illégale d'arme à feu. Hunter Biden devrait d'ailleurs être fixé sur son sort ce mercredi, devant le tribunal fédéral de l'Etat du Delaware.
Si la procédure a peu de chance d'aboutir, cet acharnement drainera sans doute son lot de répercussions politiques. Kevin McCarthy, au bénéfice d'une faible majorité au Congrès, n'a toujours pas publiquement approuvé la candidature du milliardaire et semble poussé dans les cordes par les trumpistes.
Tout porte effectivement à croire que McCarthy est sous pression. Et l'appel à l'aide de Donald Trump ne va pas soulager le speaker.
De son côté, et dès qu'il en a l'occasion, le candidat Maga jure qu'il n'a «pas peur» des multiples dossiers judiciaires qui pèsent sur ses épaules. Comme il le dit lui-même, pour l'heure, chaque affaire renforce un peu plus le soutien que lui témoigne son importante base. Or, l'enquête sur son éventuelle responsabilité dans l'assaut du Capitole, menée par un procureur de Géorgie plutôt coriace, est la seule qui ait de quoi le stopper définitivement dans sa course à la Maison-Blanche.
Enfin, et pour rappel, le procès concernant les documents classifiés a été fixé au 20 mai 2024, en pleine dernière ligne droite de la primaire républicaine. De quoi pimenter la guerre interne qui a déjà fait quelques blessés dans le camp conservateur.