Le jury du tribunal fédéral de Manhattan s'est séparé la semaine dernière sur une vidéo d'une déposition de l'ancien président des Etats-Unis. Sur la bande de 48 minutes rendue publique vendredi, l'ex-président se défend face à l'avocate d'E. Jean Carroll, Roberta Kaplan.
«Personne, pas même un ancien président, n'est au-dessus de la loi», a martelé Me Kaplan en ouvrant sa plaidoirie, s'adressant au jury.
Roberta Kaplan a rappelé que sa cliente avait témoigné devant le tribunal «durant plus de deux jours complets, répondant à chaque question», notamment sur «les raisons pour lesquelles elle n'avait pas crié» lors des faits présumés il y a plus de 25 ans.
Faute de voir Donald Trump se présenter en personne au tribunal, des extraits de la vidéo, enregistrée lors de la procédure en octobre, ont été diffusés jeudi.
Sans oublier de qualifier son accusatrice, une ex-journaliste et chroniqueuse du magazine Elle, qui l'accuse de l'avoir violée dans une cabine d'essayage d'un grand magasin de luxe de New York, de «menteuse» et de «malade».
Il a répété ne pas la connaître et assuré qu'elle n'était «pas (son) genre». Mais, une fois que l'avocate lui avait montré une photo de lui avec E. Jean Carroll lors d'une soirée, des années avant leur rencontre présumée de 1996, il l'a confondue avec son ex-femme Marla Maples. «La vérité, c'est que» E. Jean Carroll «était exactement son genre», a rétorqué lundi Me Kaplan.
Le camp Trump a contre-attaqué. S'adressant aux jurés, l'avocat de l'ancien locataire de la Maison Blanche, Joe Tacopina, combattif, a lancé: «Ils veulent que vous le détestiez suffisamment pour ignorer les faits». Il a pointé des incohérences dans les témoignages de E. Jean Carroll et de ses témoins et un manque de preuves matérielles.
Certes, a concédé Joe Tacopina, son client peut s'exprimer de manière «crue» sur les femmes, mais «cela ne rend pas crédible une histoire incroyable».
En octobre dernier, Trump a été invité à réagir à une autre vidéo, beaucoup plus ancienne. On l'entend se vanter d'embrasser et toucher à sa guise les femmes qui lui plaisent, et d'ajouter:
«C'est historiquement vrai pour les stars (...) si vous regardez ces derniers millions d'années, je pense que c'est vrai en grande partie, pas toujours, mais en grande partie, qu'on le déplore ou non», a-t-il expliqué en octobre.
Lundi, son avocat en a appelé au «bon sens» du jury assurant que si son client avait agressé E. Jean Carroll dans la cabine d'essayage, «il aurait été immédiatement arrêté».
Il n'existe pas de témoin oculaire de la scène décrite dans les rayons du magasin, mais deux amies de la plaignante ont confirmé devant le tribunal qu'elle leur avait confié, pour l'une quelques minutes plus tard, pour l'autre dans les jours suivants, qu'elle avait été «agressée» ou «attaquée» par l'homme d'affaires.
Mais pour Me Tacopina, Mme Carroll «n'est jamais allée voir la police parce que cela n'est pas arrivé». Il y voit plutôt une machination de la journaliste pour vendre son livre de 2019 et nuire politiquement à Donald Trump, qui compte reconquérir la Maison Blanche en 2024.
Le jury doit se retirer pour délibérer mardi. Le verdict, plus tard cette semaine, ne relèvera pas du pénal, mais du civil. Il devra déterminer l'éventuelle responsabilité de Donald Trump et le montant des dommages-intérêts. (mbr/ats)