«Détendez-vous, encaissez le coup, et attendez de voir comment la situation évolue», a déclaré sur Fox News le ministre américain des finances Scott Bessent après l'introduction mercredi par Trump de nouvelles taxes douanières d'au moins 10% dans plus d'une centaine de pays. «Si vous ripostez, il y aura une escalade».
Mais de nombreuses nations, à l'image du Canada ou de la Chine, ne l'entendent pas de cette oreille. Entre annonces de représailles et appels au calme, tour d'horizon des réactions internationales.
L'industrie chimique allemande, dont les Etats-Unis sont le premier marché d'exportation, a appelé mercredi l'UE à «garder la tête froide», soulignant qu'«une escalade ne ferait qu'aggraver les dégâts».
La fédération de l'industrie automobile (VDA) a de son côté estimé que les nouveaux droits de douane «ne feront que des perdants» et appelé l'UE «à agir de manière unie et avec la force nécessaire, tout en continuant à signaler sa volonté de négocier».
«Ces droits de douane ne sont pas inattendus, mais soyons clairs: ils sont totalement injustifiés», a déclaré le Premier ministre Anthony Albanese, déplorant un «geste qui n'est pas celui d'un ami» et craignant une détérioration des relations entre les deux pays.
Le Parlement a adopté à l'unanimité une «loi de la réciprocité» donnant au gouvernement des moyens pour répliquer aux barrières commerciales à ses exportations.
«Nous allons combattre ces droits de douanes avec des contre-mesures», a annoncé le Premier ministre Mark Carney, selon qui les nouveaux droits de douane vont «fondamentalement changer» le commerce international.
«La Chine exhorte les Etats-Unis à annuler immédiatement les droits de douane unilatéraux et résoudre de manière appropriée les différends avec ses partenaires commerciaux par le biais d'un dialogue équitable», a déclaré le ministère du Commerce, soulignant que ces taxes «mettent en péril le développement économique mondial».
En l'absence d'accord, Pékin envisage des «contremesures pour préserver ses droits et intérêts», a-t-il prévenu, soulignant qu'«il n'y a pas de vainqueur dans une guerre commerciale et aucune issue au protectionnisme».
«Le gouvernement américain croit qu'en augmentant les droits de douane sur ses importations de manière générale, il peut augmenter la production, la richesse et l'emploi. A mon avis, cela risque de s'avérer être une grande erreur», a estimé le président Gustavo Petro.
La «guerre tarifaire mondiale est devenue une réalité», a déploré le président par intérim Han Duck-soo, qui s'est engagé à «utiliser toutes les ressources du gouvernement pour surmonter la crise commerciale».
«Le commerce mondialisé a profité à tous (...) Je ne comprends pas que les Etats-Unis veuillent déclencher une guerre commerciale contre l'Europe. Personne n'est gagnant, tout le monde est perdant», a déclaré Lars Løkke Rasmussen, ministre des Affaires étrangères, assurant que «l'Europe restera unie. L'Europe donnera des réponses solides et proportionnées».
Le président français Emmanuel Macron va réunir à jeudi après-midi «les représentants des filières impactées par les mesures tarifaires annoncées par les Etats-Unis».
La semaine dernière, il avait émis l'espoir que Trump puisse «revenir sur cette décision» qui n'était selon lui «pas une bonne idée économique», ni une «bonne idée géopolitique». Selon lui, «il y a une forme de paradoxe à voir les principaux alliés des Etats-Unis être les premiers taxés».
Le Premier ministre Micheal Martin a dit «profondément regretter» les droits de douane imposés à l'UE et appelé les 27 à réagir de façon «proportionnée».
«Toute action doit être proportionnée et viser à défendre les intérêts de nos entreprises, de nos travailleurs et de nos citoyens», a déclaré le dirigeant, dont le pays accueille les sièges européens des grands groupes américains et enregistre l'excédent le plus large des membres de l'UE avec les Etats-Unis.
«L'introduction par les Etats-Unis de droits de douane à l'égard de l'UE est une mesure que je considère comme mauvaise», a déclaré la Première ministre Giorgia Meloni.
👉Notre direct sur la politique de Donald Trump👈
Elle veut «parvenir à un accord avec les Etats-Unis, afin d'éviter une guerre commerciale qui affaiblirait inévitablement l'Occident au profit d'autres acteurs mondiaux».
Les mesures tarifaires prises par les Etats-Unis sont «extrêmement regrettables», a indiqué le ministre du Commerce et de l'Industrie Yoji Muto, précisant avoir «vivement exhorté Washington à ne pas les appliquer au Japon».
«Nous avons de sérieuses inquiétudes quant à leur conformité avec les règles de (l'Organisation mondiale du commerce) et l'accord commercial entre le Japon et les Etats-Unis», a par ailleurs déclaré le porte-parole du gouvernement Yoshimasa Hayashi.
«L'amitié signifie partenariat. Le partenariat signifie des tarifs véritablement et réellement réciproques», a écrit le Premier ministre polonais Donald Tusk sur X. Selon lui, «des décisions adéquates sont nécessaires».
Le Royaume-Uni veut conclure un accord avec les Etats-Unis pour «atténuer» l'impact des droits de douane et n'entend pas riposter immédiatement, a annoncé le ministre du Commerce, Jonathan Reynolds.
«Les Etats-Unis étant notre allié le plus proche, notre approche consiste à rester calme et à nous engager à conclure cet accord qui, nous l'espérons, atténuera l'impact de ce qui a été annoncé aujourd'hui», a-t-il déclaré.
Les intérêts économiques à long terme du pays sont la priorité, a souligné la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter, alors que la Suisse est frappée de droits de 31%. «Le respect du droit international et le libre-échange sont fondamentaux», a-t-elle ajouté, précisant que Berne allait «définir rapidement la suite».
La Thaïlande dispose d'un «plan solide» pour répondre aux droits de douane de 36% la visant et espère pouvoir négocier une réduction de ceux-ci, a affirmé jeudi la Première ministre Paetongtarn Shinawatra.
Les nouveaux droits de douane sont «un coup dur» pour l'économie mondiale, a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Selon elle, il n'est «pas trop tard» pour négocier mais les Européens travaillent à «un nouveau paquet de contre-mesures» au cas d'échec des discussions. (jzs/ats)