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Trump a laissé Poutine «être la star» en Alaska

President Donald Trump disembarks Air Force One as he arrives at Joint Base Andrews, Md., early Saturday, Aug. 16, 2025, from a summit with Russian President Vladimir Putin in Anchorage, Alaska. (AP P ...
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Trump a laissé Poutine «être la star» en Alaska

Le président des Etats-Unis assurait avant la rencontre en Alaska qu'avec lui, Vladimir Poutine «ne ferait pas le malin». Mais, lors du sommet vendredi, Donald Trump a laissé le devant de la scène au président russe. Analyse.
16.08.2025, 19:3116.08.2025, 19:31
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«Pour un homme doté d'un tel sens du spectacle, Trump, de manière inhabituelle, a laissé Poutine être la star de son spectacle», a commenté Kristina Berzina, experte du German Marshall Fund.

Le président américain n'a pas décroché de concession de son homologue lors de cette rencontre qui devait dessiner une trajectoire de paix pour l'Ukraine après plus de trois années de guerre.

Pendant de rapides déclarations conjointes à la presse, qui n'ont pas été suivies de la session de questions-réponses promise, Vladimir Poutine, parlant en premier, a pu dérouler son argumentaire habituel. Il a ainsi répété que «toute les causes profondes» du conflit devaient être «éliminées».

Réservé et un peu crispé

Le président russe a réussi à écarter la conclusion d'un cessez-le-feu immédiat, réclamé par Kiev, au profit de négociations en faveur d'un accord de paix, pendant lesquelles l'offensive russe peut se poursuivre.

Donald Trump se targue d'être un négociateur hors pair et recourt volontiers à l'intimidation quand il reçoit des dirigeants étrangers, le président ukrainien Volodymyr Zelensky en a fait la cuisante expérience.

Sa rencontre avec le maître de Kremlin n'a certes pas été une redite du sommet de Helsinki en 2018. Donald Trump avait alors suscité un tollé politique en prenant pour argent comptant les dénégations de Vladimir Poutine dans une affaire d'ingérence électorale russe.

Mais vendredi, l'ancien animateur de téléréalité de 79 ans s'est montré, en public tout du moins, réservé et parfois même un peu crispé.

Journalistes éconduits

Le président américain était chez lui, sur une immense base aérienne, entouré des avions de combat américains les plus sophistiqués. Pourtant, lors de leurs apparitions publiques communes pendant les quelques heures passées en Alaska, Vladimir Poutine a semblé plus décontracté, gesticulant, souriant, faisant des mimiques.

Et Donald Trump, si prompt à transformer toute rencontre avec les journalistes en longue conférence de presse improvisée, n'a pas répondu à une seule question sur place.

Il a réservé ses premières réponses après la rencontre au présentateur vedette de la chaîne Fox News Sean Hannity, dont il est proche.

Jennifer Kavanagh, directrice des études militaires chez Defense Priorities, organisation qui prône le désengagement américain, a toutefois souligné que Donald Trump n'avait pas livré l'Ukraine sur un plateau au président russe, comme le craignaient certains.

«Incroyablement dur»

«Il mérite la reconnaissance» pour ses efforts de médiation, juge-t-elle. Le milliardaire, fasciné par les régimes autoritaires, a lancé après la rencontre que Vladimir Poutine était «incroyablement dur».

Le président américain a même estimé, pendant son échange avec Sean Hannity, que «l'une des choses les plus intéressantes» que Vladimir Poutine lui a dites portait sur... le système électoral, en l'occurrence la nécessité de supprimer le vote par correspondance.

Le président russe, au pouvoir depuis plus de 20 ans et élu l'an dernier avec 88% des voix, aurait aussi assuré à Donald Trump qu'il avait «largement» remporté l'élection de 2020. Elle a été gagnée par Joe Biden, mais le républicain refuse de le reconnaître.

Manger du poulet frit avec Vlad

En Alaska, Vladimir Poutine a par ailleurs assuré que si Donald Trump avait été au pouvoir, la guerre en Ukraine n'aurait certainement pas eu lieu. De quoi enchanter le président américain, qui répète que le conflit, déclenché par l'invasion russe de février 2022, n'a éclaté qu'à cause de la faiblesse de son prédécesseur démocrate.

Gregory Meeks, élu démocrate siégeant à la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, a jugé qu'en déroulant le tapis rouge, Donald Trump avait «blanchi les crimes de guerre de Poutine. C'est une honte».

Le service de presse du gouverneur de Californie Gavin Newsom, bête noire du président républicain, a commenté la rencontre par un message moqueur rédigé en majuscules, imitant les diatribes de Donald Trump sur Truth Social.

«Trump a fui l'estrade avec Poutine - pas de questions, rien! Pas d'énergie! On aurait dit qu'il venait de manger trois seaux de poulet frit avec Vlad», a écrit l'équipe du responsable démocrate sur X.

afp

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