Lorsqu'il s'agit de choisir ses collaborateurs, dans son entreprise comme à la Maison-Blanche, Donald Trump a une solution toute trouvée: puiser dans son vivier de loyalistes, à commencer par les membres de sa propre famille. Et qu'importe si leur fidélité surpasse de loin leurs qualifications. Pour le patron, c'est la garantie que la seule chose qui compte, la seule personne qui décide, c'est lui. Et lui seul.
Le népotisme n'a pas toujours été gage de réussite pour Donald Trump. Lui-même s'en rend compte. En juin 2023, le candidat républicain assurait sur Fox News avoir tiré les conséquences de son premier mandat. Placer ses enfants dans l'administration? On ne l'y reprendra plus.
Sauf que l'ancien président n'a pas retenu la leçon bien longtemps. Ce lundi, après avoir appuyé la candidature du républicain Michael Whatley (un trumpiste loyal, évidemment) à la présidence du Comité national républicain, il en a profité pour «glisser» le nom de sa belle-fille, Lara Trump, en tant que co-présidente. Officiellement, ce n'est qu'une recommandation. Mais compte tenu de son influence sur le RNC, il est presque certain que les désirs de Donald Trump seront des ordres. La preuve, s'il en fallait encore, que le parti républicain n'est rien de plus qu'une énième filiale de Donald Trump Inc.
Lara est la dernière d'une longue liste de Trump à servir les ambitions du patriarche. Et si l'épouse de son fils cadet, Eric Trump, accède au poste convoité de co-présidente, elle pourrait se montrer particulièrement utile. Elle l'a déjà promis, mardi soir, sur la chaîne Newsmax. «Chaque centime» récolté par l'organisation «ira à la première et à la seule tâche du RNC»: faire élire Donald Trump.
Pour l'anecdote, il paraît que cette ancienne collaboratrice de Fox News, qui a quitté son poste dans la chaîne pour s'investir dans la campagne, n'a pas toujours été en odeur de sainteté auprès de son influent beau-père. Selon l'ancien avocat de Donald Trump, Michael Cohen, sur les ondes d'un podcast cette semaine, il a carrément fallu à la bru des années de flatteries publiques pour qu'il daigne enfin la tolérer.
«Il ne voulait même pas qu'Eric l'épouse», ajoute l'ancien collaborateur. «Il avait trouvé quelqu'un d'autre qui travaillait à la Trump Organization, qu'il voulait pour Eric.»
Un constat qui n'empêche pas Eric Trump, lui, d'être à fond. Vice-président exécutif de la Trump Organization et pom-pom girl assumée de son géniteur, il est très investi dans la campagne depuis son lancement, en novembre 2022. S'il n'y occupe pas de poste officiel, il joue les porte-paroles réguliers sur Fox News – que ce soit pour critiquer Joe Biden ou faire l'apologie de papounet. Plus tôt ce mois-ci, Eric a déclaré en direct que son père n'avait pas besoin d'être président – il doit être président par amour pour le pays.
Et pour s'assurer d'être aussi proche physiquement de l'illustre paternel que possible, Eric a installé sa famille à Jupiter, en Floride – à seulement 35 minutes de la luxueuse station balnéaire de Mar-a-Lago – dans une jolie maison à 3,2 millions de dollars.
Même son de cloche pour Donald Junior, le fils aîné et vice-président de la Trump Organization - et, si c'est possible, plus grand fan encore de son père. Quand il ne profite pas de son manoir à 7,9 millions, le principal «chien d'attaque» de Donald Senior est en première ligne. Expert dans l'art de polémiquer sur les réseaux, d'attiser les foules et de titiller les médias conservateurs.
Après avoir passé une grande partie des campagnes de 2016 et 2020 à sillonner le pays et les rassemblements électoraux, Don est passé du vulgaire substitut de campagne, qui n'a jamais travaillé à la Maison-Blanche, à l'un des stratèges politiques officieux les plus fiables. Plus conservateur et plus belliqueux encore que ne l'est Donald, on dit qu'il lui a insufflé certaines de ses politiques les plus à droite.
Quant à la fiancée de Don Junior, Kimberly Guilfoyle, elle n'est pas en reste: avocate, ancienne animatrice de Fox News et conseillère principale pendant la présidence de Donald Trump en 2020, on l'aperçoit désormais régulièrement sur les meetings.
En fait, Don Junior n'a fait que s'engouffrer dans la brèche laissée vacante par son beau-frère, Jared Kushner, le très estimé genre de l'ancien président. Des rumeurs ont circulé selon lesquelles Donald Trump, en cas de réélection, pourrait être tenté de confier à son ancien haut conseiller à la Maison-Blanche un autre poste prestigieux: secrétaire d’Etat. «Si Jared ne peut pas instaurer la paix au Moyen-Orient, personne ne le peut», a-t-il asséné encore récemment à propos du mari de sa fille adorée, Ivanka.
Reste que, pour l'instant, ni Jared ni Ivanka ne semblent prêts à revenir dans l'orbite professionnelle du candidat. Exilé depuis 2021 dans leur «bunker du milliardaire», Indian Creek, une île privée près de Miami, le couple panse ses plaies. Sitôt son père relancé dans une troisième campagne, Ivanka a fait savoir que, cette fois-ci, ce serait sans elle.
Pour le moment, rien n'indique que celle qui a choisi de «donner la priorité à ses jeunes enfants» et à leur «vie privée», aurait changé d'avis. Quant à Jared Kushner, il se consacre encore à son fructueux fonds d'investissement privé qui est actif au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie.
Il est probable qu'il en soit de même pour Tiffany, 30 ans, unique enfant née du mariage de Donald Trump avec sa seconde épouse, Marla Maples. La jeune femme ne semble pas plus intéressée à s'investir dans les affaires commerciales de son père que dans sa politique.
Si certains observateurs ont perçu dans cette troisième campagne une occasion unique pour Tiffany d'approfondir les liens avec Donald Trump, ses priorités semblent jusqu'ici se diriger plutôt vers son récent mariage avec l'héritier milliardaire libano-américain, Michael Boulos - lequel ne semble pas plus enclin à s'engager auprès de beau-papa. Pris par leur lune de miel, les jeunes mariés ont même raté le lancement de la campagne, en novembre 2022.
Ce n'est pas un scoop, mais Melania Trump est sans doute la personne la moins emballée sur Terre à l'idée de remettre le nez dans la mêlée politique. Notamment, dit-on, parce qu'elle souhaite protéger son fils adoré de 17 ans, dont les médias n'attendent que la majorité pour se jeter dessus. Au contraire de sa femme, Donald, lui, serait ravi d'exploiter le potentiel de son fringuant fiston pour appâter les jeunes électeurs. En attendant, l'engagement politique du discret Barron, qui prépare son entrée à l'université, semble bien loin.
En ce qui concerne Melania, en revanche, Donald Trump est formel: son épouse le soutient à 100% et devrait «très bientôt» montrer son minois plus régulièrement aux événements (une promesse qu'il répète inlassablement depuis des mois). Selon Axios, l'ancienne première dame a émis une condition à son investissement: que son mari désigne la vedette conservatrice Tucker Carlson comme colistier.
Alors que le chef du clan Trump semble toucher du doigt son second mandat, un dilemme se pose pour Melania, Ivanka, Jared et tous les membres de la famille guère enclins à se réinvestir auprès d'un candidat radioactif, visé par quatre procès pénaux. Garder leurs distances... ou retourner dans la fosse aux serpents, au cas où le roi reconquiert son trône.