L'Iran, après trois jours de silence, a nié lundi «catégoriquement» toute implication dans l'attaque aux Etats-Unis contre Salman Rushdie, en faisant porter la responsabilité à l'auteur des «Versets sataniques», 33 ans après la fatwa le condamnant à mort.
«Dans cette attaque, seuls Salman Rushdie et ses partisans mériteraient d'être blâmés et même condamnés», a jugé le porte-parole iranien lors de sa conférence de presse hebdomadaire à Téhéran:
Hospitalisé pour des blessures graves après l'attaque, Salman Rushdie, 75 ans, va un peu mieux selon ses proches. Il n'est plus sous assistance respiratoire et «la voie du rétablissement a commencé», s'est félicité son agent Andrew Wylie dans un communiqué transmis au Washington Post.
Salman Rushdie, né en 1947 en Inde dans une famille d'intellectuels musulmans non pratiquants, avait embrasé une partie du monde musulman avec la publication en 1988 des «Versets sataniques», roman jugé par les plus rigoristes comme blasphématoire à l'égard du Coran et du prophète Mahomet.
Le fondateur de la République islamique a émis en 1989 une fatwa appelant au meurtre de Salman Rushdie, qui a vécu des années sous protection policière.
Le porte-parole a jugé «complètement contradictoire» de «condamner d'une part l'action de l'agresseur et absoudre l'action de celui qui insulte les choses sacrées et islamiques est complètement contradictoire».
L'agresseur présumé, Hadi Matar, un Américain d'origine libanaise âgé de 24 ans, a été inculpé de «tentative de meurtre et agression». Il a plaidé «non coupable» par la voix de son avocat.
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a déclaré dimanche que des médias d'Etat iraniens «jubilaient» après l'agression de l'intellectuel. «C'est abject», a-t-il observé dans un communiqué.
En Iran, le quotidien ultraconservateur Kayhan a félicité «cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l'apostat et le vicieux Salman Rushdie». Javan, autre journal ultraconservateur, écrivait qu'il s'agissait d'un complot des Etats-Unis qui «voulaient probablement propager l'islamophobie dans le monde».
Sujet sensible en Iran, plusieurs personnes interrogées par l'AFP ces derniers jours à Téhéran ont refusé de commenter devant une caméra l'attaque contre Salman Rushdie. (ats/jch)