Les Parisiens ont exprimé dimanche une franche opposition aux trottinettes électriques en libre-service lors d'une consultation inédite. Près de 90% des votes étaient contre, selon les chiffres:
Anne Hidalgo s'était engagée «à respecter purement et simplement le résultat», quel qu'il soit. Elle-même a fait campagne pour le vote «contre» en soulignant que l'éviction de ces trottinettes réduirait «les nuisances» sur le bitume et les trottoirs de la capitale.
Merci au plus de 100 000 Parisiens qui se sont exprimés, c’est une belle victoire de la démocratie locale. Une fois de plus, Paris a su innover !
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) April 2, 2023
Les Parisiens se sont massivement prononcés contre les trottinettes en libre-service, nous y mettrons fin d'ici le 1er septembre. pic.twitter.com/2YTy1YGDdj
Les détracteurs attaquent les trottinettes électriques, car:
Après la mort d'une Italienne de 32 ans en juin 2021, percutée par une trottinette électrique sur laquelle se trouvaient deux personnes, Paris avait obligé les opérateurs à brider la vitesse à 10km/h dans 700 zones denses.
En 2022, 22 décès accidentels dus aux engins de déplacement personnel motorisés - qui réunissent, outre la trottinette électrique, le monoroue, le gyropode et l'hoverboard - ont été répertoriés en France, contre dix en 2019.
Les partisans des trottinettes mettent en avant un mode de déplacement «doux», au même titre que les vélos en libre-service. Les trottinettes sont particulièrement utiles en cette période de grève récurrente dans les transports en commun parisiens, pour cause de mobilisation contre la réforme des retraites.
A Barcelone ou à Montréal, ces deux-roues légers en libre-service ont été totalement interdits et à Lisbonne leur nombre va bientôt être divisé par deux et leur vitesse réduite à 20 km/h, des décisions déjà engagées à Stockholm ou Oslo.
Engins du diable pour les uns, outils de transport pour les autres, la flotte des 15 000 trottinettes en service dans la capitale française est sur la sellette.
Après les avoir accueillies en 2018, Paris va donc devenir la première capitale européenne à complètement interdire ces deux-roues, à la fin des contrats liant la ville aux trois opérateurs privés Lime, Tier et Dott, le 31 août prochain.
Introduites en 2018 à Paris, qui était alors précurseur en la matière, les trottinettes en libre-service ont progressivement perdu de leur côté ludique et utile pour devenir «un sujet de crispation» chez les Parisiens, selon Anne Hidalgo.
La maire de Paris est très critiquée pour l'organisation de cette «votation», un terme qui n'existe pas en droit français.
Les consultations doivent «porter sur des sujets d'envergure» et non pas un sujet «mineur», tacle le maire Les Républicains (droite) du VIe arrondissement de Paris, Jean-Pierre Lecoq. Selon lui:
Même du côté des écologistes, l'initiative divise: l'adjoint EELV aux mobilités, David Belliard, voulait chasser les 15'000 trottinettes sans protocole, il se retrouve à faire campagne «contre», tandis qu'une autre figure du parti, l'eurodéputée Karima Delli, a pour sa part appelé à sauver les trottinettes.
Le clan du «pour» s'est organisé, au premier rang desquels les trois opérateurs, qui ont multiplié les opérations : course offerte dimanche pour aller voter, influenceurs payés sur les réseaux sociaux...
Ils ont réclamé, en vain, le vote électronique pour ce scrutin qui doit commencer à 09h00 locales et s'achever à 19h00.
Pour voter dimanche, il faut:
(baf/ats)