Cette année, nous avons pu observer un phénomène météorologique marquant: des aurores boréales, qu'on a pu observer, même sous nos latitudes.
En cause: des tempêtes solaires. Le soleil a en effet été extrêmement actif en 2024, une vigueur qui a généré de nombreuses éruptions. Si les aurores boréales qui accompagnent les tempêtes solaires sont magnifiques et bénignes, les éruptions peuvent, elles cependant, s'avérer dangereuses.
Les conséquences d'une éruption solaire massive sont diverses mais bien réelles. Les satellites en orbite autour de la Terre sont notamment perturbés. Une tempête survenue en 2022 a ainsi mis hors service près de 40 satellites Starlink. Les épisodes les plus violents peuvent aller jusqu'à l'effondrement de réseaux électriques.
Selon l'Agence spatiale européenne (Esa), les dégâts de ce genre de phénomène extrême pourraient s'élever à environ 15 milliards d'euros en Europe. Des chercheurs de l'Institut Max Planck pour la recherche sur le système solaire (MPS), à Göttingen en Allemagne, se sont penchés sur ces super éruptions solaires — ou plutôt, stellaires.
Ces éruptions au rayonnement extrêmement puissant n'ont pour l'heure pas touché «notre» soleil. Mais d'autres étoiles en ont déjà subi. Elles sont jusqu'à 10 000 fois plus puissantes que les éruptions solaires les plus puissantes jamais enregistrées.
Selon les informations récoltées par les scientifiques, il s'avère que notre soleil a lui aussi libéré, dans le passé, des éruptions ayant atteint un niveau comparable. L'équipe du MPS a utilisé des images du télescope spatial Kepler, de la Nasa, aujourd'hui hors service, qui a mesuré la luminosité des étoiles entre 2009 et 2013.
Elle a analysé 56 450 étoiles semblables au soleil et a documenté 2889 super éruptions. En moyenne, une éruption de ce genre se produit environ une fois par siècle et par étoile, soit bien plus souvent qu'on ne le pensait
Les super éruptions libèrent des énergies comparables à celles de billions de bombes thermonucléaires. Selon l'astronome et chercheur Sami Solanki, qui a déclaré au magazine allemand Spiegel:
Une des plus puissantes tempêtes solaires jamais enregistrée est celle de 1859, aussi appelée «évènement de Carrington», du nom du chercheur qui l'a observée en premier. A l'époque, elle a provoqué des perturbations massives des réseaux télégraphiques. On pouvait alors voir des aurores boréales depuis Rome et La Havane. Mais même là, on ne peut pas parler de super éruption.
Il est possible de détecter des traces de tempêtes solaires dans la nature: par exemple par la mesure de l'isotope carbone C-14 dans le bois des vieux arbres ou par des variantes radioactives de béryllium et de chlore dans la glace des glaciers. De telles analyses montrent qu'il y a eu au moins cinq éruptions exceptionnelles comme celle de 1859 au cours des derniers millénaires.
Les prévisions à long terme pour ces éruptions de grande ampleur sont déjà difficiles — cela l'est donc d'autant plus pour une potentielle super éruption. Ce qu'on sait, c'est que ce n'est que lorsque le Soleil montre des signes imminents d'éruption que les systèmes d'alerte peuvent se déclencher.
La sonde Vigil de l'Esa, prévue pour observer latéralement le Soleil à partir de 2031, pourrait offrir une avancée conséquente dans ce domaine. Elle devrait permettre aux satellites potentiellement impactés de réagir à temps ou de mieux protéger les réseaux électriques.
(Adaptation française: Valentine Zenker et Alexandre Cudré)