Si Avi Loeb réussit, il pourrait passer du statut d'outsider moqué à celui de star de la science. Après que «Oumuamua» – la première comète connue provenant de l'extérieur de notre propre système solaire, a frôlé la Terre en 2017 – l'astronome de Harvard s'est mis à la recherche d'autres objets tout aussi rares. Et il a trouvé ce qu'il cherchait dans une base de données du gouvernement américain.
Leurs satellites avaient enregistré, le 9 janvier 2014, près de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, l'entrée dans l'atmosphère terrestre d'un objet extrêmement rapide. Le «IM1» a percuté la Terre à 162 000 kilomètres par heure, comme l'ont montré les enregistrements. Le commandement spatial américain a confirmé par la suite que l'objet provenait de l'espace interstellaire. Mais ce n'est pas la seule chose qui a fasciné Loeb à propos de IM1.
La courbe de lumière enregistrée du météore indiquait que l'objet était extrêmement dur. Le IM1 ne s'est pas désintégré avant d'atteindre l'atmosphère terrestre basse. On ne sait pas exactement de quel matériau était composé le météore, mais il devait être plus dur que l'acier, sinon il aurait brûlé plus tôt. Il en a été de même pour le météore «IM2» observé en 2017, le troisième objet interstellaire connu dans notre système solaire, après Oumuamua et IM1. La thèse d'Avi Loeb sur l'origine du matériau est toutefois la raison pour laquelle il est controversé dans la communauté scientifique.
Soyons clairs: sa croyance en l'origine artificielle de IM1 et IM2 a aussi aidé le chercheur à récolter suffisamment de fonds pour une expédition dans le Pacifique.
Depuis le 14 juin, Avi Loeb et une équipe explorent une zone maritime au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée à la recherche des restes de IM1. Si ce qu'ils cherchent s'apparente à une aiguille dans une botte de foin, c'est en fait un jeu d'enfant: à l'aide d'aimants et de tamis placés dans un dispositif à l'arrière de leur bateau, les chercheurs scrutent le fond marin à 1,7 kilomètre de profondeur à la recherche de minuscules billes métalliques, qui ne mesurent souvent qu'une fraction de millimètre. Et pourtant, l'équipe affirme avoir déjà enregistré un premier succès.
Le 21 juin dernier, l'équipe a fait état sur son blog d'une bille présentant une combinaison inhabituelle de fer, de magnésium et de titane, qui ne correspond ni à un objet fabriqué par l'homme ni à un objet provenant de notre système solaire. D'autres chercheurs ont toutefois réagi avec scepticisme:
Mais Avi Loeb a l'habitude de prendre le scepticisme de ses collègues scientifiques comme un challenge. Aujourd'hui encore, il défend l'idée que Oumuamua était un vaisseau-mère extraterrestre et se montre également combatif dans la recherche de IM1 et la preuve de son origine artificielle: «Je reconnais que les chances de succès sont faibles», écrit-il sur son blog. «Malgré tout, je pense que le jeu en vaut la chandelle.»
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)