L'association club Kineret, organisatrice du séjour d'une cinquantaine d'adolescents français de confession juive débarqués d'un avion alors qu'ils rentraient de vacances en Espagne, a annoncé jeudi qu'elle constituait les éléments en vue du dépôt d'une plainte en France visant la compagnie aérienne Vueling. Son avocate Julie Jacob. a évoqué des «circonstances aggravantes» étant donné qu'il s'agit de «mineurs de moins de 15 ans».
«Le seul élément commun à l'ensemble du groupe est leur visibilité religieuse», a précisé l'association club Kineret dans un communiqué publié sur Instagram. «Certains enfants portaient une kippa, d'autres des symboles identitaires juifs (Etoile de David).» L'association précise dans son communiqué que le groupe comportait «44 enfants, encadrés par sept adultes».
La colonie s'interroge donc «sur le caractère profondément discriminatoire et profondément antisémite» de cet acte.
L'incident s'est produit mercredi après-midi, lorsqu'une quarantaine d'adolescents entre 12 et 15 ans, qui se trouvaient en Espagne depuis deux semaines, s'apprêtaient à décoller de l'aéroport de Valence (sud-est) à bord d'un vol de la compagnie espagnole Vueling à destination de Paris-Orly.
Dans un long communiqué publié jeudi matin sur le réseau social X, cette compagnie à bas coût a imputé cet incident aux adolescents, les accusant d'avoir eu un «comportement inapproprié» et «une attitude fortement conflictuelle, mettant en péril le bon déroulement du vol».
A en croire Vueling, les adolescents auraient «manipulé de manière inappropriée du matériel de sécurité et interrompu activement la démonstration obligatoire des consignes. Malgré de nombreux avertissements, ce comportement inapproprié a persisté», amenant l'équipage à demander «l'intervention de la Garde civile», qui a alors «procédé au débarquement du groupe afin de garantir la sécurité du reste des passagers», selon la compagnie.
«Nous contestons avec énormément de documents ces allégations mensongères», a indiqué Julie Jacob, assurant disposer de nombreux témoignages de passagers de l'avion infirmant les propos de la compagnie.
Selon Vueling, «le comportement agressif du groupe s'est poursuivi» à la sortie de l'avion. Une des adultes encadrant le groupe a été arrêtée. Une vidéo présentée comme celle de cette interpellation a circulé sur les réseaux sociaux, montrant une jeune femme plaquée au sol sans ménagement et menottée par des agents de la Garde civile.
Une porte-parole de la Garde civile a confirmé le récit de Vueling, assurant que les membres du groupe n'avaient pas écouté les consignes répétées de l'équipage. La monitrice a été interpellée «parce qu'elle refusait de descendre de l'avion et d'obéir aux agents», a complété cette porte-parole, précisant qu'elle avait été rapidement remise en liberté. Mais cette version est battue en brèche par l'association Club Kineret, qui parle d'une «scène d'une brutalité rare, injustifiée, et manifestement empreinte de partialité».
Les enfants étaient «tranquilles» quand la Garde civile est arrivée, a ainsi assuré la mère de l'un de ces adolescents, Karine Lamy, sur la chaîne israélienne i24News, dénonçant «un acte antisémite». «Ils ont été débarqués comme des chiens», a-t-elle lancé, précisant que les plus jeunes étaient «des gosses de 12-13 ans». Avant cela, les parents de certains enfants s'étaient déjà élevés dans les médias contre la version de Vueling.
Me Julie Jacob a dénoncé une «violence aggravée» à l'encontre de la monitrice. «Hier soir, les adolescents se sont retrouvés seuls à Valence, sans nourriture et sans hébergement», a-t-elle également déploré.
L'association club Kineret exige notamment «l'ouverture immédiate d'une enquête indépendante, complète et transparente, la reconnaissance officielle des faits» et «des excuses publiques» de la compagnie.
(sda/ats/afp)