Donald Trump, selon son ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton, ne comprend pas l’utilité de l’Alliance atlantique de défense. Les Etats-Unis n'ont pas encore quitté l'Otan, mais «on sent déjà un changement», précise John Bolton.
Un cessez-le-feu rapide en Ukraine pourrait en effet ouvrir la voie à un départ des troupes américaines d'Europe. Lors de la première ronde de négociations à Riyad, la Russie a d'ores et déjà exigé le retrait de l'Europe de l'Est de toutes les troupes de l'Otan, selon des responsables roumains. Cette demande aurait des conséquences dramatiques pour des pays comme la Pologne, la Roumanie, les Etats baltes et les membres anciennement soviétiques de l'Otan.
Une analyse publiée vendredi par l’Institut Kiel pour l’économie mondiale a évalué l’ampleur du vide que pourrait laisser un retrait total des troupes américaines d’Europe. Résultat: pour combler ce manque, l’Europe devrait mobiliser un supplément de 250 milliards d’euros par an et recruter au moins 300 000 soldats supplémentaires.
Les Etats-Unis disposent actuellement de 100 000 soldats répartis sur diverses bases en Europe. En cas de conflit, le plan prévoit l’envoi rapide de 200 000 soldats supplémentaires depuis l’Amérique. En conséquence, les Européens devraient créer une force de 300 000 soldats supplémentaires – voire davantage, car les armées européennes sont fragmentées, contrairement à la structure de commandement unifiée des Etats-Unis.
Il faudrait en outre remplacer des unités mécanisées lourdes. Cela impliquerait l’acquisition de 1400 chars, 2000 véhicules blindés de combat et 700 pièces d’artillerie, ce qui correspond à la capacité de combat actuelle des forces terrestres combinées de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et du Royaume-Uni. Un autre défi majeur serait la capacité industrielle limitée des pays européens pour fabriquer cet équipement. Il serait donc essentiel pour les Européens de mettre leurs efforts en commun et d’organiser les achats de manière coordonnée.
La bonne nouvelle dans tout ça? Même si l’Europe devait assumer des coûts supplémentaires annuels de 250 milliards d'euros, cela ne représenterait pas un fardeau insurmontable.
Cette somme est bien inférieure à celle mobilisée lors de la pandémie du Covid, ce qui la rend gérable pour les Etats européens.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder