A l’issue des pourparlers les plus approfondis entre les deux pays depuis plus de trois ans, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio s’est déclaré «convaincu» que Moscou souhaite s’engager dans un «processus sérieux» pour mettre fin à la guerre. Il a également souligné que les Européens devraient être associés aux discussions, précisant qu’un accord sur l’Ukraine devra être «acceptable pour tous».
«Il doit s'agir d'une fin permanente à la guerre, pas une fin temporaire, comme on a vu par le passé. On sait, c'est juste la réalité des choses, qu'il devra y avoir une discussion sur les territoires et qu'il y aura une discussion sur les garanties de sécurité», a encore affirmé Marco Rubio à la presse.
Ces déclarations interviennent alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a récemment affirmé que Kiev ne reconnaîtrait aucun accord conclu en son absence. De leur côté, les dirigeants européens, réunis lundi en urgence à Paris, ont insisté sur la nécessité de «faire équipe» avec Washington pour garantir une paix «juste et durable» en Ukraine.
Toutefois, ces questions ont été éludées lors de la rencontre entre les chefs de la diplomatie américaine et russe, Marco Rubio et Sergueï Lavrov, qui se sont contentés d’annoncer la mise en place de «équipes de haut niveau» chargées de travailler sur une issue durable et acceptable du conflit en Ukraine.
«Nous avons discuté, exposé nos approches de principe et convenu que des équipes distinctes de négociateurs sur ce sujet prendraient contact en temps voulu», a indiqué de son côté Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique du Kremlin.
Pour l’heure, aucune échéance n’a été avancée. «Il est encore difficile de dire si (les positions russes et américaines) se sont rapprochées, mais c’était le sujet», a déclaré Iouri Ouchakov à la télévision russe, tout en jugeant prématuré de parler «de dates concrètes pour une rencontre des deux dirigeants».
Washington et Moscou se sont également entendus sur la mise en place d’un «mécanisme de consultation» visant à «poser les bases d’une future coopération sur des enjeux géopolitiques d’intérêt commun et sur les opportunités économiques et d’investissement historiques qui émergeront d’une issue réussie au conflit en Ukraine», selon un communiqué du département d’Etat américain.
«J'ai des raisons de penser que les Américains ont commencé à mieux comprendre notre position», a déclaré Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse, jugeant leur conversation «utile».
«Nos intérêts nationaux ne coïncideront pas toujours, mais lorsqu'ils ne coïncident pas, il est très important de réguler ces divergences, de (...) ne pas provoquer d'affrontements militaires», a-t-il poursuivi.
Sergueï Lavrov a ajouté avoir observé un «vif intérêt» lors de cette réunion russo-américaine pour «la levée des obstacles artificiels au développement d'une coopération économique mutuellement bénéfique» - en référence aux sanctions adoptées par les Occidentaux à l'encontre de Moscou après l'invasion de l'Ukraine. Il a dit avoir observé une «volonté entre grandes puissances» de «maintenir un dialogue professionnel normal et d'essayer de s'entendre».
Parmi les sujets d'accord, Moscou et Washington ont décidé de «lever les obstacles» existants sur leurs missions diplomatiques respectives en Russie et aux Etats-Unis, qui ont été entravées ces dernières années par des expulsions croisées de diplomates, des saisies immobilières et des gels de comptes bancaires.
Avant même ces discussions, Moscou avait rappelé que le règlement de la guerre en Ukraine ne pouvait être dissocié d’une réorganisation de l’architecture sécuritaire européenne. Le Kremlin exige depuis longtemps un retrait des forces de l’Otan d’Europe orientale, considérant l’Alliance comme une menace existentielle.
A ce sujet, le chef de la diplomatie russe a précisé mardi que la Russie demeure opposée au déploiement en Ukraine de troupes de pays membres de l'Otan, même sous drapeaux nationaux ou de l'UE. «Nous avons expliqué aujourd'hui que le déploiement (en Ukraine) de troupes de forces armées des pays de l'Otan, mais sous un autre drapeau, sous le drapeau de l'Union européenne ou sous des drapeaux nationaux ne change rien. C'est bien sûr inacceptable», a déclaré Sergueï Lavrov. (mbr avec afp)