Depuis l’escalade des manifestations à Los Angeles, Gavin Newsom n'est pas avare de critiques vis-à-vis de Donald Trump. Le gouverneur de la Californie a notamment lancé:
De telles attaques frontales pourraient bien profiter à Gavin Newsom, qui s’impose désormais comme opposant numéro au président républicain. Un rôle qu’il semble assumer avec détermination, et dont il pourrait tirer un bénéfice politique non négligeable.
Pour rappel, en réponse aux troubles du week-end dernier, Donald Trump a ordonné l’envoi dans la métropole californienne de plusieurs milliers de soldats de la Garde nationale, et de quelque 700 marines. Une décision prise contre l’avis du gouverneur, qui jugeait cette mesure «inutile», et qui a accusé le président de «jeter de l’huile sur le feu».
Le bras de fer a franchi un nouveau cap lorsque Tom Homan, l’émissaire de Trump chargé de la politique migratoire, a menacé d’arrêter Gavin Newsom. Ce dernier a répliqué sèchement:
Plus que jamais, le gouverneur de 57 ans se pose en défenseur de tous les habitants de son état, qu'ils aient ou non un statut légal. L'élu a dénoncé avec virulence les descentes de la police de l’immigration, qui ont visé ces dernières semaines des cérémonies de remise de diplômes dans des écoles. Il a lancé à l'ICE:
Ce discours combatif séduit bien au-delà de la Californie. Le New York Magazine titrait récemment: «Trump a fait de Gavin Newsom le chef de l’opposition.» Suzi LeVine, ancienne ambassadrice des Etats-Unis en Suisse sous Barack Obama, abonde. Elle nous a confié:
Depuis leur défaite électorale de novembre dernier, les démocrates cherchent une voie, un cap, et surtout un leader. Minoritaires dans les deux chambres du Congrès, ils peinent à afficher une ligne claire. Et voilà que la situation explosive en Californie pourrait, à l’insu de Donald Trump, offrir une figure derrière laquelle l’opposition pourrait se ranger.
Gavin Newsom n’était pourtant pas au sommet de sa popularité ces derniers mois. Sa cote était en baisse, affaiblie par une gestion critiquée de l’immigration, une montée de l’insécurité et une crise du sans-abrisme sans précédent. Sur le plan économique, la pression s’était accentuée, car selon récente une étude, la Californie est devenue en 2025 l’état le plus cher des États-Unis.
Afin de regagner en popularité, Gavin Newsom a multiplié les initiatives en ce début d'année. Il a notamment lancé son propre podcast, dans lequel il a invité des figures de la droite telles que Steve Bannon, un proche de Trump, ou le podcasteur conservateur Charlie Kirk. Dans ses émissions, il adopte un ton conciliant et des propos critiques à l’égard de son propre camp, qualifiant certaines tendances démocrates de «toxiques».
Il a notamment partagé une prise de position controversée sur la participation des athlètes transgenres aux compétitions féminines, n'hésitant pas à dire qu’il trouvait cela «profondément injuste». Ses détracteurs l’avaient alors accusé d’opportunisme. Mais cette parenthèse durant laquelle il avait joué l'ouverture avec les conservateurs semble désormais refermée.
Depuis des mois, les spéculations vont bon train quant à une candidature de Gavin Newsom pour la présidentielle américaine de 2028. Le gouverneur avait renoncé à se présenter en 2024, mais revient donc aujourd’hui sur le devant de la scène nationale.
Prononcé mardi soir, son discours contre les politiques de Trump a fait grand bruit. En référence aux envois de troupes et aux opérations de répression menées contre les communautés migrantes, il a déclaré:
Les réactions ont été immédiates. Sur Instagram, une internaute a salué «un discours incroyable», tandis qu’un autre appelait: «Continuez à vous battre, et présentez-vous en 2028. Nous avons besoin de votre leadership.» Reste à savoir combien de temps cette popularité peut durer.
A ce sujet, l'ex-ambassadrice Suzi LeVine reste prudente: «Il vit actuellement son moment. Mais Cory Booker aussi avait eu le sien.» Le sénateur s’était illustré par un discours marathon de 25 heures au Sénat, avant de disparaître peu à peu des radars politiques.
Pour l’instant, Gavin Newsom occupe le devant de la scène, et incarne l’espoir d’une opposition déterminée face à un éventuel second mandat de Trump. Le gouverneur de Californie fait preuve d'une opposition qui ne se contente pas de dénoncer, mais qui contre-attaque. Reste à savoir si cette dynamique pourra s’inscrire dans la durée.
Traduit de l'allemand par Joel Espi