Les politiciens, c'est un peu comme les people. Il y en a qui sont réputés pour être très cool, d'autres pour être extraordinairement chiants. C'est le cas de Rihanna et de son penchant pour les tapis moelleux. Mais c'est aussi celui de Doug Burgum, le secrétaire à l'intérieur des Etats-Unis. Au point qu'à Washington, en interne, il aurait acquis le délicat surnom de «Doug la diva».
Mais que vaut à cet entrepreneur multimillionnaire, ancien gouverneur du Dakota du Nord et ex-candidat à la Maison-Blanche, tant de critiques?
C'est The Atlantic qui a dévoilé cette enquête fort divertissante dans les coulisses du département de l'Intérieur américain, un département ministériel décrit comme «mineur», où l'ancien rival politique de Donald Trump, pressenti pour devenir son colistier sur le ticket, a atterri en février dernier.
Département «mineur», peut-être, mais cela n'a pas empêché Doug Burgum d'adresser à plusieurs reprises des requêtes pour le moins... inhabituelles. Jusqu'à laisser certains employés «en pleurs», nous dit le magazine.
En tête de liste, une fixette manifeste sur les cookies aux pépites de chocolat. Mais attention, pas les vulgaires Chips Ahoy! industriels déballés du sachet pour être jetés dans une assiette. Non. De véritables cookies fraîchement préparés et, de préférence, «encore chauds».
Jusque-là, pourquoi pas. Mais cette gourmandise serait devenue un sujet de conversation persistant ces dernières semaines, après que la cheffe de cabinet de Doug Burgum, JoDee Hanson, soit encouragée à «apprendre à préparer régulièrement des biscuits pour Burgum et ses invités, en utilisant les fours industriels du siège du ministère». Une tradition que le millionnaire perpétuerait depuis l'époque où il était encore gouverneur du Dakota du Nord, selon deux sources.
Contactés pour commenter ces allégations, deux fonctionnaires ont tenu à préciser (sous couvert d'anonymat) que les dits biscuits - préparés à partir de pâte pré-faite achetée en magasin et servis aux invités et au personnel dans un panier - font simplement partie de l'hospitalité offerte par le ministère aux visiteurs. Ouf.
Si le cookiegate peut paraître anecdotique, il ne s'agit pas du seul prétendu «caprice» de Doug la diva. Selon The Atlantic, outre des vols en hélicoptère spécialement dépêchés pour son transport personnel, le ministre à l'Intérieur aurait d'autres demandes assez, dirons-nous... précises.
Parmi elles, celle de se voir servir des «menus en plusieurs plats». A défaut de disposer de son propre service de restauration, comme d'autres départements du gouvernement, Doug Burgum était jusque-là convié à se restaurer au Met Cafe, un établissement public situé de l'autre côté de la rue, à Washington.
Cependant, le 11 février, son cabinet a préféré organiser un déjeuner composé de plusieurs plats pour quelques convives. Rien de bien fou, tiennent à préciser deux responsables: salade, lasagnes et dessert. «On parle de trois assiettes et trois fourchettes», a soupiré l'un d'eux à The Atlantic, ajoutant que c'était la seule fois que Doug Burgum avait réclamé un tel déjeuner sur place.
Plus original? Le ministre à l'Intérieur a également eu recours à des fonctionnaires nommés par les services politiques de son ministère à d'autres fins. Par exemple, empiler du bois dans la cheminée de son bureau.
Mais là encore, pas de panique! réplique un fonctionnaire du ministère à l'Intérieur, contacté pour s'exprimer sur l'affaire des bûches. Si Doug Burgum donnait des conseils, ce n'était pas par «impériosité». Lui qui travaillait comme ramoneur à l'université cherchait probablement, tout simplement, «à se rendre utile». Nous voilà rassurés.
Autre demande récurrente du patron? Que les étiquettes des bouteilles d'eau soient retirées avant d'être déposées sur les tables. Bizarre? Mais non! Selon un responsable, simple mesure de précaution. Il s'agirait d'éviter tout problème d'image de marque, notamment lors du partage de photos sur les réseaux sociaux. Pfiou!
Reste que, selon le magazine, certaines inquiétudes auraient été transmises jusqu'aux plus hautes sphères de Washington. Contactée par The Atlantic, la porte-parole du ministère à l'Intérieur répond qu'il s'agit là de «calomnies pathétiques émanant de lâches anonymes». Celle de la Maison-Blanche, quant à elle, dénonce:
Et puis, d'ailleurs:
Quant à un proche conseiller de Doug Burgum, il a contacté proactivement le magazine avant la mise en ligne de l'article, pour assurer qu'il ne l'avait jamais vu se comporter avec arrogance. Au contraire, Doug Burgum exprimerait régulièrement sa gratitude envers son personnel, de manière si chaleureuse et insistante, que c'en deviendrait un sujet de plaisanterie courant parmi ses assistants. Choisissez votre camp.