«Leur botter le cul!»: J.D. Vance prépare l’après-Trump
Il le désire très fort et va passer le reste du dernier mandat de son patron à se donner les moyens de son ambition. J.D. Vance, président des Etats-Unis en 2028? Dimanche, la veuve de Charlie Kirk, fondateur du mouvement conservateur Turning Point USA assassiné en septembre, a osé aller un poil plus vite que la musique:
L’assurance d’Erika Kirk et la présence, dimanche, du vice-président américain au rassemblement annuel de Turning Point USA ont la même origine, à savoir la montée en puissance du mouvement depuis la mort de son gourou. C’est elle qui le dit, mais il s’agit de prendre ce chiffre au sérieux: 140 000 jeunes Américains, engoncés dans la foi chrétienne, auraient intégré l’organisation ces trois derniers mois.
De quoi offrir un nouveau souffle et, qui sait, un nouveau visage à la maison-mère MAGA, qui s’entredéchire depuis de longues semaines.
J.D. Vance n’est pas fou et même plutôt malin. Tout en injectant une idéologie inédite et personnelle à l’héritage du trumpisme, l’ancien sénateur ne fait pas (encore) l’erreur de se désolidariser de papa Donald. C’est à la fois trop tôt et trop attendu. Au contraire, le voilà en train de rassembler les fidèles, en minimisant la lutte fratricide qui se joue à ses pieds et en soutenant notamment sa politique migratoire.
Alors que plusieurs figures de proue du mouvement ont tenu à condamner les élans «extrémistes», le vice-président s’est avancé en leader d’une coalition «ouverte à tous, tant qu’ils aiment l’Amérique».
Une expression fourre-tout, qui se montre bien pratique lorsqu’il faut trouver un emballage sexy au «catholicisme martial et réactionnaire», comme le qualifie New York Times, dont J.D. Vance se revendique aujourd’hui, mais qu’il a pourtant rejoint sur le tard. Avec un ennemi en ligne de mire, le même que Trump: l’extrême gauche, tenue pour responsable du décès de Charlie Kirk: «Si vous le regrettez, promettez-vous de vous battre pour ce pour quoi il est mort? Promettez-vous de reprendre le pays à ceux qui lui ont ôté la vie?».
A 41 ans, et après avoir bruyamment détesté Donald Trump, J.D. Vance est en mission pour combler les lacunes d’un mouvement MAGA qui semble avoir toutes les peines du monde à se projeter sans son fondateur. L’assassinat du fondateur de Turning Point USA, dont il a accompagné les adieux de très près, tel un grand frère bien décidé à le venger, lui a ouvert une voie royale vers le soutien d’une jeunesse conservatrice tournée vers Dieu.
Et le vice-président a compris que sa première mission est de parvenir à juguler la guerre idéologique qui lacère le mouvement.
«Je sais que certains d'entre vous sont découragés par les luttes intestines sur de nombreux sujets. Ne vous découragez pas», a tenté d’insuffler Vance, cette nuit. Tout le week-end, la conférence annuelle de Turning Point USA, baptisée AmericaFest, a vu quantité de leaders conservateurs grimper sur l’estrade pour régler leurs comptes en interne.
Vivek Ramaswamy, ancien prétendant à la présidence des Etats-Unis, désormais candidat au poste de gouverneur de l'Ohio, a parfaitement résumé se qui oppose aujourd’hui les apôtres MAGA.
D’un côté, on retrouve un Tucker Carlson disposé à donner de la visibilité, dans son podcast, au jeune suprémaciste blanc Nick Fuentes. De l’autre, des puissants commentateurs comme Ben Shapiro qui tirent la sonnette d’alarme: «Le mouvement conservateur est en grand danger, notamment à cause de certains charlatans qui prétendent parler au nom de nos principes, mais qui, en réalité, se livrent à des théories du complot et à la malhonnêteté».
Pour Mike Johnson, speaker de la Chambre des représentants, lui aussi présent ce week-end à Phoenix, ce fut l’occasion d’incarner son rôle d’arbitre en qualifiant ces dissensions de «bataille épique et loyale qui déterminera véritablement l'avenir de notre grande république».
Même Trump Jr. y a donné de la voix, pour tenter de calmer la progéniture MAGA.
Au sommet de ce brouhaha, J.D. Vance. Conscient qu’il n’a aucun intérêt personnel à distribuer les bons et les mauvais points, le vice-président a rappelé une échéance qui s’annonce délicate pour le parti républicain, face aux récentes petites victoires des démocrates: «On va leur botter le cul en novembre prochain».
Ça reste à prouver.
