Il y a six semaines, Donald Trump a lancé la campagne qui devrait le propulser de nouveau à la Maison-Blanche l'année prochaine. Il y a toutefois une différence majeure par rapport à sa première campagne présidentielle de 2016: Trump a un problème de financement, comme le rapporte le journal britannique The guardian.
De l'extérieur, pourtant, le trésor de Trump peut paraître imposant: 95 millions de dollars présents sur ses comptes de campagne et ses «Political action committees» (Pacs), les lobbies qui l'aident à récolter des voix. C'est nettement plus que ce que la plupart des autres candidats républicains peuvent présenter. L'analyse du Guardian indique toutefois que cela ne devrait pas l'aider dans la course à l'investiture.
Car, pour différentes raisons légales, Donald Trump ne peut pas utiliser directement 78 des 95 millions de dollars prévus pour ses activités de campagne. Ce qui lui laisse moins de 20% des fonds disponibles pour les événements de la campagne, les assistants à plein temps et d'autres dépenses essentielles.
Pourquoi? Aux Etats-Unis, les moyens financiers ne peuvent pas être donnés directement à un candidat, mais à une organisation politique uniquement. Dans une interview accordée à la chaîne Fox News, Trump avait déjà estimé en août 2021 que «les lois sur le financement des campagnes sont extrêmement compliquées et incroyablement stupides».
Tout porte à croire que d'importantes sources de revenus passées se sont entre-temps taries. Le républicain a toujours la capacité d'obtenir de l'argent de ses partisans. Mais il est sur la pente descendante et la question est de savoir combien de temps cela va durer. Certains l'assurent:
Il n'empêche: ces petits donateurs fidèles sont en diminution. Ce sont justement les prélèvements permanents pour de petites sommes, qui avaient donné des ailes aux campagnes précédentes, qui semblent de plus en plus faire défaut. Et surtout, les gros donateurs commencent à lui tourner le dos.
En outre, le candidat républicain le plus en vue a perdu plusieurs gros donateurs de haut niveau. Parmi eux, les milliardaires les plus généreux de sa campagne en 2016, Robert et Rebekah Mercer, comme le rapporte la chaîne d'information américaine CNBC. Le couple a préféré soutenir le rival de Trump au sein du parti, le gouverneur de Floride Ron DeSantis.
Le gestionnaire de fonds spéculatif Ken Griffin, qui avait encore aidé Trump lors des midterms de décembre dernier avec 67 millions, mise désormais lui aussi sur son concurrent. En septembre 2022 déjà, il avait laissé entendre qu'il était sur le point de changer d'avis, lors du forum de la nouvelle économie de l'agence de presse Bloomberg.
Le CEO de Blackstone, Stephen Schwarzman, qui avait encore récemment injecté 34 millions dans la campagne électorale de Trump, s'est exprimé dans le même sens.
Parallèlement, la commission électorale fédérale a les yeux rivés sur la gestion financière de l'ex-président: une organisation de surveillance du financement des campagnes électorales l'y a dénoncé pour avoir enfreint plusieurs règles.
La situation difficile de sa campagne électorale pourrait expliquer un possible transfert illégal des fonds de ses lobbies affiliés. Actuellement, les dépenses dépassent largement les recettes.
Durant son mandat de président, Trump avait pourtant réussi à récolter des sommes époustouflantes grâce à des appels aux dons.
Il a ainsi récolté 882 millions de dollars rien que pour sa campagne électorale de 2020 et a reçu 500 millions de dollars supplémentaires de la part de sympathisants jusqu'aux midterms de décembre 2022.
Il ne devrait cependant pas rester grand-chose de cet argent. Les frais de Trump pour sa propre défense dans plusieurs procès, pour le designer personnel de son épouse Melania ainsi que pour le soutien aux émeutiers du 6 janvier ont dû fortement réduire ses économies.