Donald Trump n'en finit pas de faire parler de lui, même deux ans après avoir été vaincu par Joe Biden. Les Etats-Unis sortent à peine des élections de mi-mandat, qui ont eu lieu en novembre, que le monde parle des prochaines élections présidentielles. Qui représentera les républicains le 5 novembre 2024?
Plusieurs sondages ont été réalisés ces derniers temps. L'un d'entre eux, paru mardi, a été disséqué par The Guardian et USA Today. La Suffolk University, basée à Boston, a interrogé un panel de participants composé d'électeurs républicains et proches des républicains.
Le premier résultat donne le ton: le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, devance l'ex-président Donald Trump de 23 points.
Ce n'est pas le seul sondage à voir DeSantis l'emporter sur Trump. Le Wall Street Journal a publié mercredi un sondage qui donnait à DeSantis une avance de 14 points (52% contre 38%) sur Trump, dans une hypothétique campagne des primaires.
Le vent a-t-il tourné pour Donald Trump? Un sondage réalisé par la chaîne d'information CNN, 62% des républicains ont indiqué qu'ils voulaient un autre candidat que Trump en 2024.
D'autres études d'opinion donnent toutefois toujours Trump en tête. C'est le cas de l'institut Morning Consult. Trump y devance DeSantis de 18 points (49% contre 31%).
Dans tous les cas, la voie royale n'est pas tracée pour Trump et cela se ressent même auprès de lui. Selon The Guardian, qui a mis la main sur des messages confidentiels de l'entourage de Trump, une partie de celui-ci ne croit plus en sa victoire.
Ron DeSantis est le gouverneur de la Floride. La relation entre Trump et DeSantis est classique de l'ascension d'un jeune prodige politique qui prend le pas sur son aîné. Car Trump est en quelque sorte le mentor du Floridien.
Mais entre-temps, le jeune loup est devenu aussi populaire que son modèle politique. Et il commence à s'émanciper du mouvement «MAGA», l'aile dure trumpiste des républicains, qui commence sérieusement à battre de l'aile.
Comme Trump, il sait utiliser les crises pour en tirer un avantage populiste. Son atout par rapport à Trump? Il est plus jeune et surtout: on ne trouve aucun scandale dans son CV.
Dans un entretien précédent avec watson, l'expert américain Thomas Greven avait décrit DeSantis comme profilé sur dans le champ du «combat culturel». Et il y est très habile, comme on a pu le voir dans son bras de fer avec Disney sur les productions comprenant des personnages LGBT.
DeSantis a été un joueur de baseball de premier ordre, a étudié dans les universités d'élite de Harvard et de Yale et a servi comme officier dans l'US Navy. En Irak, il a été décoré d'une étoile de bronze pour «service méritoire», même s'il n'a vraisemblablement pas participé à des combats. Un point face à Trump qui a, lui, échappé au service militaire pour ne pas aller au Vietnam.
Selon Thomas Greven, DeSantis est beaucoup plus dangereux que l'original. Il a déclaré à ce propos:
En tant que gouverneur de Floride, DeSantis s'est surtout fait remarquer par quelques décisions politiques douteuses: il est par exemple à l'origine de la loi surnommé «Don't say gay» (Ne dites pas gay), qui interdit de mener des discussions sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre en classe. Il a également introduit une interdiction de l'avortement en Floride. La loi est si stricte qu'elle ne fait même pas d'exception en cas de viol ou d'inceste.
Le républicain n'est toutefois pas (encore?) candidat à la Maison-Blanche. Et actuellement, c'est au sujet d'une campagne contre les vaccins anti-Covid qu'il fait parler de lui:
Florida will hold the medical establishment accountable by:
— Ron DeSantis (@GovRonDeSantis) December 13, 2022
• Creating a grand jury to investigate mRNA shots & Big Pharma
• Investigating cardiac-related deaths tied to the mRNA vaccine
• Forming a Public Health Integrity Committee to oversee the medical establishment
Si Trump perd du soutien, il serait dangereux de croire que c'est toute son orientation politique qui est sur le déclin. Car son rival est issu du même sérail. Si Ron DeSantis est élu, il se fera défenseur d'une version quelque peu modifiée du trumpisme.
Le directeur du Suffolk University Politcal Research Center, David Paleologos, a déclaré à USA Today:
Comment cela s'explique-t-il? La raison pourrait être les nombreux scandales de Trump, mais aussi la perte de soutien d'une population plus modérée, qu'il avait pu rallier à sa cause auparavant, grâce à différentes promesses électorales.
Un exemple: un dîner avec Kanye West a suscité de nombreuses critiques. Le rappeur, qui se fait désormais appeler Ye, avait récemment déclaré dans un talk-show: «J'aime Hitler». Il demande aux juifs «d'aller de l'avant» et de «pardonner à Hitler». L'antisémitisme est peu à peu devenu une marque de fabrique pour le rappeur.
Si les républicains acceptaient jusqu'à récemment les dérapages de Trump, qu'en est-il des défaites électorales? Greven estime que Trump a encore un grand soutien au sein de sa base, mais que celui-ci s'amenuisait également. La raison? Ron DeSantis.
Tout cela ne signifie pas que l'ex-président ne pourrait pas retrouver sa place de candidat après les primaires républicaines.
Il y a d'abord le facteur temps: c'est un classique de la politique: le vent peut tourner rapidement. L'élection présidentielle américaine n'aura lieu qu'en novembre 2024. La présélection des républicains commencera en janvier 2024.
Les scores d'approbation des différents partis peuvent être sacrément instables. Il en va de même pour les taux d'approbation des candidats. Des circonstances extérieures, des scandales, un discours déplaisant et bien d'autres choses encore peuvent rapidement influencer les valeurs d'approbation, même au sein d'un parti.
Mais il y a un autre facteur dans l'équation Trump versus DeSantis: le grand nombre de concurrents. Et à ce petit jeu-là, c'est bien Trump qui pourrait tirer son épingle du jeu.
Tous sont loin d'avoir la cote de popularité de Trump ou de DeSantis. Mais si l'opposition interne au parti ne parvient pas à se mettre d'accord, les votes anti-Trump pourraient être scindés, finissant par favoriser celui-ci.
Et l'ex-président peut continuer à compter sur ses fans. Tant que ses partisans continuent de voter pour lui, cela pourrait finalement lui permettre de se présenter.