Certains l'appellent «OG». Un passionné de Dieu et d'armes à feu d'une vingtaine d'années, décrit comme «strict» et «charismatique», en soif de reconnaissance et de compagnie en pleine pandémie de Covid.
C'est également lui qui, selon des témoins contactés par le Washington Post, aurait partagé des documents classifiés du gouvernement, les désormais célèbres «Pentagon-Leaks», avec quelques compagnons sur internet. Des données ultrasensibles qui, depuis quelques jours, mettent la Maison Blanche dans un véritable pétrin diplomatique avec ses alliés du monde entier.
D'après les informations récoltées par nos confrères américains, OG serait l'administrateur de «Thug Shaker Central», une petite communauté en ligne fondée en 2020 et accessible uniquement sur invitation. Un véritable refuge pour ses quelque 25 membres, des adolescents passionnés de jeux vidéos et de matériel militaire, cloîtrés à la maison en pleine pandémie de Covid. Des jeunes coupés de leurs amis et du monde réel et, surtout, très influençables.
Entre deux échanges de mèmes, blagues, astuces de jeux, films et prières, l'influent chef de meute, qui prétend avoir accès aux secrets que le gouvernement américain cache aux citoyens ordinaires, livre à ses fidèles des conférences sur les affaires mondiales et des opérations gouvernementales secrètes. Son don quasiment prophétique à prévoir des événements majeurs avant qu'ils ne se produisent lui attire l'admiration de ses fidèles.
OG affirme tenir ses informations de la «base militaire» où il officie. S'il refuse de donner plus de précisions sur sa localisation, il précise à ses fidèles qu'il s'agit d'une installation sécurisée, où téléphones portables et autres appareils électroniques sont rigoureusement interdits. Certaines informations sont d'ailleurs «si sensibles» qu'elles sont estampillées «NOFORN» - signifiant qu'elles ne doivent pas être partagées avec des ressortissants étrangers.
Pour récupérer ces précieuses données, OG passe plus d'une heure par jour à les recopier, à la main, avant de les annoter et d'y ajouter ses propres explications, pour les mettre ensuite à disposition de sa communauté de «Thug Shaker Central».
D'après les récits de plusieurs membres au Washington Post, OG aurait ainsi eu accès à des rapports top secret sur les déplacements de dirigeants politiques de haut-rang, des mises à jour tactiques des forces militaires étrangères, des cartes détaillées des conditions des champs de bataille en Ukraine ou encore des images satellite hautement classifiées.
OG ne publierait pas ces données dans le but de nuire au gouvernement américain. Loin d'être un espion au service de la Russie ou de l'Ukraine, il s'agirait surtout pour lui «de frimer avec des amis, mais aussi de vouloir nous tenir informés», glisse un proche.
Fin 2022, OG change de tactique: plutôt que de recopier laborieusement les documents auxquels il a accès, il décide de les photographier et de les déposer sur son serveur, en misant sur la discrétion de ses membres pour ne pas les partager plus loin. C'est sans compter sur un petit malin, qui, en mars 2023, décide de contourner la directive du grand leader.
Il partage les images sur un autre serveur, les rendant accessibles à des millions d'utilisateurs. Le 5 avril, des documents classifiés sur la guerre en Ukraine sont publiés sur Telegram et la plate-forme de messagerie 4chan, avant de migrer vers Twitter.
Le lendemain, le 6 avril, peu de temps avant que le New York Times ne soit le premier à rapporter la fuite des Pentagon-Leaks, OG réalise l'ampleur de la catastrophe. «Frénétique», il entre dans le serveur.
Dans un ultime message à ses compagnons, OG, qui a désormais le FBI et le Pentagone sur le dos, exhorte à «se tenir discrets et à supprimer toute information susceptible de le concerner».
Selon les sources citées par le Post, tous les membres connaissent l'identité d'OG ainsi que l'Etat américain dans lequel il vit et travaille. S'ils se refusent pour l'instant à divulguer ces informations, la capture imminente d'OG ne fait aucun doute.
Un proche confie au quotidien américain craindre que leur ancien gourou ne soit emprisonné sans procédure régulière ou ne disparaisse dans un «site noir». S'il ne finit pas tout simplement «assassiné». (mbr)