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L'attaque de l'Iran contre Israël: les Américains vont réagir

In this image released by the White House, President Joe Biden, along with members of his national security team, receive an update on an ongoing airborne attack on Israel from Iran, as they meet in t ...
Éviter l'escalade : Le président américain Joe Biden avec ses conseillers en sécurité dans la «Situation Room» de la Maison Blanche.Image: keystone

Attaque de l'Iran contre Israël: Biden face à un dilemme crucial

L'attaque directe de l'Iran contre Israël pourrait non seulement plonger toute la région dans la guerre, mais aussi entraîner des bouleversements mondiaux. Joe Biden est confronté à l'une des décisions les plus difficiles de sa présidence.
14.04.2024, 11:0514.04.2024, 11:19
Bastian Brauns, washington
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t-online

La seule bonne nouvelle de ce samedi était qu'Israël, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et les autres alliés semblaient avoir été bien informés. Quelques jours auparavant, les avertissements des Américains concernant une frappe de l'Iran contre Israël se faisaient déjà plus concrets. Et quelques heures avant que ne parviennent à Washington les premières informations sur les centaines d'attaques de drones et de missiles iraniens, la Maison Blanche annonçait que le président américain interromprait prématurément ses vacances de week-end à Rehoboth Beach, dans l'Etat du Delaware tout proche.

Alors que les drones iraniens étaient encore dans les airs, Joe Biden atterrissait pour se rendre dans la «Situation Room», il y a rencontré ses principaux conseillers en sécurité. Etaient présents son ministre de la Défense Lloyd Austin, celui des Affaires étrangères Antony Blinken, mais aussi le chef de la CIA Bill Burns et son conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan. La vice-présidente Kamala Harris s'est jointe à la réunion par appel vidéo. La rencontre a duré deux heures.

La nuit même, l'équipe de sécurité de Biden a laissé filtrer des informations après son entretien téléphonique avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou:

«Le président américain continuera à travailler avec des partenaires dans la région pour éviter une nouvelle escalade»

Cela semble certes chiche comme déclaration, mais c'est bel et bien l'objectif numéro 1 de l'Administration américaine: éviter un embrasement généralisé dans un Proche-Orient politiquement hautement explosif et instable.

Car ce que le régime iranien a fait cette nuit pourrait déclencher une réaction en chaîne qui aurait des conséquences mondiales. Téhéran s'est certes efforcé d'étiqueter son attaque massive contre Israël comme «une réaction à l'agression du régime sioniste» contre ses propres «locaux diplomatiques à Damas», «l'affaire peut être considérée comme close», a fait savoir la représentation iranienne à l'ONU au public.

Mais cette action de représailles contre le territoire israélien, en partie dans des zones peuplées, comme Jérusalem, est si démesurée que même le gouvernement américain semble en être surpris.

Dans ce contexte, Israël comme les Etats-Unis ne peuvent pas se permettre de laisser passer cette attaque sans réponse. Mais Joe Biden et ses conseillers en sécurité doivent maintenant se creuser la tête pour savoir à quoi elle ressemblera cette réponse.

La pression politique sur Biden ne cesse de croître

La pression politique, tant en Israël qu'aux Etats-Unis, est extrêmement forte. Alors même que l'attaque iranienne et les efforts de défense massifs des Israéliens, des Britanniques et des Américains étaient encore en cours, le leader des républicains, Donald Trump, a diffusé une lecture simpliste de la situation au Proche-Orient.

«Cela ne serait jamais arrivé si j'avais été président»

Cette récupération politique trouve un écho favorable auprès des partisans de Trump. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que ce dernier utilise la rhétorique de l'homme fort providentiel. Il l'avait fait lorsque les troupes de Poutine ont lancé l'assaut contre l'Ukraine et lors de l'attaque terroriste du Hamas contre des civils israéliens. Mais même les républicains qui ont rompu depuis longtemps avec Trump, comme son ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton, considèrent que le gouvernement Biden est responsable de l'attaque iranienne.

Retournement de paradigme

D'ailleurs, cette vision du monde qui place Donald Trump en seul garant de la paix semble trouver écho auprès de la base du Parti républicain. Samedi soir, lors d'un meeting en Pennsylvanie, les partisans du candidat à la président ont scandé bruyamment «Génocide Joe, Génocide Joe».

C'est avec ce cri de ralliement que manifestent, depuis des mois, les adversaires du président contre la politique israélienne de l'Administration qui auraient, selon les détracteurs du gouvernement, conduit à des massacres de civils dans la bande de Gaza. Cette fois, les partisans de Trump se sont réappropriés le cri pour désormais critiquer le fait que Biden met Israël en danger avec sa politique. Trump semblait ravi de ce nouveau slogan. «Ils n'ont pas tort, ils n'ont pas tort», les a-t-il félicités depuis le podium.

La crainte d'un séisme géopolitique

Il n'aura échappé à personne que de nombreuses guerres et de conflits graves ont, en effet, éclaté sous la présidence de Joe Biden. Responsables ou non, les avertissements du gouvernement américain, qu'ils soient adressés à Poutine, au Hamas ou à l'Iran, sont restés lettres mortes. En pleine campagne électorale, Joe Biden et son équipe gouvernementale doivent craindre non seulement les guerres bien réelles et leur escalade, mais aussi une image publique qui fait paraître leur action faible.

Dans la nuit de Washington, le cabinet de sécurité de Biden s'est réuni une deuxième fois dans la «Situation Room». Bien qu'il ait été dit entre-temps que le président américain s'adresserait à la nation depuis son bureau ovale, rien ne s'est passé avant minuit. C'est au moins un indice que le gouvernement ne sait pas encore très bien comment réagir sur le plan rhétorique et quelles en seraient les conséquences.

epa11277475 A Marine is posted outside the West Wing entrance of the White House, indicating that President Biden is present, in Washington, DC, USA, 13 April 2024. President Biden has returned to Was ...
Lange Nacht im Weissen Haus: Ein US-Marine bewacht den Präsidenten vor dem Oval Office.Image: keystone

Les enjeux de politique intérieure et extérieure sont trop importants pour que des erreurs soient commises. Les protestations massives, aux Etats-Unis et dans le monde, contre la situation humanitaire dans la bande de Gaza pourraient alors n'être qu'un avant-goût. Si les alliés de l'Iran, les puissances nucléaires que sont la Corée du Nord, la Russie et peut-être aussi la Chine, devaient entrer en scène au Proche-Orient suite à une réaction américaine, les conséquences seraient imprévisibles et difficilement contrôlables. Un tremblement de terre géopolitique est à craindre.

Dans un premier temps, le soutien

Dans ce contexte tendu, la première déclaration de la Maison Blanche a été la suivante: «Notre soutien à la sécurité d'Israël est inébranlable. Les Etats-Unis se tiendront aux côtés du peuple israélien et l'aideront à se défendre contre ces menaces iraniennes». Le gouvernement israélien a commenté sur X en s'adressant directement au président américain: «Merci beaucoup Potus pour votre engagement indéfectible. Le peuple d'Israël n'a pas d'ami plus grand que les Etats-Unis».

Quant à savoir quelle forme prendra ce soutien, cela reste justement très flou pour l'instant. Face à l'attaque inattendue et massive contre Israël, Joe Biden est confronté à la décision la plus difficile de sa présidence. Il marche sur des œufs. Une réaction pourrait donc encore se faire attendre un peu. Mais qu'il y en aura une, cela ne fait aucun doute à Washington.

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