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Pourquoi les fabricants d'armes américains sont sous pression

Pourquoi les fabricants d'armes américains sont sous pression

L'industrie de l'armement mondiale est en plein boom. En cause? L'investissement en masse des gouvernements dans du nouveau matériel de guerre. Mais un coup d'œil sur les chiffres montre que ce commerce n'est pas toujours très rentable.
05.05.2024, 18:53
Renzo Ruf, Washington / ch media
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Les dépenses en armement connaissent une croissance exponentielle à l'échelle mondiale. Selon les estimations de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, plus de 2440 milliards de dollars ont été alloués aux armes, aux forces armées et à l'assistance militaire en 2023. Cela représente une augmentation de 6,8 % par rapport à l'année précédente, marquant ainsi la plus forte hausse enregistrée au cours des 15 dernières années, selon les chercheurs suédois spécialisés dans les questions de paix.

Les grandes entreprises d'armement tirent également profit de cette situation. Cependant, alors que les actions de sociétés telles qu'Aselsan (Turquie), Rheinmetall (Allemagne) ou Hanwha Aerospace (Corée du Sud) ont considérablement augmenté au cours des deux dernières années et demie, les cours des principaux fabricants d'armes américains stagnent. L'indice S&P Aerospace & Defense Select Industry n'a progressé que de 16 % depuis le début de l'année 2022.

C'est d'autant plus étonnant que les dépenses américaines en matière d'armement augmentent considérablement et que les carnets de commandes des entreprises du secteur sont pleins. Aucun autre pays ne consacre autant d'argent à son armée que la plus grande économie du monde. Selon les chercheurs suédois, les dépenses américaines se sont élevées à 916 milliards de dollars l'année dernière. A titre de comparaison, le budget d'armement de la Suisse s'élevait à environ 6,3 milliards de dollars en 2023.

C'est également pour cette raison que les rumeurs sur le rôle prétendument central du «complexe militaro-industriel» aux Etats-Unis ne cessent de circuler dans la capitale américaine.

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Un examen plus attentif des derniers chiffres trimestriels de cinq grandes entreprises américaines de défense révèle les problèmes auxquels elles sont confrontées. Tout d'abord, il s'agit souvent de conglomérats qui ont grandi grâce à des fusions et acquisitions. Chez Boeing, par exemple, les dysfonctionnements de la division «avions commerciaux» (notamment liés au Boeing 737 Max) occultent les bons résultats des autres divisions du géant.

Concrètement, lors de la présentation des résultats financiers du premier trimestre par Boeing mercredi dernier, les pertes de la division aéronautique ont été largement médiatisées. Pourtant, la division «Defense, Space & Security», qui fabrique également des équipements militaires tels que l'avion de combat F/A-18, reste rentable. Au premier trimestre, le chiffre d'affaires a augmenté de 6% pour atteindre près de 7 milliards de dollars, aboutissant à un bénéfice net de 151 millions de dollars.

Plus de commandes, plus de coûts

La deuxième raison pour laquelle les groupes d'armement américains s'en sortent moins bien en bourse par rapport à leurs concurrents étrangers réside dans leur lutte contre les aspects négatifs du boom actuel des commandes. Une industrie qui, par le passé, opérait plutôt avec une certaine lourdeur est maintenant soudainement contrainte de stimuler la production. Les coûts augmentent donc, notamment en raison des problèmes de chaîne d'approvisionnement auxquels sont confrontées les entreprises concernées, ainsi que des difficultés à recruter du personnel qualifié.

C'est ce que l'on peut lire dans le rapport trimestriel du groupe de défense RTX (anciennement Raytheon): dans la branche Pratt & Whitney, qui fabrique par exemple le moteur de l'avion de combat F-35, le «volume militaire plus élevé» aurait été «plus que compensé» par l'augmentation des dépenses de développement et des frais administratifs. En clair, les recettes ne suivent pas les dépenses.

Les observateurs du secteur anticipent une amélioration des résultats des groupes d'armement américains dans les années à venir. Jim Taiclet, directeur général de Lockheed Martin depuis quatre ans, a affirmé la semaine dernière être «confiant» pour l'année 2025, notamment grâce à l'augmentation des dépenses d'armement décidée à Washington. L'entreprise poursuivra son expansion. Lockheed Martin ne se contente pas de produire l'avion de combat F-35, mais fabrique également le lanceur de missiles Himars, utilisé en Ukraine

Un missile explose juste derrière le journaliste de «Quotidien»
Video: watson
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