L'Ukraine peut enfin souffler. L'imposant paquet d'aide militaire que Washington avait promis à Kiev vient d'être approuvé par le parlement américain, après de mois d'intenses négociations et de querelles partisanes.
Concrètement, Kiev va recevoir des armes et des équipements pour une valeur totale de 61 milliards de dollars. Une aide qui devrait reprendre immédiatement: Joe Biden a promis que le matériel serait livré à l'Ukraine déjà à partir de «cette semaine».
Kiev en a sûrement un grand besoin. Depuis plusieurs semaines, le pays est en très mauvaise posture sur le champ de bataille. Les Russes s'en prennent à son infrastructure énergétique et, surtout, multiplient les assauts mécanisés. Les forces ukrainiennes, confrontées à une importante pénurie de munitions, peinent à leur résister efficacement.
«La Russie nous dépasse largement en nombre de tirs d'artillerie quotidiens», a admis le ministre de la Défense ukrainien, Roustem Oumierov, cité par Politico.
En début de mois, le New York Times rapportait que les forces ukrainiennes étaient sur le point d'épuiser certains types de munitions, dont notamment les obus explosifs nécessaires pour repousser les assauts mécanisés.
Le paquet d'aide américain prévoit de consacrer cinq milliards de dollars aux munitions, alors que deux autres milliards seront mis à disposition pour acquérir des missiles. Mais est-ce que cela va suffire?
Oui et non. La plupart des spécialistes estiment que, si cette aide revêt une importance vitale pour Kiev, elle ne suffira pas à inverser la tendance en faveur de l'Ukraine. «Elle offre à l'Ukraine la possibilité de rester dans la guerre cette année», résume le professeur britannique Michael Clarke auprès de l'Associated Press.
Julien Grand, rédacteur en chef adjoint de la Revue militaire suisse, partage le même avis. «Si l'Ukraine obtient tout ce qu'elle demande, elle pourrait stabiliser le front et réaliser quelques gains territoriaux limités», expliquait-il à watson dans une interview diffusée il y a deux semaines.
«Pour ce faire, Kiev aurait besoin de mobiliser 20 à 25 000 hommes», poursuivait-il. «Et cela est très compliqué, même si elle dispose du matériel nécessaire».
Ainsi, Kiev pourrait tout au plus commencer à préparer des opérations pour 2025, ajoute Matthew Savill, du centre de réflexion RUSI, toujours dans les colonnes de l'Associated Press.
Dans le meilleur des cas, détaille-t-il, l'aide américaine donnera aux commandants le temps de réorganiser et d'entraîner l'armée ukrainienne. Ils pourront alors appliquer les leçons tirées de l'échec de l'offensive de l'été 2023.
Il n'est même pas sûr que ces armes arrivent rapidement à destination. Selon le député ukrainien Vadym Ivchenko, les livraisons pourraient être retardées de deux ou trois mois, et mettre encore plus de temps à atteindre la ligne de contact. En cause, selon lui, des difficultés logistiques et la bureaucratie.
L'aide américaine ne va non plus résoudre un autre problème de taille qui menace l'armée ukrainienne: le manque de soldats. L'âge moyen au sein de l'armée a dépassé désormais les 40 ans.
L'Ukraine a certes reçoit une aide très importante, résume l'Associated Press. Mais le chemin à parcourir pour repousser la Russie est encore long. (asi)