Les partisans de Donald Trump ont réagi avec une grande indignation au dernier revirement du président américain dans la guerre en Ukraine. Sur le réseau social X, peu après que Trump a annoncé dans la nuit de lundi à mardi qu'il approuverait de nouvelles livraisons d'armes à Kiev, Derrick Evans a écrit:
Evans est un fan inconditionnel de Trump: le 6 janvier 2021, ce responsable local républicain a pris d'assaut le Capitole à Washington pour empêcher la destitution du président de l'époque.
Trump a justifié sa décision par les attaques continues des forces russes. Il a par ailleurs déclaré à propos de l'Ukraine qu'elle a surtout besoin d'armes défensives:
Trump a annoncé ce changement de cap lors d'un dîner officiel avec le premier ministre israélien Netanyahou. A ses côtés se trouvait Pete Hegseth, le secrétaire à la Défense américain, qui avait décidé la semaine précédente la suspension temporaire des livraisons d'armes.
Hegseth avait justifié l'arrêt par l'épuisement des stocks d'armes américains. Son conseiller Elbridge Colby met depuis longtemps en garde contre une mauvaise préparation des Etats-Unis à un éventuel conflit, soulignant que la guerre en Ukraine détourne l'attention du risque imminent d'affrontement entre les grandes puissances américaine et chinoise.
Cependant, le chef du Pentagone n'a pas informé le président de cette décision. En effet, Trump a affirmé, la semaine dernière, lors d'un appel téléphonique avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky qu'il n'était pas responsable de l'arrêt des livraisons d'armes. Il a expliqué avoir seulement ordonné un contrôle des stocks de munitions du Pentagone après la coûteuse attaque américaine contre l'Iran.
Mais la décision de suspendre temporairement les livraisons d'armes à l'Ukraine ne venait pas de lui, aurait assuré Trump à son homologue ukrainien, selon le Wall Street Journal.
Le fait que tout cela ait été révélé a posteriori laisse entendre qu'un certain mécontentement règne à la Maison-Blanche à l'égard de Hegseth. C'est peut-être aussi un aveu implicite des conseillers du président que Marco Rubio, qui cumule les fonctions de ministre des Affaires étrangères et de conseiller à la sécurité nationale, a perdu le contrôle de la situation.
On ne sait toutefois pas encore si la reprise des livraisons d'armes à l'Ukraine marque un véritable changement de cap dans la politique vis-à-vis de la Russie du président américain. Ces derniers temps, Trump s'est montré critique à l'égard du maître du Kremlin, Vladimir Poutine, qui parlerait de paix tout en ordonnant des attaques de drones contre l'Ukraine.
«Je ne suis pas content» des frappes continues, a-t-il déclaré lundi, ajoutant être «franchement déçu» par Poutine. Ces déclarations faisaient suite à un entretien téléphonique entre les deux présidents la semaine précédente.
Ce n'est pas la première fois que le président américain critique son homologue à Moscou. Il a même déjà affirmé publiquement que Poutine avait complètement perdu la raison. En général, toutefois, ces périodes de tensions bilatérales ne durent pas très longtemps: jusqu'ici, Poutine est toujours parvenu à apaiser Trump.
Cela tient peut-être aussi au fait que le président américain dépend en partie de Poutine. Durant la campagne électorale de l'année dernière, Trump avait promis de mettre fin à la guerre en Ukraine dès le premier jour de sa présidence. Ce n'est toujours pas le cas.
Traduit et adapté par Noëline Flippe