International
ukraine

Zelensky pourrait briser une promesse cruciale après la guerre

Zelensky pourrait briser une promesse cruciale après la guerre

En Ukraine, on commence à réfléchir à l'après-guerre. Après son élection, le président a promis de ne pas se représenter. Mais son entourage pourrait le pousser à changer d'avis.
02.11.2025, 07:0402.11.2025, 07:04
Denis Trubetskoy, Kiev / ch media

Lorsque Volodymyr Zelensky a remporté brillamment l'élection présidentielle de 2019, il a fait une promesse aux Ukrainiens: il ne briguerait qu'un seul mandat. Il voulait réaliser tous ses projets au cours des cinq premières années, point final.

La guerre russo-ukrainienne et la suspension constitutionnelle des élections ont prolongé le mandat de Zelensky d'un an et demi. Déjà avant l'attaque russe de février 2022, certaines voix de son entourage ne voulaient pas exclure une nouvelle candidature. Et bien que la fin de la guerre ne soit pas en vue, la question de l'avenir de sa présidence se pose, compte tenu de son parcours historique.

Un président toujours apprécié

Dans une interview accordée à Axios fin septembre, le président ukrainien a de nouveau souligné que, si la guerre avec la Russie prenait fin, il serait prêt à renoncer à un second mandat. Une étude publiée récemment par le réputé Institut de sociologie de Kiev montre que c'est exactement ce qu'il devrait faire.

La confiance envers Zelensky en tant que garant d'une démocratie ukrainienne dynamique reste supérieure à 60%, soit un niveau solide, elle a même légèrement augmenté de deux points par rapport à l'été. Cependant, seuls 25% souhaitent que Zelensky reste à la tête de l'Etat après la guerre. 18% des sondés ne verraient simplement pas d'inconvénient à ce qu'il continue à faire de la politique.

Un bilan mitigé avant l'attaque russe

Le bilan de Volodymyr Zelensky en tant que président en «semi-paix» (car la guerre faisait déjà rage dans le Donbass en 2019, et l'Ukraine subissait une pression russe massive après l'annexion de la Crimée) est mitigé. Alors qu'après son élection, 80% des Ukrainiens avaient confiance en lui, peu avant l'attaque russe, 57% étaient insatisfaits de sa présidence.

Zelensky n'avait guère de réalisations à son actif, et il paraissait peu sûr de lui dans son rôle. Pourtant, son parti, formé à la hâte, disposait au Parlement d'une majorité absolue, une situation unique dans l'histoire de l'Ukraine.

«Je ne resterai président de l'Ukraine que pendant cinq ans», a promis Volodymyr Zelensky après sa victoire surprise aux élections de 2019.
«Je ne resterai président de l'Ukraine que pendant cinq ans», a promis Volodymyr Zelensky après sa victoire surprise aux élections de 2019.Image: EPA

Il faut cependant reconnaître qu'il est dans la nature de la culture politique ukrainienne que le taux d'approbation de chaque chef d'Etat chute très rapidement. Depuis l'indépendance, un seul président a été réélu.

L'invasion de Poutine a marqué un tournant

La grande transformation de Zelensky a commencé le 24 février 2022. Le «simple garçon» de la ville industrialisée de Kryvyï Rih n'a pas été intimidé par Moscou, et son attitude courageuse a largement contribué à ce que l'Ukraine existe encore en tant qu'Etat indépendant. Cependant, un bon président de guerre n'est pas automatiquement un bon président de paix.

Même ses opposants ne contestent pas le fait que Zelensky doive rester au pouvoir jusqu'à la fin de la guerre. Cela s'est également vérifié cet été, lorsque de nouvelles manifestations importantes ont éclaté en Ukraine, les premières depuis 2022, à la suite de la très controversée et rapidement annulée réforme des organes anticorruption. Les manifestants ne remettaient pas en cause le rôle de Zelensky en tant que président.

Pour l'après-guerre, qui se terminera probablement par des compromis douloureux du côté de Kiev, le pays a cependant un besoin urgent de renouveau. Déjà, dans le quartier gouvernemental, on confie à voix basse: tout le monde est fatigué et épuisé par la guerre, en premier lieu le président lui-même. Dans le cas de Zelensky, s'ajoute le fait que son modèle de gouvernance ne pourrait plus fonctionner après un cessez-le-feu.

Actuellement, grâce à sa majorité parlementaire et au droit de guerre, il dispose de pouvoirs qu'il ne retrouvera jamais. Il est extrêmement improbable que son parti obtienne à nouveau la majorité absolue au Parlement lors de nouvelles élections.

Excellent travail: la Première dame Olena Zelenska est très respectée en Ukraine. Ici, lors d'une visite à Oslo.
La Première dame Olena Zelenska est très respectée en Ukraine. Ici, lors d'une visite à Oslo.Image: Javad Parsa / EPA

Une grande inconnue

Mais il y a une grande inconnue: son entourage le plus proche (autour du puissant chef de cabinet Andrij Yermak) semble voir les choses tout autrement. Les «cinq ou six managers», comme Zelensky appelle les membres de son équipe la plus restreinte, n’ont aucun avenir politique sans lui.

Il y a donc à craindre que Zelensky soit poussé à une seconde candidature, avec un résultat électoral incertain, que ce soit face au populaire ancien chef de l'armée Valeri Zaloujny ou à une toute nouvelle figure. Zelensky déclarait en 2022 à propos de ses souhaits personnels après la guerre:

«Je veux d'abord aller à la mer et boire une bière»

Une perspective amplement méritée.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

La guerre en Ukraine en images
1 / 18
La guerre en Ukraine en images
Un bâtiment en flammes après un bombardement russe, Kiev.
partager sur Facebookpartager sur X
Comment l'Ukraine a capturé des soldats avec des drones terrestres
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
Avez-vous quelque chose à nous dire ?
Avez-vous une remarque ou avez-vous découvert une erreur ? Vous pouvez nous transmettre votre message via le formulaire.
0 Commentaires
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
On en sait plus sur les suspects du casse du Louvre
Le tribunal judiciaire de Paris ne chôme pas, ce samedi: des suspects arrêtés pour le cambriolage du Louvre passent devant les magistrats. On en sait plus sur trois d'entre eux — dont une femme.
La saga continue. Des défèrements de suspects — qui ont été interpellés mercredi dans le cadre de l'enquête sur le casse du Louvre — étaient en cours samedi devant des magistrats du tribunal judiciaire de Paris. Pour rappel, le butin a été estimé à 88 millions d'euros.
L’article